Communications aux colloques

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Contestataires et contestation au Vietnam : à la recherche d'un mode d'expression
Contestataires et contestation au Vietnam : à la recherche d'un mode d'expression


Communication faite au colloque organisé par Sciences Po/EHESS/MSH
Paris, 11 et 12 janvier 2001.
"Le Vietnam depuis 1945 : États, marges et constructions du passé"



Introduction


Cette question est jusqu'à présent peu étudiée malgré l'existence de sources en vietnamien relativement abondantes, surtout celles parues depuis une dizaine d'années dans la presse de la diaspora, ou d'autres sous forme de mémoires ou de récits. Pour nous, appréhender la contestation comme phénomène social et politique permet de mieux comprendre la société étudiée. Si la contestation ne peut, sans courir le risque de la répression, faire entendre sa voix que dans un régime qui respecte les règles élémentaires de la démocratie, elle peut alors servir d’instrument de mesure de la santé démocratique d’un pays. Parler de la contestation revient ainsi à identifier la nature du régime, lequel détermine en quelque sorte le mode d’expression et d’action toléré. L'issue de la contestation permettrait également de comprendre les obstacles et les blocages d'une société en lutte.
Impossible donc d'épuiser cette question en quelques dizaines de pages. Aussi, pour contourner cette difficulté, essaierons-nous de repérer dans un premier temps les moments clefs, les personnages marquants ou les groupes sociaux mobilisateurs avec leurs revendications, bref, de prendre quelques cas représentatifs qui fourniront de la matière à une analyse des méthodes, et des rapports au pouvoir de la société vietnamienne. C’est la raison pour laquelle, au lieu de me limiter au dernier quart du vingtième siècle (1975-2000) par exemple, je privilégie une plus longue période (1956-2000), - quitte à rappeler des choses connues -, mais avec l’avantage de permettre une vue d’ensemble et de réduire au mieux les erreurs de «parallaxe». Pour des raisons de cohérence méthodologique, la période 1954-1975 concernant la République du Vietnam ne sera pas traitée ici. Il faudrait consacrer une étude à part à ce sujet non moins riche d’événements et d’enseignements mais qui, bien sûr, ne reflète pas la même réalité, car le rapport au pouvoir en place n’était pas le même.
Par « contestataires » nous désignons des individus en révolte sans être membres d'un groupe quelconque identifiable. On verra que plusieurs contestataires peuvent manifester leurs revendications en même temps sans qu'ils soient membres d'un même groupe ou d'une association quelconque. Ce sont simplement des individus plus ou moins soutenus uniquement par leur réseau relationnel, car l'opposition qui suppose un minimum d'organisation et de membres actifs, et reconnue en tant que telle n'existe toujours pas. Sur un autre plan, on s'apercevra que leurs modes d'actions se limitent à des pétitions, des contributions aux débats lors des congrès du Parti, des diffusions de leurs réflexions sur la société, de leurs critiques et revendications jugées légitimes. Pas d'actions violentes donc, à part les révoltes de paysans de Thái Bình en 1997. Quant à la « contestation » nous voulons désigner par là un mouvement contestataire agissant d'une certaine ampleur, plus ou moins influent, qui fait connaître ses revendications, et cela sans être un groupe d'opposition formel. Le champ d'action des contestataires et/ou de la contestation peut être le culturel, le social, ou à un moindre degré le politique. Dernière mise au point : on s'apercevra au fur et à mesure des événements que le contexte historique et l'assise culturelle constituent des facteurs non négligeables, et qui parfois pèsent de tout leur poids sur le destin des individus en révolte, voire sur celui du pays dont ils sont les citoyens.








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