Échos d'un autre monde

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Le rendez-vous annuel de deux moines jaïns avec Krishnamurti

Le rendez-vous annuel de deux moines jaïns avec Krishnamurti






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Le rendez-vous annuel de deux moines jaïns avec Krishnamurti

Pendant des années il (Krishnamurti) a vu des quantité de gens. Des sannyasins [1], des moines bouddhistes, des siddhas [2], des yogis [3] errants, affluent vers lui, à la recherche de réponses ou de réconfort. Il ne refuse jamais de les recevoir. La vue d’une robe ocre ou safran éveille en lui une profonde compassion.

Au début des années 1970, deux moines jaïns [4] commencèrent à le visiter chaque année. Il fallait leur fixer un rendez-vous un an à l’avance, en précisant la date exacte, le lieu et l’heure, car pendant les Chaturmas, les quatre mois que dure la mousson, les moines ne voyageaient pas. Après la mousson, ils se mettaient en route et faisaient à pied sept cents kilomètres pour être à Bombay le jour fixé. L’un des deux souffrait d’une leucémie; l’autre était très jeune et avait des yeux magnifiques. Ils portaient devant la bouche un masque de coton blanc pour ne pas risquer de faire mal à un insecte en respirant. Ils ne savaient pas l’anglais, et je faisais l'interprète, en restant assise sur le seuil de la porte pendant qu’ils partageaient une natte avec Krishnaji [5] : la règle monastique leur interdisait de s’asseoir sur une natte à côté d’une femme. Ils poursuivaient une quête religieuse passionnée, mais malgré la vie ascétique qu’ils s’étaient imposée, la libération tant espérée ne venait pas. Une année, ces moines vêtus de blanc ne vinrent pas au rendez-vous, et on ne les revit jamais. Le prieur de leur ordre, sentant chez eux un esprit de rébellion, leur avait peut-être refusé la permission de revoir Krishnaji

Ce texte est extrait de :
Pupul Jayakar, Krishnamurti. Sa vie son oeuvre (titre original : Krishnamurti. A biography), traduit de l'anglais par Anne-Cécile Padoux), L'âge du verseau, 1989, p. 395.

Les notes sont de la rédaction du site.


Notes :

[1]. Moine errant au quatrième stade du brahmanisme orthodoxe.

[2]. Mot sanskrit qui signifie "parfait", "achevé" et qui s'applique, dans la mythologie brahmanique, à des êtres qui ont accédé au statut divin à la suite de prouesses héroïques (guerrières ou spirituelles). [...] Cf: siddha dans l'encyclopédie universalis

[3]. Pratiquants du yoga ayant atteint la libération, la compréhension totale de la vie, un état intérieur qui ne souffre d'aucun conflit, d'aucune division.

[4]. Le jaïnisme est une voie spirituelle qui remonte à la plus haute antiquité indienne. Les moines jaïns observent la non-violence, l'ascétisme, le non-attachement aux choses matérielles...

[5]. Ji, suffixe qu'on ajoute à un nom de personne (ici Krishna, diminutif de Krishnamurti) pour marquer le respect à son égard.



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