Michael C. Ruppert
Franchir le Rubicon. Le déclin de l'Empire américain à la fin de l'âge pétrole
Paris, Éditions Nouvelle Terre, 2 Tomes, 492 p. & 461 p.
11 septembre, la revanche de Michael Ruppert
Quelques mots sur l'auteur : dans les années 1970, Michael C. Ruppert travaillait comme agent de
police au sein du LAPD (Los Angeles Police Departement). Témoin d'opérations de trafic de drogue
et d'armes impliquant la CIA, il rapporta ce qu'il avait vu à ses supérieurs qui le traitèrent de fou.
Menacé de mort, il fut forcé à démissionner, sacrifié sur l'autel de la "sécurité nationale" (le rapport de la
CIA sur son affaire est toujours classé et interdit de divulgation malgré sa demande qui invoque
le « Freedom of information Act » (loi sur le libre accès à l'information).
Sa vie fut brisée, néanmoins il continua à mener des enquêtes puis à écrire des articles de journaux.
Son site internet
From The Wilderness (en direct
de la jungle) connut petit à petit un succès : à l'heure actuelle plusieurs dizaines de parlementaires
États-Uniens, des professionnels, des amis de par le monde entier sont abonnés à
La Lettre
d'informations du site, 16.000 abonnés d'après la quatrième de couverture du livre.
Encouragé par des amis et surtout des chercheurs qui quotidiennement inondaient par centaines
sa boîte de courriers électroniques, Michael C. Ruppert se mit à enquêter sur le 11 septembre avec
toute la rigueur d'un flic honnête qu'il était, guidé par des exigences éthiques, avant de faire de
nombreuses conférences aux États-Unis.
Franchir le Rubicon est le fruit de ses enquêtes de plusieurs
années. Cet ouvrage dépasse bien entndu le cadre du 11 septembre qui, certes, y tient une place
prédominante, puisque le sous-titre est
Le déclin de l'Empire américain à la fin de l'âge pétrole
La préface est signée Catherine Austin Fitts, une figure majeure du monde politique états-unien,
mais aussi une victime de l'oligarchie, qui raconte en passant son calvaire après avoir créé une
banque d'affaires indépendante et mis au point un logiciel expliquant le circuit de l'argent à toutes
personnes désireuses de comprendre où va l'argent public. Dans cette préface, elle encourage et
appelle les lecteurs à soutenir l'auteur dans sa recherche de la vérité, contrairement aux grands
médias qui se font complices du pouvoir.
Dans cet ouvrage en 2 tomes (un millier de pages), Michael Ruppert a délibérément choisi de ne pas
aborder certains aspects, par exemple tout ce qui touche à l'attentat du Pentagone, en se justifiant que
cela ne mènerait nulle part si on s'attaquait uniquement aux preuves matérielles qui peuvent jouer
de drôles de tours aux enquêteurs. "Ce livre ne traite pas de ce que je crois mais de ce qui peut être
prouvé" (p. 65-I ). Bien sûr il connaît l'hypothèse de Thierry Meyssan
(cf. Le Pentagate ), à qui il semble reprocher d'avoir accordé trop
d'importance aux preuves matérielles qui sont encore contestables, et le fait que Thierry Meyssan
ne soit jamais allé à Washington pour enquêter.
Le livre de Michael Ruppert est une véritable enquête aussi sérieuse que riche de révélations qui
familiarisent du coup les lecteurs hors des États-Unis avec le microcosme de leur vie politique et
de leurs institutions. Les nombreuses notes de bas de pages renvoient à des sources aussi riches
que dignes de confiance, l'ouvrage est de plus agrémenté d'un index, outil fort appréciable pour
la recherche, c'est ce qui manque cruellement aux autres ouvrages traitant le 11 septembre.
Le principal arrière-plan du livre est construit autour de la théorie du pic du pétrole
à laquelle l'auteur semble adhérer complètement. En 2003, il est passé par Paris pour assister à la
Conférence internationale organisée par l'Association pour l'étude des pics de production de pétrole
et de gaz naturel.
Dans ce décor dont le pétrole est la toile de fond, le 11 septembre ne constitue qu'un des actes de la
politique énergétique des dirigeants états-uniens issus du rang des néo-conservateurs. L'auteur nous rappelle
en passant que le plan d'envahir l'Irak a été élaboré avant le 11 septembre par le noyau dur du PNAC
(Project for a New America Century, Projet pour un nouveau siècle américain) [p. 381-382-I]. Juste après la
prise de fonctions de George W. Bush, une réunion ultra-secrète a eu lieu à la Maison blanche sur la question
énergétique, le groupe de travail constitué et intitulé US National Energy Policy Development Group
(Groupe d'Application de la Politique Énergétique Nationale) a été dirigé par le vice-président Richard Cheney.
Quand l'information sur cette réunion a filtré, différents acteurs de la vie politique états-unienne et des
contestataires de la version officielle sur le 11 septembre ont entamé des procédures pour pouvoir accéder
au compte rendu de ces travaux. Malgré l'invocation de la "
Freedom for informations Act", l'association
Judicial watch, une officine des Républicains, n'a pas réussi à obtenir gain de cause, elle s'est consolée avec
les quelques feuillets que l'Administration a bien voulu lui communiquer :
- - une carte détaillée des gisements de pétrole irakien (11% de la réserve mondiale);
- - une liste de toutes les nations ayant des contrats-projets avec l'Irak ;
- - une carte détaillée de tous les gisements de pétrole saoudien (25% de la réserve mondiale), etc. (p. 69)
Bref, l'auteur affirme que « les secrets les plus noirs et les plus profonds du 11 septembre étaient
enfouis dans les archives du NEPDG » (p. 67-I). À titre anecdotique, à la veille du verdict de la
Cour Suprême qui devait prononcer sur la plainte déposée par le
Governement Accounting Office
(GAO, l'équivalent de la Cour des Comptes) pour entraves à l'accès à l'information concernant le
rapport du NEPDG, le vice-président Richard Cheney s'est senti obligé d'inviter le président de
cette même Cour, le juge Antonin Scalia, à faire une partie de chasse tous frais payés, et sous la
protection des Services Secrets. Quand le verdict tomba, le public apprit que la Cour Suprême
refusait de déclassifier lesdits documents. Le poids du juge Scalia a sans doute pesé dans cette
décision, soupçonne Michael Ruppert (p. 69), mais le magistrat refusa de se récuser pour motif de
conflits d'intérêts dans cette affaire (du NEPDG).
Cette obsession du pétrole ne date pas de l'ère de Bush mais remonte à Nixon (qui a dû faire face
au premier choc pétrolier, en fait c'était le pic pétrolier au niveau des États-Unis) et Carter dont le
conseiller à la sécurité nationale était le mastodonte de la politique étrangère états-unienne
Zbigniew Brzezinski. Michael Ruppert se réfère fréquemment au
Grand échiquier, ouvrage de
géopolitique de ce dernier publié en 1997, dans lequel on peut voir écrite noir sur blanc la stratégie
états-unienne en cas de rareté du pétrole pour satisfaire sa propre consommation. Cette stratégie
devrait passer par l'occupation du Moyen-Orient, des Balkans et, au-delà, de l'Eurasie qui représente
déjà au niveau mondial 75% de la population et 60% du PIB, sans parler d'une énorme concentration
de réserves de gaz naturel et de pétrole. Mais pour se hisser au rang de maître du monde, il faudrait
que les États-Unis neutralisent toute puissance rivale (en l'occurrence la Russie) ou toute nation
qui pourrait dans l'avenir devenir une puissance qui contesterait leur leadership, la Chine par exemple
(p. 135-137). Cette ambition impérialiste planétaire n'hésite pas à semer la haine en imprimant
dans la période 1984-1994 des manuels destinés aux écoliers afghans dans lesquels on trouve des
leçons de militantisme islamique ou la façon d'apprendre à compter avec des images de chars
russes (p. 139-I).
Cette volonté états-unienne de rester et de perdurer dans la région peut être vérifiée facilement
en superposant deux cartes, celle du trajet prévu pour l'oléoduc qui doit rejoindre l'Oéan indien, et
celle des bases militaires états-uniennes crées depuis le conflit afghan (p. 159-I) ; l'occupation de
l'Irak ne fait que confirmer cette mainmise. La guerre faite à l'Afghanistan dans la foulée du 11
septembre visait un double but : d'une part contrôler les oléoducs et les gazoducs et de l'autre
redynamiser la culture de pavot, détruite puis interdite auparavant par les Talibans. La récolte de 2002,
sous la protection de la CIA, et surtout celle de 2003, 4000 tonnes, redonne à l'Afghanistan la place
de premier producteur d'opium dans le monde et par ricochet premier fournisseur d'héroïne.
Pour parvenir à contrôler ce marché fort juteux qui vient alimenter la bourse de Wall Street, la CIA
sous-traite aux seigneurs de guerre locaux : en décembre 2001, juste après l'invasion, "l'une des
premières choses que firent les forces américaines et la CIA, fut de libérer un certain nombre de
seigneurs de guerre et de l'opium, qui apporteraient selon eux leur aide aux forces américaines"
(p. 109-I). Depuis l'invasion de l'Irak, "Bagdad qui n'avait jamais connu le problème de la drogue et
encore moins d'héroïne, avait brusquement été inondée de drogues - dont de l'héroïne" à tel point
que le journal pakistanais
The Balochistan Post du 11 mai 2003 titrait "Where the CIA is in control,
Narcotic flourish – After Afghanistan, Bagdad is Flooded with Heroin" (Partout où la CIA s'impose,
le marché des stupéfiants explose – après l'Afghanistan, Bagdad est à son tour envahie par l'héroïne).
A cet égard il est difficile de ne pas faire l'analogie avec la guerre du Vietnam durant laquelle le
général Wang Pao, chef de guerre chez les minorités hmong du Laos qui pratiquent la culture du
pavot, a été lourdement armé par la CIA qui contrôlait en Asie du Sud-Est la distribution de l'héroïne
dont les consommateurs étaient entre autres les GI's envoyés sur place pour défendre
"Le Monde libre".
Nous voici à la connexion CIA-trafic de drogue, c'est loin du 11 septembre ! ? Pas tant que ça.
A titre d'exemple, l'auteur nous cite un chiffre de 600 milliards de dollars en liquide qui sont issus
du commerce de la drogue (p. 59-I). Dans les 28 conférences que Michael Ruppert a faites au
cours de l'année 2002, "le public a unanimement accepté le fait que le Central Intelligence Agency
fasse le trafic de la drogue – sauf que les gens n'ont pas toujours pris la pleine mesure de ce que
cela signifiait" (p. 100-I). L'auteur nous fournit donc quelques "preuves fondamentales qui
démontrent catégoriquement la culpabilité de l'Agence. Elles auront toutes un rapport direct avec
le 11 septembre" (p. 100-I). Quoi qu'il en soit la CIA ne peut pas être prise la main dans le sac,
car dans les années 1980, le Département de la Justice et la CIA ont décidé arbitrairement que
tous les gens qui travaillaient pour la CIA (que ce soit un employé à plein temps, un contractuel ou
le salarié d'une société appartenant à la CIA) et qui n'avaient pas le titre d'"agent" de cet organisme,
ne seraient pas considérés comme des employés (p. 101-I), donc pas de rapports sur leurs activités,
c'est la porte ouverte à toutes opérations clandestines en toute impunité sous couvert de sociétés
écrans.
La surprise ne s'arrête pas là puisque Michaël Ruppert nous amène dans un monde encore plus
insolite pour les non initiés, le rapport entre Wall Street et la CIA : un des chapitres du 1er tome s'intitule
tout simplement "La CIA c'est Wall Street, où l'argent de la drogue est roi", dans lequel l'auteur
nous montre les liens tissés entre ces deux institutions-clefs de l'empire américain. John Foster et
Allen Dulles, deux "quasi-frères" qui ont conçu la CIA, avaient pris part à des opérations de
renseignements pendant la deuxième guerre mondiale, (et surtout Allen Dulles qui était déjà un maître
espion au sein de l'OSS (
Office of Strategic Service), ancêtre de la CIA; si Foster devint par la suite
Secrétaire d'État sous Eisenhower, son frère Allen servit en tant que directeur de la CIA; mais leur
profession : associés chez Sullivan and Cromwell, un puissant cabinet d'avocats de Wall Street (p. 84-I).
Un autre vétéran de l'OSS, Bill Casey, directeur de la CIA sous Reagan et impliqué dans le
scandale « Iran-Contra », était directeur de la SEC (Securities and Exchange Commission,
l'équivalent de la Commission des Opérations de Bourses, COB). Sa profession : avocat à Wall Street
(p. 85-I). L'ancien conseiller juridique de la CIA Stanley Sporkin à la retraite fut nommé juge du tribunal
de grande instance de Washington DC mais il démissionna de cette fonction pour se faire embaucher
par un autre cabinet d'avocats de Wall Street, Will, Gotchall and Manges. On pourrait multiplier
les exemples de la sorte mais Wall Street nous amène tout droit aux délits d'initiés liés au 11 septembre.
Cette question avait déjà fait l'objet de plusieurs articles publiés sur le site
From the Wilderness
de l'auteur, dont celui qui remonte à un mois après les attaques du 11 septembre et "qui a provoqué
le plus de réactions" (p. 365-I), mais depuis cet article, "le gouvernement des États-Unis dans
son ensemble – tout comme la totalité du monde de la finance – n'a plus dit un mot sur les délits
d'initiés. Pourquoi ?" (p. 365-I)
Au lendemain du 11 septembre certains journaux ont commencé à enquêter sur la question :
Bloomberg Financial News du 18 septembre,
CBS News,
The Montreral Gazette
du 19 septembre,
ABC World News Tonight, The Chicago Sun-Time du 20 septembre,
The National Post du 22 septembre, etc., etc. ont souligné des anomalies dans les transactions
les jours précédant le 11 septembre. Un ancien directeur des infractions de la SEC a déclaré dans
ABC World News Tonight du 20 septembre qu'"il pourrait bien s'agir là d'un délit d'initié
de la pire espèce, plus horrible et plus atroce que tout ce qu'on a pu voir au cours d'une vie....
Il n'y a absolument aucun précédent à ces délits d'initiés qui ont couvert le monde entier,
du Japon à l'Europe, en passant par les États-Unis et l'Amérique du nord en général » (p. 357-I).
Quelles sommes ont rapporté ces délits d'initiés aux conspirateurs ? "Andreas von Bülow, un ancien
parlementaire allemand qui a autrefois supervisé les services secrets de son pays, a estimé que
les bénéfices empochés à la faveur des délits d'initié s'élevaient à 15 milliards de dollars.
CBS
fournit un chiffre bien plus ''conservateur'' : plus de 100 millions de dollars" (p. 365-I). Difficile donc de dire
avec précision mais les enquêtes ont commencé à soulever le petit voile du secret :
- - une transaction de 2,5 millions de dollars a été abandonnée en cours de route ;
- - entre les 6 et 7 septembre le Marché des Options de Chicago (CBOE)
fut témoin de l'achat de 4744 options de vente sur ''UnitÉd-Airlines'' pour seulement 396 options d'achat,
soit un possible bénéfice de l'ordre de 5 millions de dollars ;
- - le 10 septembre, 4516 options de vente sur ''American Airlines'' furent achetées à la bourse de
Chicago, pour seulement 748 options d'achats, soit un possible bénéfice de l'ordre de 4 millions de
dollars ;
- - Morgan Stanley Dean Witter & Co., qui occupait 22 étages du World Trade Center a vu 2157 de
ses options de vente, soit 1,2 million de dollars;
- - des régulateurs européens se sont penchés sur des réassureurs tels que ''Munich Re'',
''Suisse Re'', ''AXA'' tous concernés par les attaques du 11 septembre; AXA possèdent également
plus de 25 % des actions d'American Airlines, un coup double ;
- - etc., etc. car tout ceci ne constitue que la partie visible.
Certains des éléments sus-mentionnés ont été révélés au public par L'
International Policy Institute for
Counterterrorism d'Herzliya en Israël dans un article du 21 septembre intitulé "Black tuesday :
The World's Largest Insider Trading Scam ?" (Mardi noir : le plus gros délit d'initié qu'ait connu le
monde ?). Force est de constater que les délits d'initiés ne concernent pas uniquement les sociétés
d'aviation comme United Airlines Corporation ou American Airlines mais aussi des Bons de
Trésors américains : le
Wall Street Journal rapporta qu'un volume anormalement élevé d'achats de
ces Bons de Trésors émis pour 5 ans a été constaté juste avant les attaques, et le montant de ces
transactions voisine les 5 milliards de dollars. Les responsables de la société Convar spécialisée dans
la récupération des données informatiques des disques durs parmi les ruines du WTC, ont déclaré
que « non seulement le volume mais également l'importance des transactions était bien plus élevée
que d'habitude pour une journée comme celle-ci... qu'il y a apparemment eu pour plus de 100 millions
de dollars de transactions illégales qui ont transité par les ordinateurs du WTC avant et pendant le
désastre » (p. 364-I). Un employé de la Deutsche Bank travaillant dans l'une des deux tours jumelles
et rescapé des attaques a fait remarquer que « environs cinq minutes avant l'attaque la totalité du
système informatique de la Deutsche Bank fut reprise par quelque chose d'extérieur que personne de
l'agence ne reconnut, et tous les fichiers furent téléchargés à la vitesse de la lumière au profit d'une
destination inconnue » (p. 365-I). Malgré tous ces indices et toutes ces preuves,
Dennis Lormel
du FBI a déclaré le 3 octobre devant le Congrès qu'il n'y avait eu « aucun voyant
ou indicateur » témoignant de quelque ''rumeur'' que ce fût à propos des délits d'initiés précédant
l'attaque (p. 359 -I).
«Peu de temps après le 11 septembre, la SEC publia une liste sensible de
quelque 38 sociétés dont les actions ont été échangées de manière suspecte » (p. 362-I) mais
cette liste fut rapidement retirée de la circulation. La SEC fut néanmoins chargée de faire une
enquête sur cette affaire de délits d'initiés mais au lieu de la mener correctement, c'est-à-dire
d'exercer sa principale fonction, elle délègue ses compétences à des centaines voire des milliers
d'acteurs-clefs du secteur privé, ce qui équivaut à intégrer tout ce beau monde dans le réseau où le
silence et le secret sont de mise car toute personne qui serait tentée de révéler quelque chose
serait dans l'illégalité, autrement dit quiconque parle en public de ce qu'il sait pourra être jeté en prison
sans même être entendu. Une manoeuvre habile pour garder le secret sous une chape de plomb en
étendant le cercle des protections au personnel subalterne qui ne sont en réalité que des témoins,
désormais bâillonnés. En principe la Bourse de Wall Street et la CIA sont en mesure de retracer les
transactions et de là de remontrer jusqu'aux acheteurs initiaux surtout grâce au logiciel PROMIS
(
Prosecutor's Management Information system, Système d'Information et de Gestion du
Procureur) - qui a fait beaucoup couler d'encre et de sang dans les années 1990 (six morts
suspectes dont un
journaliste, un employé du gouvernement, Robert Maxwell, un détective de la police judiciaire, etc.).
Quoi qu'il en soit, immédiatement après le 11 septembre, "pas moins de neuf organismes – la SEC,
le NYSE (Bourse de New York), le CBOE (Marché des Options de Chicago), le Département de la
Justice, le FBI, les services secrets, la CIA, le Trésor et la NSA – ont ouvert des enquêtes pour
délits d'initiés", on attend toujours leurs conclusions adressées au public; les journaux reconnurent de
leur côté l'importance de cette affaire mais se dérobant par la suite. On peut se demander pourquoi
tant de coïncidences ?
Dans la foulée du 11 septembre du courrier piégé à l'anthrax a été envoyé à un certain nombre de
citoyens états-uniens dont le leader des démocrates au Sénat Tom Dashles. "Il est aujourd'hui officiel
que l'anthrax qui a tué plusieurs Américains depuis le 5 octobre [2001] provient de souches militaires
américaines liées à des recherches de la CIA" (p. 315-II). Ce qui caractérise cet anthrax est son niveau
de concentration, 1000 milliards de spores par gramme, concentration qu'aucun autre pays n'a pu
atteindre. En clair, des programmes de recherches sur les armes bactériologiques, dont l'anthrax ne
constitue qu'un volet de cet arsenal resté secret, étaient en cours d'expérimentation. Y-a-t-il un rapport
entre ces programmes de recherches ultra-secrets et la mort inexpliquée de sept scientifiques de
renommée internationale en l'espace de quatre mois (novembre 2001-février 2002) ? Ce chiffre
s'éleva après enquêtes à une quinzaine dans la période 2001-2002, tous des microbiologistes de
grande envergure qui travaillaient sur le séquençage de l'ADN en rapport avec le logiciel mythique
PROMIS. Faut-il rapprocher toutes ces disparitions des discours pour le moins terrifiants sur la
nécessité de réduire la population mondiale à un chiffre "acceptable", du type : "Les nations du
monde doivent adopter un plan de réduction de la population mondiale qui fasse passer celle-ci de
près de 6 milliards d'individus à environ 2 milliards d'individus. Si l'humanité ne maîtrise pas le nombre
de ses représentants, c'est la nature qui le fera", ou plus explicites encore comme l'a écrit le
géologue Jay Hanson : "Mais au moment où le scénario évoqué ci-dessus semblera inévitable
[une crise mondiale du pétrole se soldant par une explosion et un effondrement démographique],
les élites réduiront tout simplement et drastiquement la population en utilisant des armes biologiques.
Ce sera, le moment venu, la seule solution logique à leur problème" (p. 60-61-I). Ces discours de fin
du monde dans un contexte de guerre latent et lancinant comme celui d'aujourd'hui ont de quoi donner
le vertige à ceux qui y prêtent un peu d'attention.
Pour revenir à l'anthrax, le courrier piégé fait donc partie d'une campagne psychologique visant à
terroriser la population et à intimider ceux qui seraient tentés de s'opposer à l'exécutif en place.
Le vice-président puis le président des États-Unis ont successivement téléphoné à Tom Dashles
pour lui dire de ne pas se mêler des enquêtes sur le 11 septembre réclamées par l'opinion
.
En tant que président des démocrates au Sénat, Tom Dashles a en mains le pouvoir de mener ou d'ordonner
une enquête parlementaire comme il l'entend, ou de s'opposer à l'adoption d'un quelconque texte de loi,
mais il a semblé fuir cette responsabilité pour ne pas risquer sa vie, et préserver son statut prestigieux.
Ainsi dans ce climat de terreur, le
Patriot Act fut adopté par le Congrès sans le moindre débat (p. 408-I).
Par contre, il faut rendre hommage à la courageuse parlementaire Cynthia McKinney, élue de Géorgie,
qui n'a pas eu froid aux yeux ni sa langue dans sa poche, quand elle dénonça cette histoire dans une
émission radio de la chaîne Pacifica du 25 mars 2002 en ces termes :
«... Le Los Angeles Times rapporte qu'en l'espace d'une seule journée le mois dernier, Carlyle a
engrangé 237 millions de dollars en vendant des actions d'''United Defense Industry'', le cinquième
plus gros fournisseur de l'armée. La vente de ces actions était bien programmée : les responsables
de Carlyle disent que ce n'est qu'après les attaques du 11 septembre qu'ils avaient décidé d'introduire
en bourse. (...)
Pourquoi ne pose-t-on pas les questions qui dérangent ? Nous savons que nous avons de nombreuses
fois été avertis à propos des événements qui allaient advenir le 11 septembre. Vladimir Poutine, le
Président russe, nous a envoyé un avertissement de ce genre. Ceux qui se sont lancés dans des
échanges boursiers inhabituels juste avant le 11 septembre en savaient suffisamment pour faire
des millions de dollars avec des actions d'United Airlines, comme avec celles de certaines
compagnies d'assurances et de certains cabinets de courtage. De quoi cette administration était-elle
au courant et quand a-t-elle su à propos des événements du 11 septembre ? (...)
Nous avons suffisamment été avertis. Il y a des gens qui n'ont pas réagi à ces avertissements. Et c'est
sur CELA qu'on devrait enquêter. Mais plutôt que demander au congrès d'enquêter sur ce qui a
dysfonctionné et pourquoi nous avons eu le Président Bush, il m'est pénible de le dire, mais nous
avons eu le Président Bush qui a téléphoné au Sénateur Tom Daschle, le responsable de la majorité,
pour lui demander de NE PAS enquêter sur les événements du 11 septembre. Et ensuite, juste après
cet appel du Président, il y a un autre appel du vice-Président qui demandait également à Tom,
Tom Daschles, de NE PAS enquêter sur les événements qui ont débouché sur le 11 septembre. (...)
Ma question est la suivante : qu'ont-ils à cacher ? Ensuite, l'autre question qui me chagrine est le fait
que l'ancien Président, le papa de l'actuel Président Bush, siège au conseil d'administration du
Carlyle Group. Et nous avons ainsi cette Présidence, dont la légitimité reste douteuse, qui nous
réclame une somme quasiment sans précédent pour l'affecter au budget de la Défense pour les
dépenses militaires dont son père devrait directement bénéficier ! (...) » (p. 413-I).
Michaël Ruppert n'a pas pu s'empêcher de faire un commentaire circonstancié sur cette intervention
que beaucoup attendaient : « La terre s'arrêta littéralement de tourner pendant quelques instants.
Des gens du monde entier retinrent leur respiration en attendant une réaction qui ne tarda pas à venir. »
(p. 413-I). Effectivement le retour de bâton fut brutal de la part des médias : Cynthia McKinney n'était à
leurs yeux qu'une « garce arriviste et arrogante qui avait perdu la tête au moment d'une crise majeure »
(p. 413-I).
Fox News s'est rabaissé jusqu'à proférer des insultes racistes du genre « négresse
excitée » (p. 413-I) sans apporter le moindre argument sérieux pour répondre à ses questions.
On était à la veille des élections législatives de 2002; Cynthia McKinney fut victime d'une campagne
de presse virulente et déchaînée : on l'accusait de soutenir le terrorisme, d'avoir reçu des donations
de personnes liées au Hamas et au Herzbollah. Elle a par la suite perdu son siège au Parlement au
profit d'une autre candidate, Denise Majette, ancienne juge fédérale, inconnue pro-israélienne et
favorable à la guerre (p. 415).
Une autre figure importante du microcosme politique états-unien fut lui aussi intimidé et menacé, il s'agit
du sénateur Pat Leahy, président de la commission judiciaire du Sénat. Celui-là aussi a reçu le 16
novembre 2001 une lettre piégée à l'anthrax de même souche que celui envoyé précédemment, il a fini
par comprendre qu'il n'avait plus les mains libres pour agir comme il faudrait. En effet, sa convocation
répétitive adressée à John Ashcroft, ministre de la Justice, était restée lettre morte et quand celui-ci
finit par se présenter le 6 décembre, l'entretien s'est passé dans un climat de complaisance mettant
Ashcroft hors d'atteinte (p. 410-I). Toutes ces manoeuvres visaient à museler le Congrès, et leurs
auteurs les ont bien réussies. Quant au peuple états-unien qui se croyait protégé par son gouvernement
en faisant bloc derrière lui pour manifester son patriotisme, le Patriot Act a pour conséquence de
restreindre, à son égard, le champ démocratique et de liberté d'expression. Désormais le socle d'une
autocratie répressive est mis en place et consolidé, étape indispensable à la marche vers une dictature
qui se retourne déjà contre le peuple états-unien lui-même. Mais il y a plus inquiétant, un conseiller de
la Maison Blanche qui avouait crûment au journaliste Ron Suskind : "Vous appartenez à un univers
basé sur la réalité. Mais le monde ne fonctionne plus ainsi : nous sommes un empire désormais, et
quand nous agissons, nous créons notre propre réalité"
.
Le terme de ''dictature'' est dans ce cas
faible pour qualifier cette idéologie qui relève simplement du totalitarisme au sens qu'a donné
Hannah Arendt : la réalité n'est plus la résultat des activités humaines complexes mais simplement
une création de l'idéologie aux dépens de toute autre considération. Dans cette nuit de brouillard,
quelques étoiles apparaissent comme pour nous rappeler qu'elles sont toujours là : "Quatre États
et plus de 340 villes et comtés américains ont voté des résolutions qui s'opposent au Patriot Act"
(p.427-II).
Certains impatients qui peuvent se demander : « Et Israël dans tout ça ? » ne seront pas déçus car
un chapitre entier est consacré à cette question. Loin d'éviter un sujet presque tabou, il va jusqu'à dire
que "Un débat sur les événements ayant eu lieu avant, pendant et après le 11 septembre, ne saurait
être complet si l'on ne tient pas compte d'Israël". Mais sa mise en garde mérite d'être signalée au
risque de partir sur de mauvaises pistes : si on se contente des fausses rumeurs qui "voudraient
que des milliers de Juifs ne soient pas venus travailler au WTC le 11 septembre", d'une part on ne fait
que prêter le flanc à l'accusation d'antisémitisme car "toute critique d'Israël a tendance à être
sournoisement assimilée à de l'antisémitisme", et d'autre part cela risque de masquer des vérités
plus profondes car elles soulèvent "des questions autrement plus sinistres" (p. 386-I). Sans être
le commanditaire des attaques, Israël s'y trouve mêlé de près et les preuves existent dans les deux
cas de figure :
- - le Mossad a essayé de prévenir à plusieurs reprises le gouvernement états-unien que les attaques
allaient avoir lieu ;
- - l'analyse des délits d'initiés faite par l'Institute for Counterterrorism d'Herzliya (ICT) montre à
certains égards que la CIA savait ce qui se tramait sans réagir ;
- - dans une note de service FAA (Federal Aviation Administration) rédigée le soir du 11 septembre
on apprend grâce à une fuite qu'un passager occupant le siège 9B du vol n°11 d'American Airlines
(le premier vol à percuter l'une des tours jumelles) a été abattu d'un coup de feu par un autre passager
occupant le siège 10B. L'homme abattu est Daniel Lewin, citoyen américano-israélien qui vivait à
Boston. D'après le journal Ha'aretz du 17 septembre Lewin était un "ancien membre de l'Unité de
Défense israélienne (Sayeret Matkal), un détachement anti-terroriste ultra-secret dont l'unité 269
était spécialisée dans les activités terroristes extérieures à Israël" (p. 386-I) ;
- - au moins 120 agents de renseignements israéliens sont arrivés aux États-Unis dans la période
2000-2001 et certains ont suivi de près les "pirates" présumés (p. 394-I);
- - le matin du 11 septembre, deux heures avant les attaques, des employés de la firme israélienne
Odigo spécialisée dans la messagerie spontanée en ont reçu des messages les prévenant des
attaques (p. 395-I);
- Bien entendu ceci ne constitue que des pièces du puzzle, et l'auteur d'aller jusqu'à dire en fournissant
d'autres éléments à charge que les "services de renseignements israéliens opéraient en
tant que complices du gouvernement américain pour s'assurer que certaines opérations
réussiraient (...) Les agents israéliens impliqués dans l'opération n'auraient pas permis de remonter
jusqu'au gouvernement américain, et les missions ultrasensibles de ce type font souvent l'objet
d'une sous-traitance entre gouvernements. (...) Quand on a ainsi deux coupables pour un même
meurtre, on peut généralement être certain que l'un comme l'autre tiendront leur langue" (p. 399-I).
Il est bien entendu très difficile de rendre compte d'un ouvrage composé de deux tomes d'un millier
de pages riches en révélations et en rebondissements sans oublier des éléments essentiels. L'auteur
a bien entendu consulté et lu le rapport officiel de la commission d'enquêtes sur le 11 septembre,
rapport dont il a souligné des lacunes
,
le mot est faible pour qualifier le résultat d'une "enquête" qui a fait disparaître toutes les questions
gênantes, une enquête baclée, bref une "enquête" pour bien enterrer l'affaire.
Michaël C. Ruppert a en outre consacré de longues pages
aux manoeuvres militaires programmées ce même 11 septembre dans le ciel des États-Unis, ce qui
avait de quoi dérouter plus d'un pilote d'avion de chasse, et au rapport entre la FAA, le NORAD
(
North American Aerospace Defense Command, Commandement de la Défense Aérospatiale
de l'Amérique du Nord) et autres services de sécurité et de défense pour savoir ce qui ne
fonctionnait pas ce jour-là. Autre révélation ? Les événements du 11 septembre ont permis à
l'Administration Bush d'évacuer de nombreuses questions alarmantes mettant en cause sa crédibilité,
notamment celle sur la disparition inexpliquée de 3 300 milliards de dollars du département de la
Défense.
Au terme de cette longue enquête minutieuse l'auteur s'adresse à ses lecteurs pour leur rappeler
que la question fondamentale abordée dans son ouvrage est celle de l'éthique (p. 395-II). La démarche
de l'auteur consiste à rassembler des indices et des preuves, à identifier les coupables, avant de
les mettre à la dispositions des lecteurs appelés à endosser le rôle de jurés dans une affaire non
seulement de justice mais également de crimes, d'homicides, car plusieurs milliers de personnes
ont péri le 11 septembre. Étant donné les éléments à charge fournis par l'auteur, on ne peut qu'être
d'accord avec lui pour juger que l'Administration Bush, la CIA, le FBI, l'Autorité boursière, les puissantes
firmes industrio-pétrolières, etc., sont inextricablement impliquées dans les attaques du 11 septembre.
Le contrôle des médias, des institutions politiques par l'Administration Bush pour empêcher que la
vérité soit faite ne vient que confirmer la thèse de l'auteur et discrédite la version officielle. Bref,
l'Administration Bush doit avoir quelque chose à cacher au sujet du 11 septembre comme le pense
une bonne moitié de la population américaine en ce moment. Si complot il y a c'est bien celui-là, et
non celui pour le moins farfelu faisant des Arabes du Moyen-Orient des terroristes internationaux tout
puissants, car ceux qui défendent la version officielle n'ont apporté à ce jour aucune preuve à leurs
accusations mensongères et meurtrières.
Notes :
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