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Contes cham
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Lutte du tigre et du vautour
En ce temps-là le tigre prit un panier pour aller prendre des poissons en épuisant l'eau. Sur son
chemin il vit une grande mare dans laquelle il y avait beaucoup de poissons. Le tigre se mit à épuiser
la mare, il épuisa depuis le malin jusqu'au moment où le soleil décline et alors la mare fut à sec.
Il y avait dans cette mare des poissons par milliers et dix milliers.
Un vautour qui était je ne sais où vola en ce lieu et vit que le tigre avait épuisé l'eau de la mare...
Le vautour demanda des poissons au tigre. Le tigre lui répondit : Si tu veux descendre prendre des
poissons, prends-en je te l'accorde. Le tigre pensait que le vautour ne savait pas prendre les poissons.
Le vautour voyant que le tigre lui permettait de prendre du poisson descendit pour pécher. Comme il avait
un bec il piquait les poissons tandis que le tigre ne pouvait en prendre. Toutes les fois qu'il saisissait
un poisson, celui-ci lui échappait. C'est pourquoi le tigre n'en prenait pas.
Car il ne pouvait les saisir avec ses pattes et les poissons filaient tous à travers les interstices de
ses pattes. Quant au vautour il avait un bec et piquait les poissons, aussi les prenait-il rapidement.
Le tigre vit que le vautour prenait si vite les poissons, que tous les gros avaient disparu et qu'il ne lui avait
laissé que les petits, il se disputa alors avec le vautour et ils se battirent ensemble; le vautour piquait
le tigre du bec et s'envolait, quant au tigre il ne savait comment faire ne trouvant plus là ce vautour.
Le tigre ne pouvant venir à bout du vautour appela l'homme à son secours. L'homme était à couper
des pieux, il entendit le tigre qui l'appelait et accourut à son aide en portant sa serpe sur l'épaule, et
ainsi le vautour cessa de piquer le tigre du bec.
Le tigre dit à l'homme : Homme! tu m'as rendu le service de me sauver, je t'en ai obligation. Maintenant je
vais te dire une chose encore, je veux te le dire, mais j'ai grandement peur (de t'offenser). L'homme
répondit: Frère tigre, n'aies pas peur de moi, ce que tu veux dire, dis-le; parle sans avoir peur de moi.
Alors le tigre dit à l'homme : Tout à l'heure tu vas revenir chez toi, ne dis à personne que tu m'as sauvé,
je prendrai des cerfs et des chevreuils pour te récompenser du service que tu m'as rendu.
L'homme dit: Soit! je ne le dirai à personne. Le tigre dit: Si tu le dis à quelqu'un je te mangerai. L'homme
répondit : Soit! si véritablement j'en parle à quelqu'un tu me mangeras.
L'homme revint chez lui et ne dit rien à personne. Pendant la nuit il se coucha dans sa maison, et au
matin, en sortant avec sa femme, il vit des cerfs et des chevreuils étendus dans la cour. Sa femme lui
demanda : Qui a porté ces cerfs et ces chevreuils dans notre cour? L'homme ne dit rien à sa femme.
Il savait que ces cerfs et ces chevreuils avaient été apportés par le tigre pour le récompenser.
La nuit suivante également le tigre prit des cerfs et des chevreuils et les porta dans la cour de cet homme.
Au malin celui-ci vit les cerfs et les chevreuils étendus dans sa cour, le mari et la femme les prirent et en
tirent de la viande. Cette nuit le tigre vint en cachette écouter ce que l'homme disait à sa femme. La
femme demanda : Qui porte ces cerfs et ces chevreuils dans notre cour? L'homme répondit: Je ne sais
pas. La femme gémissant se pleignit qu'il lui disait ordinairement toutes choses, comment se fait-il que
cette fois il ne me dise pas la vérité? Alors le mari lui conta que ce jour-là il était à couper des pieux et
qu'il vit le tigre se battre avec le vautour. Le tigre était le plus faible, il m'appela à son secours et j'y courus.
Le vautour eut peur de moi et lâcha le tigre
[1] .
Or, le tigre était caché derrière la maison de l'homme et il l'entendit parler ainsi avec sa femme. Le tigre
dit : Maintenant je t'ai entendu, tu as parlé avec ta femme, viens demain matin à la mare que j'ai épuisée
pour que je te mange.
L'homme ne savait que faire, il ne faisait que pleurer et regretter sa femme, et il raconta la chose à sa
femme. Le lendemain matin il alla droit à la mare que le tigre avait épuisée et chemin faisant il pleurait.
En route, il rencontra le lièvre et celui-ci lui demanda : Où vas-tu pleurant ainsi partout le chemin? L'homme
répondit : Je vais me faire manger par le tigre. Le lièvre dit à l'homme : Comment se fait-il que tu ailles te
faire manger par le tigre? L'homme répondit au lièvre : Un jour le tigre et le vautour se battaient pour
des poissons et le tigre fut vaincu par le vautour, il m'appela à son aide, j'accourus, et j'empêchai le
vautour de piquer le tigre (du bec), le tigre m'avait recommandé en m'en retournant de ne dire à personne
que je l'avais sauvé et qu'il me récompenserait. J'y acquiesçai. Pendant la nuit le tigre prit des cerfs et
des chevreuils et me les porta et il resta à épier ce que je disais à ma femme. Je racontai à ma femme
que le tigre s'était battu avec le vautour et que je l'avais sauvé, il m'a entendu et m'a ordonné de venir
pour qu'il me mange.
Le lièvre dit:
- Frère homme, n'aies pas peur! le tigre n'osera pas te manger.
L'homme dit :
- Je te suis obligé. Mais comment éviter que le tigre me mange, ô frère lièvre!
Le lièvre mena l'homme vers le tigre. Arrivé à moitié chemin il dit à l'homme de marcher devant et qu'il
marcherait derrière. L'homme arriva à la mare que le tigre avait épuisée et il y trouva le tigre. Celui-ci allait
sauter et faisait mine de dévorer l'homme. Le lièvre fit un saut hors des brousses et parut. Le tigre lui
demanda :
- Frère lièvre, où vas-tu?
Le lièvre répondit :
Je viens voir le tigre manger l'homme. Le tigre raconta au lièvre tous les discours qui avaient été tenus
entre l'homme et lui et qu'il allait le manger.
Le lièvre dit :
- Tu veux manger l'homme, je te prie de me le donner pour cette fois.
Le tigre n'écouta pas le lièvre et voulait manger l'homme. Alors le lièvre dit :
- Si tu ne m'écoutes pas
je vais me secouer et faire voler de mon corps une nuée de vautours qui te piqueront. Ne vas-tu pas
m'écouter ? Le lièvre se secoua, et il vit un vautour voler en rond dans le ciel. Il le montra au tigre;
le tigre à la vue de ce vautour s'enfuit dans la forêt et ne dévora pas l'homme.
Notes :
[1].
II y a dans tout ce morceau un mélange à peu près inextricable de discours direct et indirect.
La traduction suit le texte d'aussi près que possible.
Sources : Antony Landes,
Contes Tjames.
Crédits photos :
- Stèle de Mỹ Sơn. Collection personnelle.
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