Les beaux textes
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Poésie amérindienne du nord
Poésie amérindienne du nord
Le Petit-Lynx
Un petit lynx
perdit sa famille.
Il s'en alla tout seul
et commença à apprendre les choses.
Il se mit en route.
Un printemps il vit
arriver des Oiseaux
qui venaient du sud.
Il en goûta quelques-uns.
Il en apprit le goût.
Un été il faillit
se noyer, mais il vit son visage
un long moment
dans ce lac.
Il apprit alors son visage.
Un automne il fut aussi grand
que ses parents
et cela le fit penser
à eux.
C'est ainsi qu'il apprit
à se souvenir.
Un jour, dans le froid de l'hiver
il trouva un oiseau gelé
qui ne bougeait pas.
C'est ainsi qu'il apprit les larmes
qui de son visage tombaient
sur cet oiseau.
Il resta penché sur lui un long moment.
Je sais son histoire,
ce qu'il apprit.
Je le sais.
Je vous le dis.
Toutes ces choses !
Je pleure quand Je les dis.
Je suis Petit-Lynx.
Faire un vœu
J'essaie de faire mes vœux comme il faut
mais parfois ça ne marche pas.
Une fois, en faisant un vœu, j'ai mis un arbre la tête en bas
et ses branches
se trouvaient là où ses racines auraient dû être !
Les écureuils devaient demander aux taupes:
« Comment descendre de là
pour rentrer chez soi ? »
Une fois ça s'est passé comme ça.
Puis il y eut cette autre fois, Je m'en souviens à présent
Où en faisant un vœu j'ai mis un homme la tête en bas
et ses pieds se trouvaient là
Où ses mains auraient dû être !
Au matin ses chaussures
Ont dû demander aux oiseaux:
« Comment voler de là
pour rentrer chez soi ? »
Une fois ça s'est passé comme ça.
Sources :
Partition rouge. Poèmes et chants des Indiens d'Amérique du nord,
Éd. du Seuil, 1988, p. 102-103, 172.
Illustration : David M. Jones & Brain L. Molyneaux,
Mythologies des Amériques,
Paris, Éd. EDDL, 2002, p. 35.
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