K r i s h n a m u r t i

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Extraits de causeries et d'échanges avec Krishnamurti

Extraits de causeries et d'échanges avec Krishnamurti




Un petit panorama des thèmes abordés par Krishnamurti lors de ses causeries ou des échanges avec ses interlocuteurs. Ce choix qui est tout à fait arbitraire pour ne pas dire personnel ne repose sur aucun critère. Il ne s'agit bien sûr que des extraits d'ouvrages dont les références sont indiquées en fin de chaque extrait.



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Sur les Maîtres occultes [1].

QUESTION — Pensez-vous un jour revenir aux Maîtres occultes de la Société Théosophique?

KRISHNAMURTI — Comme celui qui me pose cette question croit aux Maîtres et espère en eux, il désire me ramener dans sa bergerie; peut-être pense-t-il que je reviendrai à sa croyance parce qu'il m'est arrivé une fois de la partager.

Examinons intelligemment cette croyance en des Maîtres, sans nous identifier à elle. Ce sera difficile pour certains d'entre nous, car ils s'y sont bien laissés prendre, mais tâchons de penser-sentir ce problème aussi largement et librement que nous le pourrons. Pourquoi avez-vous besoin de Maîtres, de ces êtres dont on vous dit qu'ils sont vivants et avec lesquels vous n'avez pas de contact direct? Vous répondrez probablement qu'ils agissent comme poteaux indicateurs de la réalité. Si ce sont des poteaux, pourquoi vous arrêtez-vous pour les adorer? Pourquoi acceptez-vous des indicateurs, des médiateurs, des messagers, des autorités intermédiaires? Pourquoi instituez-vous des organisations, des groupements autour d'eux? Si vous cherchez la vérité, pourquoi tant vous inquiéter des Maîtres, pourquoi ces organisations exclusives et ces secrets conclaves? N'est-ce pas parce qu'il est plus facile et plus agréable de traînailler, d'adorer un autel sur le bord de la route, d'y trouver du réconfort, que de partir pour le long voyage de recherche et de découverte? Personne ne peut vous conduire à la Vérité, ni les Maîtres, ni les dieux, ni leurs messagers. Vous seuls devez peiner, chercher et découvrir.

Être directement en contact avec un instructeur, c'est déjà différent, bien que cela aussi comporte ses dangers; mais avoir un soi-disant contact avec ceux qu'on ne connaît pas directement ou que l'on ne connaît que par des représentants ou des messagers présumés, c'est favoriser la superstition, l'oppression et créer de graves obstacles. L'adoration d'une autorité est la dénégation de la vérité. L'autorité nous aveugle et détruit la floraison de l'intelligence; avec elle, l'arrogance et la stupidité augmentent, l'intolérance et l'antagonisme croissent et multiplient.

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Que peuvent dire les Maîtres de fondamental? Qu'il faut se connaître, cesser de haïr, être compatissant et chercher la réalité. Tout autre enseignement n'aurait que peu d'importance. Personne ne peut vous fournir une technique, une formule pour vous connaître. Si vous en aviez une et que vous l'employiez, vous ne vous connaîtriez quand même pas; vous connaîtriez le résultat d'une formule, mais non vous-mêmes. Pour cela, vous devez chercher et découvrir en vous-mêmes. Le résultat d'une technique, d'une pratique, d'une habitude est stérile et mécanique. Personne ne vous aidera à comprendre, et sans cette compréhension, il n'y a pas non plus celle de la réalité. Cette recherche de Maîtres vous est inspirée par les désirs de ce monde, car une valeur supra-sensuelle est encore de ce monde. Elle est donc une cause d'ignorance et de douleur.

Vous pourriez alors me demander : «Que faites-vous vous-même? N'êtes-vous pas un poteau indicateur? » Si j'en suis un et si vous l'entourez et le couvrez de fleurs et construisez un sanctuaire avec les stupidités qui accompagnent ce genre de chose, ce sera absurde et indigne d'adultes. Ce que nous essayons de faire, c'est apprendre à cultiver le penser qui est la connaissance de soi. Le penser est le fondement même du Suprême. Cette connaissance, personne ne peut vous la donner, mais c'est vous-mêmes qui devez prendre conscience de vos pensées-sentiments. Car en vous sont le commencement et la fin, la vie tout entière. Le Suprême doit être découvert, non formulé.

Pour lire les pages du passé, vous devez vous connaître tel que vous êtes dans le présent, car, par le présent, le passé se révèle. Vous portez en vous la clé qui ouvre la porte de la réalité; personne ne peut vous l'offrir, car elle est à vous. C'est par votre lucidité que vous pouvez ouvrir la porte; ce n'est que par la lucidité envers vous-même que vous pouvez lire le riche volume de la connaissance de soi, car en lui se trouvent les indices et le perspectives, les obstacles et les blocages qui retiennent et qui pourtant conduisent à ce qui est sans durée, à l'Éternel.

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Notes :
[2].Extrait de Conférences données à Ojai, 1944. 4e causerie, 4 juin, pp. 45-47


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