Inédits
Inédits
Quelques
aspects de la culture orale chez les villageois vietnamiens
Quelques
aspects de la culture orale chez les villageois vietnamiens
Pays
essentiellement agricole, le Vietnam puise sa force
démographique dans la campagne qui demeure le vivier de la population,
plus de 70 % des habitants y vivent encore de nos jours. Plus
concrètement, le village vietnamien en tant qu'entité culturelle a pu
et a su, à travers l'histoire, façonner les moeurs et les pratiques
sociales. De ce cadre existentiel ont jailli des inspirations
artistiques, des rituels, de la sagesse, de l'humour, l'esprit
critique, le cynisme ou la résignation. Frottées à la réalité, ces
attitudes devant la vie ont formé un ensemble appelé "traditions
locales" transmises oralement d'une génération à l'autre. En l'absence
de sources historiques précises attestant leur évolution dans le temps
et leur interpénétration dans l'espace, nous sommes conduits à accepter
l'hypothèse d'une constante de l'histoire populaire vietnamienne sans
que son contenu soit figé d'une époque à une autre. Peut-être la
reconstitution des éléments de la vie matérielle et émotionnelle
prélevés dans des traditions orales nous aidera-t-elle à les resituer
dans leur cadre historique. Aujourd'hui, dans la campagne vietnamienne
du Nord, les chants poétiques d'antan ne nous parviennent plus que par
leurs échos lointains. Les berceuses que chantaient les mères
vietnamiennes constituaient une de ces formes d'expression, encore très
vivaces avant 1945. A quand remontent-ils, ces chants qui ont endormi ô
combien d'enfants à l'heure de la sieste ? Nul ne le sait. Les
Vietnamiens se bornent à dire que "cela existe depuis très lontemps".
Néanmoins des littérateurs et spécialistes de la culture populaire ont
contribué par leurs efforts à faire connaître les traditions orales à
travers leurs recueils dont le premier du genre fut l'ouvrage
Tục ngữ
phong dao (Dictons et chansons populaires) du pédagogue Nguyễn Văn Ngọc
(1890-1942), intellectuel de la première génération du
quốc ngữ, dont
la première édition remonte à 1928. Les deux tomes de cet ouvrage de
plus de 500 pages ont été réédités pour la première fois en 1953, puis
une deuxième fois en 1967 à Sài Gòn. Bien que la structuration de cette
oeuvre ne facilite pas toujours pour l'utilisateur la recherche des
éléments et des thèmes, puisqu'elle est classée par ordre alphabétique,
à l'intérieur duquel les chansons populaires sont agencées dans l'ordre
croissant de leur longueur, l'auteur a le mérite d'être parmi les
premiers à s'intéresser à cette question devenue objet d'étude
approfondie pour les générations suivantes. A cet égard on ne saurait
passer sous silence :
- les conférences de Phạm Quỳnh faites à Hà Nội en 1929,
qui sont par la suite publiées en 1930 sous le litre de Le paysan tonkinois à travers le parler populaire suivi d'un choix
de chansons populaires ;
- le monumental travail du critique littéraire Vũ
Ngọc Phan (1902-1987), Tục ngữ, ca dao, dân ca Việt Nam (Dictons,
chansons populaires et folklore du Việt Nam) réimprimé en 1987à Hà Nội pour la huitième fois.
Plus méthodique et plus rigoureux que le
recueil de Nguyễn Văn Ngọc, cet ouvrage de 800 pages, classé par thèmes, témoigne de la
volonté de l'auteur d'interroger ces sources orales pour en tirer leur
sens et leur utilité. On y trouve également un aperçu du folklore de
quelques minorités ethniques du Nord Viêtnam. A côté de ces deux
travaux considérables, d'autres, plus modestes, sont venus les
compléter par des apports nouveaux permettant de localiser certaines
sources dans leur espace.
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