Communications aux colloques
Communications aux colloques
La Femme Vietnamienne à Travers l’Histoire, Les
Légendes et Les Traditions Orales
La Femme Vietnamienne à Travers l’Histoire, Les
Légendes et Les Traditions Orales
Introduction
Quand
on étudie la société vietnamienne, on est frappé
par un paradoxe concernant la femme : sa faible représentation
sociale ou l’absence de représentation, et sa place
réelle dans la société, attestée par
l’histoire, confirmée par les légendes ou même
prépondérante dans certaines traditions orales ou
représentations symboliques. Ne dit-on pas en vietnamien que
« Quand les ennemis sont à la porte les femmes
doivent les combattre » (
Giặc đến nhà đàn bà phải đánh
) ? Leurs efforts ont bien été
mis à contribution pendant la guerre contre les Américains.
Mobilisées dans le mouvement
Thanh niên xung phong
(La jeunesse engagée), des centaines de milliers de
Vietnamiennes ont sacrifié leur jeunesse en répondant
« Présente » à l’appel de
« la patrie en danger », pour partir au
front y effectuer les tâches les plus ingrates. Nombre d’entre
elles n’ont guère eu le temps de connaître l’amour
avant d’être oubliées par l’histoire. Les
rescapées vivent aujourd’hui dans une misère
morale et matérielle telle que certaines ont dû se
regrouper en communauté au sein d’un village créé
à leur initiative, afin de faire face à l’indifférence
générale .
L’histoire de ces femmes et de ce mouvement reste à
écrire.
A
de rares exceptions près, les études existantes qui
traitent la question de la femme ne permettent pas d’avoir une
vision globale, ni de remonter dans le temps pour savoir si elle a
toujours eu la même place ou non. Ceux qui envisagent de
s’attaquer à ce terrain rencontrent inévitablement
des problèmes en matière de sources, du moins pour ce
qui concerne l’histoire ancienne. La période coloniale,
quant à elle, fournit des matériaux suffisamment
abondants pour qu’on puisse se faire une idée assez
fidèle de la réalité .
On sait par exemple que dans les années 1930 les
Vietnamiennes, du moins celles des couches progressistes et
instruites, commencèrent à se libérer du carcan
social et familial, entraînant avec elles d’autres
acteurs sociaux décidés à porter le débat
sur le plan national. Mais l’entreprise resta sans suite après
1945. L’urgence de la guerre de libération nationale
renvoya la question aux calendes grecques.
Devant
la rareté des sources classiques (archives, annales, ouvrages,
mémoires, etc.), qui d’ailleurs ne sont pas très
disertes quand elles existent, l’historien doit en inventer
d’autres. Aussi le recours aux sources orales et aux traditions
culturelles voire cultuelles pourrait-il permettre de combler cette
lacune. Une voie et un vaste chantier furent ainsi ouverts dans les
années 1950 par Phan Khôi qui se proposa de prendre la
langue comme source historique .
Nous essayons de poursuivre dans cette voie fort prometteuse en nous
consacrant aux rôles et représentations de la femme.
A
cet égard, le trésor des proverbes, dictons et chansons
populaires constitue une source inégalée et
inappréciable. Nous avons particulièrement consulté
deux recueils, l’un de Nguyễn Văn Ngọc maintes fois
réédité et dont la première édition
remonte à 1926, et l’autre de Vũ Ngọc Phan, qu’on
peut considérer désormais comme de grands classiques
dans ce domaine .
Observateur minutieux, le peuple vietnamien décrit ce qu’il
voit ou ce qu’il ressent à travers ses compositions
courtes mais rimées et pénétrantes. Presque tous
les domaines de l’activité humaine sont représentés
dans ce trésor de la langue vietnamienne : l’amour y
prend une place non négligeable, l’humour s’y
épanouit, la grivoiserie y explose, la morale s’y
manifeste, la psychologie y figure en bonne place, les rapports
sociaux s’y reflètent avec clarté, la vie
paysanne s’y déroule avec précision, etc. Si
chaque époque produit sa propre chaîne de langue pour
traduire la réalité vivante aux dimensions multiples,
l’emprunt des mots d’origine étrangère
complète l’évolution linguistique.
Notes :
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