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Người Ba-na ở Kon Tum - Les Bahnar de Kontum
EFEO-Hanoi & Éditions Thế giới, Hà Nội,
octobre 2011, 514 p., illustrations & photos, lexique
Người Ba-na ở Kon Tum - Les Bahnar de Kontum
EFEO-Hanoi & Éditions Thế giới, Hà Nội,
octobre 2011, 514 p., illustrations & photos, lexique
Note de traduction
Table des matières de la première édition (traduction)
Préface de P. Guilleminet
Aux lecteurs
Première partie - La province de Kontum
Deuxième partie - Les coutumes
- Corps et esprit
- Philosophie et croyances
- Astrologie et Géomancie
- Village et relations sociales
- Le clan
- État civil
- Les métiers
- Loisirs et arts
- Les proverbes
- Les devinettes
- Les légendes
- Le ouvrages consultés
Géographie
Histoire - Au sud-ouest de la Cordillère annamitique se trouvent les Hauts-Plateaux. Il y a une trentaine d'années,
le Protectorat y a créé quatre nouvelles provinces appelées « Les Provinces des Hauts-Plateaux » dont
celle de Kontum.
Avant les Vietnamiens, Cambodgiens et Cham sont passés par là et s'y sont installés. Les vestiges
laissés par ces derniers sont encore nombreux.
C'est à partir du XVIe siècle, et seulement après avoir conquis une grande partie du territoire des Cham
que les Vietnamiens commencèrent à nouer des contacts avec la population locale. En 1540, Bùi Tá
Hán, mandarin-chef en exercice de la province de Quảng Nam, se vit confier la tâche d'administrateur
des peuplades de la région. En 1558 (?) les deux rois – celui des Eaux et celui du Feu – à Cheo-Reo,
actuelle province de Pleiku, reconnurent la suzeraineté de notre roi.
Au XVIIe siècle, les missionnaires débarquèrent dans notre pays. A part l'évangélisation, ils s'intéressèrent
à la géographie et aux coutumes des autochtones, mais au-delà des plaines, ils en savaient à peine
plus que nous. Sur les cartes qu'ils dressèrent et qui nous sont parvenues, on voit apparaître au-delà
des provinces une chaîne de montagnes, c'est-à-dire la Chaîne annamitique, mais aucune indication
du genre « Sauvages » ou « Peuplades sauvages »
[1].
Un peu moins de 200 ans plus tard (en 1838), sur la carte dessinée par Monseigneur Taberd on voit
apparaître quelques noms de Montagnards, mais elle comporte par ailleurs bien des erreurs.
En 1840, sous le règne de Thiệu Trị, la cour de Huế nomma un Bahnar appelé Khiêm, de son vrai nom
Bok Piơm, mandarin-administrateur des peuplades locales. Elle autorisa les Vietnamiens et les
autochtones à venir commercer à An Sơn, l'actuelle An Khê, et il leur fut interdit de franchir cette limite.
Parce qu'An Sơn est justement Tây Sơn, localité où autrefois, les frères Nguyễn Nhạc s'étaient rebellés,
la Cour avait encore des craintes, d'où l'interdiction. Cependant les commerçants autochtones
passèrent déjà, à cette époque, la frontière en cachette.
Il fallut attendre jusqu'en 1848 pour que le rideau des Hauts-Plateaux commençât à s'entrouvrir. À cette
époque l'ordre d'arrêter les chrétiens fut rigoureusement appliqué. Les prêtres de la région de Bình Định
allèrent se réfugier de l'autre côté de la province. Après une longue et pénible fuite, ils s'arrêtèrent pour
défricher un lopin de terre au bord de la rivière Bia, aux alentours du chef-lieu de l'actuel Kontum.
Parmi ces prêtres aventuriers il faut citer du côté français, les pères Combes, Fontaine, Dourisboure,
etc., et côté vietnamien, le père Bảo et surtout le père Do qui avait peiné pour trouver la première route
qui menait vers les Hauts-Plateaux.
En 1867, les six provinces méridionales capitulèrent. Depuis lors les Français commencèrent à
s'intéresser à la région des Hauts-Plateaux. Après les hommes d'Église, des missions se succédèrent
afin de découvrir le pays des Montagnards, telles que la mission Doudart de Lagrée en 1867, celle de
Harmand en 1877, celle de Navelle en 1884, celle de Guiomar en 1889, celle de Pavie en 1891 et
récemment en 1909-1911 celle de Henri Maitre. Ce dernier a été assassiné en août 1914 par les
autochtones en même temps que ses 40 gardes. Il y a bien d'autres voyageurs dont la liste serait trop
longue à citer.
En 1883 le missionnaire Vialleton rassembla les Bahnar en un front uni pour s'opposer aux Sedang du
Nord. Soutenu pourtant par le Protectorat en 1889, ce front n'a pas survécu.
En 1888-1889, un nommé Mayréna, aventurier français, rassembla les Sedang en un État et
s'autoproclama Marie 1er, roi des Sedang. Ce personnage a défrayé les chroniques pendant un
moment mais son projet n'a pas abouti
[2].
Pour revenir un peu en arrière, en 1886, le Siam qui avait des vues sur cette région montagneuse
voulait la prendre et l'occuper. Mais d'après les accords franco-siamois signés en 1893, le Siam
reconnut que cette région faisait partie de l'Indochine. Une délégation fut créée à Kontum, placée sous
l'autorité du père Vialleton.
Ce fut seulement en 1904 que le pouvoir colonial créa une province à part entière appelée Pleikuderr
ou Kontum en la rattachant à l'Annam pour simplifier les communications et l'administration. Mais peu
de temps après, la province fut scindée en deux entités : Kontum fut rattaché à Bình Định et Cheo Reo
à Phú Yên.
En 1913, la province de Kontum fut de nouveau remodelée, avec deux entités : Cheo Reo et Ban Mê
Thuột. Comme la province était grande et les voies de communications étaient difficiles d'accès, on
créa la province de Darlac avec une partie de Ban Mê Thuột.
En 1918, le district de Tân An dépendant de Bình Định fut rattaché à la province de Darlac nouvellement
créée.
Fin 1932, la partie méridionale du Kontum fut détachée de la province et devint la province de Pleiku.
Les frontières - Actuellement le nord du Kontum touche Quảng Nam, l'est Quảng Ngãi et Bình Định, le
sud touche Pleiku et l'ouest le Laos. La superficie de la province est estimée à 20.000 km² ce qui
représente 1/7 du territoire de l'Annam et 1/35 de l'Indochine.
Montagnes & forêts - Une grande partie du Kontum est formée de montagnes et couverte de forêts
denses. La Chaîne Annamitique dessine une courbe orientée nord sud-est séparant ainsi le Kontum à
l'ouest et les trois provinces Nam, Nghĩa, Định au nord-est. Il y a quatre cols qui mènent vers la plaine :
ceux de Kongbol et Tonrơtiu s'ouvrent vers Quảng Nam, et ceux de Mangyang et An-Khê vers Bình Định.
Les autres sommets réputés sont Kong Ngut au nord, Kong Mơnang-brai et Kong Tă-rơpang à l'ouest,
et Kong Hareng au sud, soit à environ 12 kilomètres du Kontum.
Dans la haute région montagneuse et les forêts denses où personne n'a encore mis les pieds, la
végétation est encore abondante, sinon les autochtones ont transformé le reste en essarts en brûlant
certains endroits, où plus tard ne poussent qu'une espèce d'herbe à paillote ou une espèce de bambou
épineux appelé « le »; on voit encore un peu partout des arbres maigrichons et solitaires.
Fleuves & Rivières - La Chaîne Annamitique constitue la zone de partage des eaux : sur le versant
ouest, les rivières évacuent leurs eaux vers le Mékong : nous autres Vietnamiens, nous parlons alors
« des eaux qui coulent à l'envers », c'est le cas du Sésane formé des rivières Pơkô (vers le pays
Sedang) et Bla (vers le pays Bahnar) ; sur le versant est, les eaux se jettent dans la mer de Chine : la
rivière Ba (vers An Khê) et la rivière Ayun qui est en fait un affluent de celle-ci. La rivière Ba coule vers
les terres de Tuy Hoà (Phú Yên) avant de se jeter dans la mer. Nous l'appelons communément la rivière
Dran.
Ces cours d'eaux traversent un relief accidenté ce qui donne naissance à des cascades dont la plus
connue est celle de Yali qui se trouve à quelque 40 kilomètres du chef-lieu de province. La plupart des
touristes arrivés à Kontum sont allés voir la cascade qui, formée de petits rochers gris de hauteur
irrégulière, s'étend sur une largeur de quelques centaines de mètres et dont la hauteur est de quinze
mètres. La masse d'eau qui tombe sur le rocher au niveau du sol produit une écume toute blanche; en
ajoutant à cela les rayons du soleil on obtient un effet multicolore. Quand on vient pour la première fois,
on doit admettre la beauté de cette nature menaçante.
Le sol - Le Kontum est réputé pour la couleur rouge de son sol qui provient des volcans. Il existe
encore dans la province de Pleiku un volcan éteint qu'on appelle Chu Hodrong. La terre du Kontum a
été analysée dans les laboratoires de Saigon et de Java, cette terre est bonne et convient à la culture
du thé et du coton.
Il existe encore une terre grise moins bonne que la terre rouge mais tout à fait cultivable. On n'a qu'à
regarder le tabac, les théiers et les caféiers cultivés par nos compatriotes pour s'en rendre compte.
Climat - Au Kontum il y a deux saisons bien distinctes. À l'est de la Chaîne Annamitique (An Khê) le
climat n'est pas très différent de celui qu'on connaît dans la plaine : il fait chaud de mai à octobre, froid
et humide de novembre à avril. Par contre, à l'ouest de cette chaîne montagneuse le climat est
exactement celui du Laos : chaud et humide de juin à octobre, froid et sec de novembre à mars.
D'avril à mai c'est la saison des orages.
À la saison des pluies, il pleut à verse, on dirait que les eaux du ciel se déversent sur la terre. Les
crues des rivières emportent ainsi arbres et ponts. En octobre 1929, le niveau de l'eau fut très haut, le
courant puissant, la moitié du pont en béton sur la rivière Bla longeant Kontum fut emportée. À la saison
sèche il fait soleil pendant plusieurs mois sans une seule goutte d'eau : le sol est asséché, la végétation
brûlée, un véritable paysage de désolation. Mais le matin il y a du brouillard qui ne se dissipe que vers
huit ou neuf heures. La nuit il fait froid, la température peut descendre suivant les années à moins de
5 degrés . Dans la journée, le puissant vent du nord-est est désagréable.
Ce qu'il faut retenir c'est que le climat du Kontum est, durant toute l'année, plus frais et plus doux que
celui de notre plaine, les Français en sont contents. Mais en saison sèche la température varie
beaucoup en une journée, parfois l'amplitude peut atteindre 20 à 25 degrés, les gens de santé délicate
ne peuvent pas le supporter.
Notes :
[1]. Voir par exemple, la carte dessinée par le Père Alexandre
de Rhodes en 1651 et publiée dans l'ouvrage de Henri Maitre :
Les jungles moi.
[2]. Ceux qui veulent bien connaître cette histoire peuvent se
reporter à l'article de J. Marquet « Un aventurier au XIXe siècle » publié dans le
Bulletin des Amis du
Vieux Huê, n° 1 & 2, jan-juin 1927.
Crédit photo :
Toutes les photos & illustrations sont tirées de l'ouvrage réédité.
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