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Người Ba-na ở Kon Tum - Les Bahnar de Kontum
EFEO-Hanoi & Éditions Thế giới, Hà Nội, octobre 2011, 514 p., illustrations & photos, lexique
Người Ba-na ở Kon Tum - Les Bahnar de Kontum
EFEO-Hanoi & Éditions Thế giới, Hà Nội, octobre 2011, 514 p., illustrations & photos, lexique






Note de traduction
Table des matières de la première édition (traduction)
    illustration
  • Préface de P. Guilleminet
  • Aux lecteurs
  • Première partie - La province de Kontum Deuxième partie - Les coutumes


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    Légendes


    La séparation des hommes

    À l’aube de l’humanité, les descendants de ia bok Xogor profitant de leurs moments libres, s'entraînèrent les uns les autres à construire une grande cabane dont le sommet toucha les nuages noirs. L’aîné dirigea les travaux, les autres œuvrèrent à la construction. Grâce à une main-d’œuvre abondante, le travail avançait très vite. Lorsque la façade fut terminée, l’aîné monta sur le sommet pour mieux diriger les travaux, ses paroles résonnaient dans le ciel. Mais curieusement, ils finirent par ne plus se comprendre. Les autres apportèrent une volige quand l’aîné demanda une palanche, et des piliers à la place des poinçons, le chaume à la place des lanières de bambou, etc. Fâché, il se mit à gronder et insulter les autres bruyamment, ceux-ci ne firent que rire. Hors de lui, il descendit par terre et prit un bâton pour leur taper dessus, les autres se sauvèrent et chaque groupe dans une direction différente. Ceux qui parlaient le bahnar, s’enfuirent vers le pays bahnar, le sedang, vers le pays sedang, le djarai, vers le pays djarai, le rongao vers le pays rongao, etc. L’aîné fut le seul à rester avec ses descendants; lesquels sont devenus les Vietnamiens. Ils sont plus malins que les autres peuplades car ils sont les descendants de l’aîné.

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    Le lapin et le tigre

    Un jour que le vent soufflait très fort, un lapin qui se promenait tomba malheureusement dans un grand fossé. Alors qu’il cherchait à s’en échapper il entendit passer un tigre. Celui-ci surpris de le voir au fond du fossé lui demanda :
    - Tiens ! pourquoi es-tu descendu là ? Le lapin, ayant trouvé une ruse, lui répondit :
    - Mais...vous n’êtes pas encore au courant ? La tempête gronde et le ciel va tomber. C’est pourquoi je suis descendu ici pour me cacher.
    - C’est vrai ? Alors je descends me cacher avec toi. Aussitôt dit aussitôt fait, le tigre sauta dans le fossé.
    Au début le lapin restait poli avec le tigre mais par la suite il fit mine de le chahuter. Le tigre se fâcha et lui dit : « Si tu continues à m’embêter je te balancerai là-haut et le ciel t’écrasera ».
    Le lapin feignit la peur et s’excusa :
    - Je suis chahuteur, ne me jette pas là-haut, le ciel va m’écraser, aie pitié de moi.
    Il se calma un petit moment avant d’embêter le tigre encore plus qu’avant. Celui-ci se fâcha, il prit le lapin et le balança en haut en l'invectivant :
    - Tu ne me laisses pas tranquille alors je vais te laisser mourir.
    Une fois sorti, le lapin alla au village chercher des chasseurs afin qu’ils vinssent tuer le tigre.

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    Hrơ et Hrit

    Il était une fois un homme riche et puissant appelé Hro’ qui cherchait des prétextes pour faire du pauvre et misérable Hrit son domestique et esclave. Un des côtés de l’essart de Hro’ touchait celui de Hrit. Un jour Hrơ mangea du maïs puis jeta les restes dans l’essart d’à côté. Quelques jours plus tard il porta plainte auprès du village en accusant Hrit de lui avoir volé du maïs. La parole d’un homme riche et puissant du village n'était jamais négligée, ainsi Hrit fut interrogé.

    Comme il était innocent, il rouspéta énergiquement. Les deux parties s’opposèrent ardemment à tel point que le village dut recourir aux épreuves de vérité. Hro’ refusa toutes les épreuves connues comme « tenir la feuille », « verser du plomb », « consommer du bois de chevreuil  », etc., et proposa une nouvelle épreuve qu’il venait de trouver et qui consistait à rester dans l’eau : tous les deux devaient plonger dans l’eau et celui qui le premier sortirait de l’eau perdrait le procès.

    Comme il était honnête, une fois dans l’eau Hrit s’immergea entièrement dans le fleuve tandis que Hro se contenta de toucher l’eau avec son orteil. Mais personne n’avait prévu le cas où les génies désapprouveraient la malhonnêteté, une couleuvre passant par là mordit l’orteil de Hro. Comme il avait mal il fut obligé de retirer son pied de l’eau, ainsi Hrit gagna le procès.

    Ce fut à partir de ce moment-là que les Bahnar se servirent de cette nouvelle épreuve de vérité.

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    Les deux frères Dung Dă et Hlă Hlêl

    Il était une fois deux frères, Dung Dă et Hlă Hlêl. Comme d'habitude ils allaient ensemble travailler l’essart dans la forêt. À cette époque vivaient les deux frères Giông et Gio’ et les gens de leur famille, Đam Xo’đang, Madong, Ma Uat, ils étaient très féroces. Ils s'entraînaient les uns les autres à aller faire la guerre. Là où ils arrivaient les gens s’enfuyaient tous. Une fois, ils passaient par là où les frères Dung Dă et Hlă Hlêl étaient en train de travailler. Voyant arriver les méchants, ces deux derniers s’enfuirent. Mais l’un avait peur que l’autre s’enfuie avant lui et inversement, ils trouvèrent une astuce qui consistait à nouer les bouts de leur cache-sexe ensemble, ce qui leur permettait de s’enfuir en même temps. Comme leurs cache-sexe noués les gênaient et qu'en plus ils s’accrochaient aux arbres, ils ne pouvaient pas courir. Ils avaient tellement peur qu’ils finirent par faire leurs besoins dans leur cache-sexe. Du fait de leur idiotie on les nomma ainsi Dung Dă et Hlă Hlêl.

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    L'homme qui partit en Enfer Au temps jadis, il y avait un homme riche dont les parents, la femme et les enfants finirent par disparaître le uns après les autres. Pris de tristesse, il n’arrivait plus à manger ni à dormir. Un soir, il rêva qu’il se dirigeait vers l’ouest et qu’il demandait aux passants s’ils savaient où étaient ses parents, femme et enfants, la réponse fut unanimement non. À la fin il croisa un Pôbal qui venait de mourir, celui-ci lui répondit qu’il savait où ils étaient en lui disant : « Ne soyez pas triste, je vous accompagnerai mais avant de partir, nous allons retourner à la maison pour manger ». Ils rentrèrent à la maison et firent le feu pour préparer le repas. Pendant qu’ils mangeaient, l’homme riche surpris de voir le Pôbal manger de la terre, lui demanda : « Pourquoi ne mangez-vous pas du riz mais de la terre » ? Celui-ci répondit : « C’est moi qui mange du riz et vous de la terre ». (Les Bahnar pensent que la terre est le riz pour les morts).

    Le repas terminé, tous les deux partirent loin vers l’ouest. Quand ils arrivèrent au village du Pôban (village des morts) ils s’arrêtèrent pour se reposer une journée (ce qui correspond à une nuit pour les morts). Le lendemain ils continuèrent leur chemin. Quand ils arrivèrent à un grand village, le Pôbal dit : « C’est ici le village de tes parents ». Ils n’osaient pas y entrer, ils attendaient à un endroit où l’eau ruisselait. Un long moment après le père de l’homme riche vint se baigner, celui-ci, content, cria : « Ô père, père, c’est maintenant que je te revois, tu me manquais ». Mais le père ne répondit pas, indifférent il tourna la tête ailleurs. Puis vinrent la mère et les enfants, il les appela mais ils se montrèrent indifférents. Finalement la femme arriva, il s'élança vers elle pour la prendre dans ses bras, elle refusa et s’enfuit. Puis ils regagnèrent leur village en les laissant tous deux plantés là.

    Au bout d’un long moment, le chef du village arriva. L’homme riche lui demanda : « Je suis ici parce que la famille me manquait, mais quand je les vois personne ne veut me reconnaître, qu’est-ce que cela veut dire » ? Le chef du village se retourna vers le Pôbal et lui dit : « C’est un fantôme, nous n’osons pas lui parler ». Ayant entendu cela l’homme voulait se suicider sur le coup afin qu’il pût venir habiter avec ses parents. Ayant compris son intention le chef du village dit encore au Pô : « S’il meurt subitement il ne sera pas admis ici ».

    Puis le chef du village retourna à son village. Les deux « compères » devaient ainsi partir. Le Pô recommanda à son ami : « Ne te suicide pas, si tu le fais tu iras chez les mauvais fantômes, tu ne reverras jamais tes parents, si tu veux les revoir rapidement il n’y a qu’une solution : te laisser mourir de faim ».

    Écoutant les conseils de son ami, en se réveillant l’homme riche distribua tous ses biens aux autres puis il se laissa mourir de faim. Il gagna ainsi mang lung pour habiter avec ses parents. À ce moment-là ils étaient contents et vinrent le chercher pour rejoindre leur village.

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    Comment Bră Rơmu choisit son gendre

    Il y avait une fois un homme très fort qui s’appelait bok Bră Rơmu. Il avait une jolie fille nommée Bia Rung Reng, dont la réputation parvint à tous les coins du pays, tout le monde voulait la prendre pour femme. Mais le père fixa une condition difficile : celui qui voulait l’épouser devait lutter contre lui, s’il gagnait il aurait tout de suite la fille, s’il perdait tant pis pour lui s’il devait mourir. La nouvelle une fois répandue excita encore davantage l’opinion, les garçons voulaient tous tenter leur chance pour avoir une jolie femme. Đam Xơđang, un lutteur de taille, traversa monts et rivières pour venir rivaliser avec Bră Rơmu, mais malheureusement il fut tué par la lance de celui-ci. Đam Kơ Mlat, Đam Gol-Gieug, qui étaient des lutteurs de renom durent reconnaître leur défaite. Plus il y avait de monde plus Bră Rơmu devenait féroce : devant chez lui les squelettes s’empilaient et pourtant la jeune Rung Reng se trouvait toujours seule, personne n’avait pu l’obtenir.

    À cette époque vivait un certain Giông dont la force était redoutable. Ayant entendu parler de la drôle de façon dont Bră Rơmu choisissait son gendre et de la défaite des garçons, il partit pour connaître la vérité. En arrivant il aperçut bia Rung Reng en train de piler le riz devant la véranda, il demanda : « Qui-est-ce qui est en train de piler le riz ? Est-ce que votre maison est taboue ? Je voudrais monter et y passer un petit moment ». Ayant entendu cela, elle jeta un regard vers le bas et vit un beau garçon, elle lui demanda : « Où allez-vous ? Pourquoi toutes ces questions ? »

    - Je viens vous rendre visite. Comme j’ai entendu dire que vous sélectionniez un mari, je suis là pour tenter ma chance, dit Giông.
    - Pardi, vous ne savez pas qui est mon père, celui qui a tué plusieurs personnes qui avait la même idée que vous. Ne vous aventurez pas à mourir pour rien, rentrez chez vous vite, dit-elle subitement.
    - D’accord, je vais rentrer mais laissez-moi vous rendre visite quelques instants là-haut.

    Bia Rung Reng acquiesça, elle lui prépara ainsi de l’alcool et du poulet mais lui interdit de parler fort pour ne pas réveiller son père qui dormait dans sa chambre, sinon il risquait de le réveiller et de se faire tuer. Giông fit semblant de l’écouter mais au bout de quelques gorgées d’alcool, il parlait fort. Bră Rơmu sursauta en se réveillant et demanda : « Qui est-ce qui fait du bruit comme ça pour m’empêcher de dormir ? » Giông répliqua sans attendre : « C’est moi, je viens prendre votre fille comme épouse. »
    - Ah, quel insolent, je vais te tuer, n’as-tu pas entendu parler de moi ?
    - Je n’ai pas peur de vous. Venez !

    En colère, Bră Rơmu bondit de sa chambre, il était décidé à lui prendre le foie pour le manger. Mais Giông l’attendait, il lui donna un coup de pied qui le fit tomber par terre. Bră Rơmu fut tellement furieux qu’il se servit de la magie pour s’envoler dans le ciel en criant de bruyantes injures. Giông resta calme et retourna manger, il demanda à bia Rung Reng : « Qu’est-ce que vous me conseillez de faire à l’égard de votre père ? » Elle lui répondit : « C’est comme vous estimerez bon de le faire, à mon avis il faut le mettre à mort, à cause de sa façon de choisir un gendre, il a froidement tué plusieurs personnes ». Ayant obtenu sa réponse, Giông, s’aidant de la magie, s’envola dans le ciel, avec sa pipe il frappa Bră Rơmu, qui retomba par terre, puis il prit une ficelle pour lui attacher les mains et les pieds. Quand il brandit son couteau, Bră Rơmu eut peur de mourir et s’excusa de tout. Giông lui dit : « Maintenant que je vous ai vaincu, est-ce que vous me laissez épouser votre fille ? » Bră Rơmu fit de la tête signe que oui. Giông le détacha et le libéra. Peu de temps après les deux jeunes se marièrent. Bia Rung Reng était très contente d’avoir trouvé un mari aussi beau que talentueux. Giông demeura chez sa femme pendant un an avant de partir vivre avec elle, chez lui.

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    Crédit photo :

    Toutes les photos & illustrations sont tirées de l'ouvrage réédité.

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