Communications aux colloques
Communications aux colloques
Contestataires et contestation au Vietnam :
à la recherche d'un mode d'expression
Contestataires et contestation au Vietnam :
à la recherche d'un mode d'expression
Communication
faite au colloque organisé par Sciences Po/EHESS/MSH
Paris, 11 et 12 janvier 2001.
"Le Vietnam depuis 1945 : États, marges et constructions du passé"
Le
syndrome de la victoire
ou l'avocat contre le diable
En 1960 parut l'ouvrage de Gérard Tongas,
J'ai vécu
dans l'enfer communiste au Nord Vietnam et j’ai choisi la
liberté. Si le titre peut faire penser à de
l’anti-communisme primaire, le contenu quant à lui peut
surprendre. Bien sûr ce titre fait également penser
à
un autre ouvrage plus connu, paru une dizaine d’années
auparavant,
J’ai choisi la liberté, de Victor
Kravchenko, que Gérard Tongas avait pu lire lors de son
séjour
au Vietnam. Ancien proviseur du Lycée Honoré de Balzac
à Hanoi
et ancien directeur général de la revue
Orient-Occident, Gérard
Tongas qui était
très
bien informé de la situation de l’époque grâce
à ses amis vietnamiens bien placés, décrit une
sorte d’ « histoire immédiate »
du Vietnam de l’entre-deux-guerres d'Indochine. L’ouvrage,
aujourd’hui tombé dans l’oubli, car ne figurant
pas dans les bibliographies d’ouvrages sur le Vietnam parus ces
dernières décennies, devait être sans doute pour
l’époque l’unique source écrite dans le
genre, qui venait compléter, temporellement parlant, le
best-seller de Philippe Devillers devenu une référence .
Il ne s’agit pas tant d’un récit autobiographique
comme on pourrait s’y attendre, car Gérard Tongas dresse
ici l’état des lieux : situation économique,
commerce, artisanat, communications, vie culturelle, jeunesse,
santé
publique, éducation, etc., en passant par l’atmosphère
suffocante de la réforme agraire, et les effervescences du
mouvement des « Cents fleurs » avec ses issues
désespérantes. Bref, la mise en place d’un Etat
dans lequel fourmillent petits et grands événements,
s’entrecroisent les destins, apparaissent en relief les chemins
tortueux d’un pays aux prises avec son histoire. Pour ne donner
qu’un seul exemple sur la richesse inédite des
renseignements fournis par cet ouvrage, on y apprend que
l’entrée
en vigueur d’une économie centralisée visant à
anéantir socialement les artisans et les petits
commerçants
en tant que classe («petits-bourgeois»), a provoqué
une vague de suicides à Hanoi, « le plus souvent,
c’est par dizaines qu’ils se chiffrent quotidiennement ».
Acculés à la faillite devant un horizon sans
perspective, nombre de ceux-là ont choisi de mourir, la
plupart du temps avec d’autres membres de la famille, dans le
silence de l’oppression et de l’injustice. C’est le
cas d’un artisan-commerçant à qui l’auteur
rendit visite en mars 1958 : «
Il était
arrivé
au bout de son rouleau ! Au beau milieu d’une conversation
dramatique, il se leva et ouvrit une armoire. Il me désigna
une série de petits flacons bleus soigneusement
étiquetés.
C’était du poison ! Le poison nécessaire pour
supprimer d’un coup, et à coup sûr, sa nombreuse
famille de quinze personnes, lui compris bien entendu. (...) Et au
milieu avril 1958, on apprit sous le manteau que toute la famille,
à
l’exception de deux enfants de quatorze et dix-huit ans, avait
trépassé »
Il était par ailleurs interdit aux médias d’en
parler ouvertement .
A la même époque, le suicide de jeunes par amour
contrarié a servi de toile de fond à un poème de
Lê Đạt paru dans le 1er numéro du
Nhân văn en
date du 20 septembre 1956. Le poète se demande
pourquoi ils se sont donné la mort si on ne leur a pas
interdit d’aimer. La tentative de suicide de Trần Dần,
autre figure de proue de la contestation, eut lieu lors de sa
détention, dans ce même contexte politico-historique.
Ainsi, on serait tenté d’attribuer à ces actes
isolés, ces cris de désespoir qui résonnent dans
la conscience comme un signal d’alarme actionné par des
individus acculés à se sacrifier, un contenu
contestataire car, dans d’autres contextes, ce drame social
aurait fait la une des journaux dans le monde entier .
Témoin de ces tragédies hélas humaines, qui
finirent par l’atteindre, Gérard Tongas dut en fin de
compte plier bagage avec sa famille dans des conditions
hallucinantes, suite à des circonstances
« abracadabrantesques » où
l’incommunicabilité, le mot est faible, l’emporta
sur toute autre considération; alors qu’il était
décidé à prouver, après un conflit
meurtrier, une possible entente entre les deux peuples français
et vietnamien. Mais il était marginalisé même par
les siens, ceux qui travaillaient à la Délégation
française.
Une
chape de plomb annonçant le pire était tombée
sur cette partie du monde, et des voix qui cherchaient à
briser le silence furent vite étouffées par le bruit
des canons et des bombes qui détournaient l’attention.
L’enjeu avait changé de cadre : les problèmes
intérieurs devaient se terrer dans l’oubli pour laisser
la place à un conflit en voie d’internationalisation.
Aussi le témoignage
émouvant du juriste Nguyễn Mạnh Tường qui, cependant,
garde le sens de la mesure, prend-il valeur de réquisitoire.
Paru en 1992, l’ouvrage qui méritait une édition
plus prestigieuse et une diffusion plus large, retrace les grandes
lignes de l’itinéraire d’un contestataire écrasé
par une cruauté pernicieuse, pour avoir dit la
vérité
et demandé la liberté d’expression
Deux
doctorats, en Droit et ès Lettres, obtenus en France, Nguyễn Mạnh Tường rentre au pays en
1932 après avoir prêté
serment devant la Cour d’Appel de Montpellier l’année
précédente. Il commence par enseigner au Lycée
du protectorat en assurant quelques rôles sans importance dans
l’administration coloniale, avant de tout quitter pour ouvrir
son propre cabinet d’avocat à Hanoi, qui fonctionne
jusqu’à la prise de pouvoir par le Viet-minh. Comme
beaucoup d’intellectuels de l’époque, notre avocat
n’hésite pas une seconde à prendre le
« maquis »
en faisant don à la résistance de ses biens - immeubles
et bijoux de grande valeur - , quand les hostilités se
déclarent, au soir du 19 décembre 1946. Pendant la
guerre il parcourt la zone III (région de Thanh Hoa), pour
défendre le petit peuple en tant qu’avocat lors des
procès plus ou moins improvisés. Comme tout
résistant,
il ne peut échapper aux cours d’éducation
politique. On lui suggère de faire sa demande d’admission
au Parti, mais il décline cet honneur. Quand la paix revient,
on le nomme à des postes certes prestigieux, mais purement
honorifiques, car sans marge de manoeuvre : vice-président de
l’Association des juristes, Doyen de la Faculté de Droit
(moribonde), professeur à l’université chargé
des cours de littératures européennes, membre du
comité
central du Front de la Patrie, etc. En 1956, il conduit la
délégation
vietnamienne (mais sous la responsabilité d’un membre du
Parti) au Congrès de l’Association des juristes
démocrates tenu à Bruxelles. La délégation
a pour tâche d’« arracher au Congrès
une résolution approuvant la lutte - sous-entendu armée,
annoté par nous -, de notre peuple pour la réunification
du pays » ,
tâche qu’elle accomplit sans trop de mal en dépit
des réticences à l’ouverture du congrès.
Nous
sommes en pleine période du mouvement des « Cents
fleurs » ,
sur lequel nous reviendrons. Armés simplement de leur juste et
légitime cause, de jeunes artistes et écrivains
réclamèrent la liberté d’expression, et
c’est dans cette logique qu’ils s’adressèrent
à des intellectuels dont les plus respectés
étaient
Đào Duy Anh, Nguyễn Mạnh Tường et Trân Đức Thảo ,
le trio qui se révéla incorrigible. Le soutien de ces
figures fut à la hauteur de leurs attentes : tous les trois
acceptèrent de s’exprimer sur des sujets touchant à
la liberté d’expression et à la démocratie.
L’interview de Nguyễn Mạnh Tường fut publiée dès
le premier numéro du journal
Nhân văndaté
du 20 septembre 1956, à la première page. L’homme
de droit y fit le constat du manque de démocratie depuis la
fin de la guerre, et en analysa les raisons. D’après
lui, celle-ci était le principal obstacle à la
démocratie, mais avec le retour de la paix, les habitudes
prises en temps de guerre, habitudes peu démocratiques,
tendirent à se perpétuer; sans une véritable
démocratie sur cette moitié du pays, comment convaincre
l’autre moitié ? Et pour remédier à cette
situation, il faudrait, par exemple, dans le recrutement des cadres,
privilégier les compétences professionnelles et non le
critère partisan ; le comité central du Parti et le
gouvernement devraient garantir l’application de la démocratie,
etc. Les contestataires lui donnèrent encore la parole dans le
numéro du
Giai phẩm mùa thu III (Oeuvres
d’automne III), paru la même année, avec un petit
écrit qui reflétait la situation de l’époque
: « La lutte actuelle des intellectuels vietnamiens
s’intègre dans le cadre révolutionnaire et le
mouvement de lutte des intellectuels dans le monde. La négliger
ou la minimiser c’est commettre une erreur. Lui proposer un
dérivatif bancal, une issue superficielle, comme ferait un
grand qui donne un bonbon à un petit pour qu’il arrête
de pleurer, ce serait une grave erreur. Lui faire face ou s’opposer
à elle ... je n’ose continuer car je ne crois pas qu’un
pouvoir révolutionnaire agisse ainsi. »
Mais
l’écrit qui déclencha le cycle infernal de la
répression contre lui fut son rapport sur la réforme
agraire, lors du Congrès du Front de la Patrie tenu le 30
octobre 1956 . On apprit beaucoup plus tard, à la publication
de son témoignage, que c’était Xuân Thủy ,
secrétaire général d’alors du Front de la
Patrie, qui lui avait demandé de faire une conférence
sur la démocratie en Europe et en France, qu’il avait
accepté de la faire, devant, entre autres personnalités,
le secrétaire général Trường Chinh, et
qu’après
cette conférence, toujours à la demande de Xuân
Thủy et de Dương Bạch Mai
qui voulaient lire le texte pour alimenter leurs réflexions,
il avait consenti à « coucher sur le papier les
idées dont l’auditoire me [le] félicita » .
L’avocat fit donc dactylographier le texte en deux exemplaires
qu’il envoya au Front de la Patrie. On ne sait, aujourd’hui,
toujours pas comment ce texte put parvenir à Rangoon puis
à
Paris et enfin être publié à Saigon en 1959, dans
l’ouvrage dénonçant la répression des
intellectuels du Nord ,
puisque Nguyễn Mạnh Tường lui-même, s’inscrivit en
faux contre l’assertion faisant de lui l’élément
suspect qui aurait transmis des renseignements sensibles -
c’est-à-dire le texte de la conférence en
question - à l’étranger, sous-entendu dans le but
de nuire à la direction du pays. Regardons rapidement la
teneur de ce texte historique :
Le
Congrès du Front de la Patrie se réunit pour
étudier
les erreurs dans la réforme agraire, et la politique de
rectification de ces erreurs. (...) Si je suis content d'entendre les
critiques du Parti du Travail lues à la tribune par Monsieur
Trường Chinh ,
je dois avouer que ma satisfaction se trouve quelque peu
diminuée,
du fait des souvenirs que je garde des résultats néfastes
des erreurs commises dans la réforme agraire. Veuillez
accepter que je m'incline respectueusement devant tous ces innocents
qui ont péri, non pas à cause de l'ennemi, mais à
cause de nous-mêmes. (...) Quelle est la situation actuelle du
pays ? Nous constatons qu'à la campagne, la solidarité
n'est plus ce qu'elle était. A cause des erreurs
appliquées
durant la réforme, nous avons opposé les
différentes
classes les unes aux autres, les anciens cadres aux nouveaux,
l'ancienne cellule du Parti à la nouvelle. (...) Nous savons
que la population se plaint des magasins d'État : (...)
brutalité envers ceux qui vendent la force de travail, vente
de lait périmé sans penser à la santé des
enfants et des malades, distribution de beurre périmé,
de tabac moisi causant préjudice à la santé des
citoyens, impuissance devant la montée des prix alors qu'on a
la responsabilité de les stabiliser. (...) Comme Monsieur
Trường Chinh l'a déclaré, la confiance dans le
gouvernement et le Parti est très atteinte. (...) Quand on
lance le slogan « Même si dix innocents doivent
périr, cela vaut mieux que de laisser échapper un seul
ennemi », ce slogan n'est pas seulement gauchiste et
absurde mais il est encore contre-révolutionnaire. La mise en
application de ce slogan a discrédité la
révolution
et nombre de révolutionnaires. Si ce n'est pas
contre-révolutionnaire alors c'est quoi ? (...)
Dans une première étape, la politique était ivre
des victoires obtenues. La politique nous obsède à tel
point que nous n'arrivons plus à manger ni à dormir
à
cause de la « ligne politique » [lập
trường]. (...) Quand il faut choisir un chauffeur, on ne lui
demande pas s'il a le permis de conduire et depuis combien de temps
il conduit, mais « Quelle est votre ligne politique
? »
Résultat ? Rien qu'à Hanoi, des accidents par centaines
ces deux dernières années ; à cause de
chauffeurs qui ont leur ligne politique, mais qui ne maîtrisent
pas leur métier. Quand on amène un blessé grave
à l'hôpital, ce qu'on cherche à savoir en
premier, c'est à quelle classe il appartient. Soigner un
propriétaire signifie qu'on n'a pas de ligne politique. Le
laisser mourir prouve qu'on en a une. Pourquoi ces choses
monstrueuses ont-elles pu se produire ? Parce que la politique a
envahi tous les domaines de notre conscience, et nous a fait perdre
jusqu'au sens de l'humanité ; elle nous détourne des
vérités. L'une de ces vérités nous
apprend que la politique ne peut remplacer la compétence.
(...) A mon avis, ceci est une question clef. Les intellectuels
résistants se plaignent que le Parti ne leur fait pas
confiance. (...) En 1951, le mouvement de la médecine
militaire civile de l'interzone IV s'est effondré à
cause des cadres du parti introduits dans les hôpitaux qui ont
opprimé les spécialistes, poussant ainsi nombre de
médecins à quitter la résistance les larmes aux
yeux. (...)
Si
notre vie intérieure est agitée par l'inquiétude
de voir des tenants du pouvoir commettre des abus, c'est parce qu'il
nous manque un régime de droit bien clair, que les devoirs et
les responsabilités de chacun ne sont pas mentionnés,
que le citoyen n'a pas le droit, ni les moyens d'exprimer ce qu'il
pense. Ainsi, la rectification des erreurs doit s'orienter vers un
véritable régime de droit, un véritable
régime
démocratique. (...) Les masses sont en droit de réclamer
beaucoup à un gouvernement révolutionnaire, mais non,
elles ne réclament qu'une chose que tout le monde trouve
légitime. (...) Certains s'inquiètent de voir la
liberté d'expression que tout le monde juge nécessaire,
utilisée de travers. Nous devons réfléchir
à
cette question. Quel est le mobile de cette inquiétude ? (...)
Si elle est motivée par des raisons immorales et
illégitimes
ayant pour but d'anéantir les libertés
démocratiques,
dans ce cas je conseille à ceux qui s'inquiètent de
relire l'histoire des mouvements révolutionnaires depuis plus
d'un siècle. Ils verront que jamais personne ne peut
empêcher
un mouvement de masse en lutte pour les libertés
démocratiques. (...) »
A la
suite de ce rapport, pourtant applaudi, Nguyễn Mạnh Tường eut
à
affronter les accusations agencées en trois séances
qu’il qualifia de « corridas » : la
première au siège même du Front de la patrie, la
seconde à l’Université devant la foule des
curieux et du personnel qui au fond le soutenaient très
discrètement, et la troisième à huis clos au
siège du « Parti socialiste .
Étant membre de ces trois instances il fut aux yeux de tout le
monde jugé par « les siens », mais en
réalité le scénario était
étudié
dans les moindres détails et le Parti, en coulisse, en avait
élaboré le contenu. Il n’y eut pas de procès
véritable au sens judiciaire car les choses se
déroulèrent
hors du champ de la justice, l'accusé n’en fut pas moins
désigné comme « coupable ». Il
fut destitué de toutes ses fonctions, on lui interdit, et la
police y veilla, d’exercer son métier d’enseignant
et d’avocat. On voulait sa mort sociale tout autant que sa
morte lente sans avoir à l’interner, en le privant de
tout moyen de subsistance. Acculé à la misère
après avoir liquidé tous ses biens, y compris sa belle
bibliothèque vendue au prix de la matière
première,
pour en faire de la pâte à papier, même la
Bibliothèque nationale n’en voulant pas, il connut
presque quarante ans d’isolement, d’exil intérieur,
et de souffrances intolérables. Mais à une autre
échelle, il bénéficiait d’actes de
générosité venus de l’intérieur et
de l’extérieur, ce qui lui donna à
réfléchir
en constatant «l’impuissance des autorités à
stopper la transmission des nouvelles » .
Même dans les pires moments, il sut conserver l’optimisme,
se considérant comme « une herbe folle. On peut
marcher dessus, la coucher à terre, mais que vienne une goutte
de rosée, de pluie, ou une larme, et l’herbe se redresse
et sourit à la lumière ».
Admirateur des grands classiques grecs, d’Erasme, de La
Bruyère, de Montaigne, de Rousseau et surtout de Montesquieu,
il passa, comme tant d’autres, toute sa vie intellectuelle à
rapprocher l’Occident de l’Orient, ce qui le sauva
moralement durant sa traversée du désert. En 1989,
alors que les choses bougeaient, il fut invité, à
l’âge
de quatre-vingts ans, par ses amis français et vietnamiens
à
venir en France, occasion pour lui de recevoir des « soins
dévoués », et de faire quelques
conférences
dans différents établissements universitaires.
Comment
ce juste voyait-il l’avenir de son pays ?
«D’avoir
vécu une vie de quatre-vingts ans dans ma patrie, je commence
à connaître le peuple vietnamien. Comme quarante ans de
ces années se sont passés dans la géhenne
communiste, je finis par comprendre ceux qui en pratiquent la
doctrine. J’estime donc qu’une révolution par la
violence, pour déboulonner les dirigeants, serait inopportune,
inefficace et indésirable, parce que génératrice
de perturbations inouïes, de troubles irrépressibles, de
guerre civile, dont le peuple aurait à pleurer des larmes de
sang ! (...) Lors même que le pluralisme, qui fait couler tant
d’encre et de salive et contre lequel le Parti
communiste vietnamien vitupère avec une
ténacité
incompréhensible, serait proclamé et reconnu, on ne
voit pas quel parti pourrait recueillir, dans l’immédiat,
les suffrages populaires pour s’installer au gouvernement du
pays » .
Enfin il pensa qu’on « doit faire pour la diffusion
de la démocratie ce que le communisme a fait pour la
propagande du marxisme-léninisme » car
« pour
appliquer la démocratie, il faut en apprendre les principes et
organiser les institutions qui lui permettent de
fonctionner » .
Au
fond, l’enjeu était bien la démocratisation de la
société, et les contestataires ne firent que
réclamer
la traduction en actes des principes tenus pour acquis. N’oublions
pas que de 1945 à 1976, la moitié nord du pays s’appela
« République démocratique du
Vietnam »,
vocables qui à longueur de journée résonnaient à la radio.
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