pour ceux qui
souhaitent découvrir et connaître les Amérindiens plus en profondeur :
- Destins croisés. Cinq siècles de rencontres avec les Amérindiens,
Ouvrage collectif, Paris, UNESCO-Albin Michel, 1992, 611 p.
Quarante et un spécialistes des Amérindiens ont participé à ce volume de 603 pages coédité
par Albin Michel et l'Unesco pour marquer les cinq cents ans de la "découverte" du Nouveau Monde. L'ouvrage
est structuré en trois parties : "les Indiens du Mexique", "les Indiens d'Amérique du Nord", "les Inuit" qui
occupent à eux seuls 234 pages. Cette répartition est complètement disproportionnée par rapport à la démographie
et à la diversité ethnique du continent. On regrette à ce niveau que l'Amérique du Sud a été complètement laissée
de côté.
C'est la principale critique qu'on peut faire au concepteur-coordinateur de cette oeuvre. Il ne s'agit pas de
question de moyens, ni du manque de spécialistes. L'ouvrage rassemble des contributions d'une dizaine à
une vingtaine de pages de chacun d'eux. Si on gagne en diversité on perd en profondeur. Cela tient là encore
à la conception : il est plus facile et cela demande beaucoup moins de temps et mobilise beaucoup moins
de moyens pour publier ce genre d'ouvrage que de publier un ouvrage spécialisé sur un thème donné fait par
un seul chercheur. Autrement, c'est un bel ouvrage qui, bien relié et cousu de surcroît, rassemble les
contributions de spécialistes nous facilitant la compréhension de cinq siècles d'histoire.
- La conquête. Récits aztèques. Textes choisis et présentés par Georges Baudot & Tzvertan Todorov,
Seuil, 1983, 2009, 408 p.
Un autre regard sur la conquête de l'Amérique. Ce volume présente un choix de textes centrés sur l'épisode mexicain
sous la conduite de Hernan Cortés. La première partie est constituée de textes traduits de la langue originale
náhualt, et la seconde de vieux textes en espagnol qui remontent au XVIe siècle. Aucun de ces textes
même ceux écrits en espagnol n'était réellement accessible au public français car dans un premier temps ces
écrits "
ont été interdits, cachés, censurés ou même détruits". Leur publication a commencé au XIXè siècle avec
le mouvement d'indépendance des anciennes colonies mais ils sont restés inaccessibles au grand public.
Voici la liste des textes qui composent ce volume :
- "1.
Le Codex de Florence est une encyclopédie du monde aztèque, réalisée sous la direction du franciscain
Sahagun, qui comporte un texte náhuatl, un texte espagnol et des illustrations. Le récit de la conquête occupe
le Livre XII, dont la partie náhuatl se trouve intégralement traduite ici.
2.
Les Annales historiques de Tlatelolco sont la partie finale d'une histoire de la nation aztèque depuis les
origines jusqu'à la conquête. Elles ont été rédigées en náhuatl, à I'aide de l'alphabet latin, sept ans seulement
après la chute de Mexico, par un auteur anonyme.
3.
Le Codex Aubin est également un texte anonyme qui couvre l'ensemble de l'histoire mexicaine, depuis les
origines jusqu'après la conquête, la partie retenue ici correspond à la période du conflit entre Aztèques et
Espagnols. L'original se présente comme un manuscrit pictographique, où le texte vient en commentaire et
complément des images et des signes.
4.
Le Codex Ramírez est un ensemble de textes concernant l'histoire et les moeurs des Indiens, réunis par
le jésuite Tovar, il est entièrement en espagnoI. La partie traduite ici apparaît en annexe au texte principal (qui
a été plusieurs fois traduit en français).
5.
L'Histoire de Tlaxcala est écrite directement en espagnol par le métis Diego Muñoz Camargo, fils d'un
conquistador et d'une Indienne. L'auteur a eu l'accès à des sources indiennes mais il se place entièrement
du point de vue espagnol, et du reste sa patrie, Tlaxcala, combat aux côtés de Cortés contre l'empire mexicain.
On en trouvera ici les sept premiers chapitres, traitant de la période de la conquête.
6.
L'Histoire des Indes de Nouvelle Espagne du dominicain Diego Durá est un ouvrage en trois livres,
dont les deux premiers décrivent la religion des Mexicains, alors que le troisième raconte leur histoire depuis
les origines jusqu'à la victoire finale des Espagnols; on lira ici les dix-huit derniers chapitres de ce livre.
Durá suit en principe une histoire rédigée en náhuatl, mais il la complète et corrige par toutes sortes
d'autres sources.
Voilà, il n'y a plus qu'à lire, si l'envie vous en dit.
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- Le livre blanc de l'ethnocide en Amérique. Textes et documents
réunis par Robert JAULIN, Fayard, Coll. Anthropologie critique, 1972.
Un ouvrage pluridisciplinaire avec certes une dominante de l'ethnologie/anthropologie. On y retrouve entre
autres contributions, celles de grandes figures de cette discipline telles que Jean Malaury et Jacques Lizot.
Il s'agit des actes du colloque organisé en 1970 à l'initiative de Robert Jaulin qui avait proposé à ses
collègues de la Société françaises des américanistes de réfléchir sur leurs propres recherches.
Paru en 1972, au lendemain de 68 et des contestations de la jeunesse d'Outre-Atlantique,
cet ouvrage fait écho à la remise en cause du modèle occidental, à la crise de la pensée occidentale. Il s'agit
bien de l'Occident qui occupe en effet une petite moitié des contributions en volume. C'est donc un questionnement
sur la raison d'être de la discipline ellle-même, et à travers elle de la civilisation occidentale : "
Et à vrai dire rien n'a
changé avec la constitution d'une science
anthropologique. Complice de tous les impérialismes et colonialismes, elle perpétue sous le masque du
discours savant l'ethnocentrisme dont elle prétend vainement s'être débarrassée. Sans doute rejette-t-elle
l'exotisme naïf inventé par des voyageurs et explorateurs dont précisément la fonction était de fabriquer ces
mythes du bon ou du mauvais sauvage qui permettait d'établir le bien-fondé de la civilisation."
L'une des méthodes mises en oeuvre par les missionnaires pour éradiquer les cultures indigènes consiste
en la "destruction machinale des sanctuaires et des idoles, et à leur substitution par des croix. L'Église prit peu
à peu connaissance (...) des dogmes et des rites indigènes, au moins assez pour dresser une première liste
d'interdits dans la constitution du premier Concile de Lima (1551).
Ce Concile prohiba, bien sûr, tous les cultes et rites strictement religieux, ceux consacrés aux ancêtres
particulièrement, mais aussi les divers rites d'initiation, la majeure partie des danses et des fêtes, les
unions et mariages non conformes aux canons catholiques (plusieurs unions traditionnelles furent définies
comme incestueuses). Par ailleurs, les constitutions énuméraient une série d'obligations qui équivalaient
à autant de prohibitions culturelles." (p. 94)
Un regard juste sur les cinq siècles de domination, de destruction et de négation de l'autre sous divers prétextes.
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- Le nouveau monde. Les voyages d'Amerigo Vespucci (1497-1504),
traduction, introduction & notes de Jean-Paul DUVIOLS, Chandeigne, 2005, 303 p.
D'abord, une belle édition cousue, couverture cartonnée de la collection Magellane. Après une très longue
introduction, les lecteurs découvriront les "Lettres familières" de Amerigo Vespucci au nombre de quatre
qui nous sont parvenues, traduites ici pour la première fois en français, eh oui !
Si les descriptions faites par Vespucci ont été vérifiées par la suite, un autre intérêt que présente l'ouvrage
c'est l'analyse - avec des textes à l'appui - de la controverse au sujet du nom du Nouveu monde. Vespucci n'a-t-il
pas usurpé la gloire de Christophe Colomb ?
En tout cas c'est le géographe Waldseemüller du Gymnase Vosgien à Saint-Dié, qui n'a jamais voyagé, qui a
donné le nom d'America au Nouveau Monde : ce nom apparaît pour la première fois en 1507 sur
une carte du monde publiée par Waldseemüller dans l'ouvrage intitulé
Universalis Cosmographie.
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- Le pouvoir des ombres. Discours du chef Seattle,
traduction de Nathalie Novik, illustration de Daniel Canton, CSIA, 1988,
Tout est dans le titre, il faut cependant ajouter que ce discours prononcé en 1885 par un leader dwamish résigné,
est une réponse au gouverneur Isaac Stevens des "Territoires de l'Oregon", dans le cadre d'un traité de cession
des terres, ce traité ne fut jamais ratifié par le Sénat.
"Il est certain que, rétrospectivement,
le discours de Seattle apparaît presque
comme une prophétie, comme une vision à très long terme de ce qui allait arriver à tous les peuples indiens
du continent et , avec le temps, ternir les "hauts faits" de l'envahisseur blanc."
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- Les voix de Wounded Knee. Un peuple résiste,
CISIA (Comité d'information et de soutien aux Indiens d'Amérique), 1980, 270 p.
L'ouvrage est introuvable aujoud'hui car épuisé. Chronique et témoignages nous transportent au coeur d'un événement
dramatique qui s'est déroulé sur un lieu historique : Wounded Knee dans la réserve de Pine Ridge qui résonne
comme un cauchemar pour les Oglala (Sioux). L'hiver 1890 "les forces gouvernementales massacrèrent
presque 300 Indiens, principalement des femmes et des enfants après qu'ils aient rendu toutes leurs armes
sauf une.
"L'hiver 1973 plusieurs centaines de Sioux Oglala et des sympathisants d'autres tribus retournèrent à Wounded
Knee pour y manifester. Ils le firent à la demande des leaders traditionnels oglala, après qu'aient été essayés
tous les autres moyens pour changer les conditions de vie sur la réserve.
Cette manifestation en terre indienne pour les droits des Indiens fut contrée par le gouvernement US avec des
APC, des hélicoptères, des fusils automatiques et d'autres armes de la guerre du Vietnam.
C'est un livre document." Livre abondamment illustré de photos prises sur le vif.
Rappelons au passage que
Leonard Peltier est en prison depuis cet événement,
on l'accusait d'avoir tué deux agenst du FBI, ce qu'il a toujours nié.
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- Peaux-Rouges et Robes noires. Lettres édifiantes et curieuses
des jésuites français en Amérique au XVIIIe siècle, édition établie et présentée par Isabelle et Jean-Louis
VISSIÈRES, Coll. Outre-Mer, aux Éditions de la différence, 1993, 398 p.
Il s'agit d'une réédition des fameuses "Lettres édifiantes", ces "pieuses narrations composées dans le but
évident de demander aux fidèles de l'argent pour la propagation de la foi".
"
Au cours du XVIIIè siècle, la découverte se poursuit selon un schéma classique : conquête, annexion,
colonisation, luttes armées, heurts des impérialismes.
Si l'Amérique du Sud reste le domaine presque exclusif des Espagnols et des Portugais, l'Amérique
septentrionale offre un champ illimité aux ambitions anglaises et françaises.
Les guerres de cette période (de la Ligue d'Augsbourg, de la succession d'Espagne, de la Succession
d'Autriche, de Sept ans) se prolongent là-bas par des conflits coloniaux aux enjeux considérables :
- contrôle des points stratégiques et des grandes voies de communication (Saint-Laurent, Hudson, Grands
Lacs, Mississipi);
- monopole du commerce des fourrures dans le Nord et , dans le Sud, des produits tropicaux (café, sucre,
rhum, coton, cacao);
- mainmise sur les ressources minières, réelles ou imaginaires, qui suscitent des convoitises frénétiques."
Voilà ce qui est écrit dans l'avant-propos par Isabelle et Jean-Louis Vissière.
Un petit extrait :
"
Cette nation comme les autres, a ses médecins. Ce sont pour l'ordinaire des vieillards qui, sans étude et sans
aucune science, entreprennent de guérir toutes les maladies. Ils ne se servent pour cela ni de simples, ni de
drogues; tout leur art consiste en diverses jongleries; c'est-à-dire qu'ils dansent, qu'ils chantent nuit et jour autour
du malade, et qu'ils fument sans cesse en avalant la fumée du tabac.
Ces jongleurs ne mangent presque point tout le temps qu'ils sont appliqués à la guérison de leurs malades;
mais leurs chants et leurs danses sont accompagnés de contorsions si violentes que, bien qu'ils soient tout
nus et qu'ils doivent souffrir du froid, leur bouche est toujours écumante. Ils ont un petit panier où ils conservent
ce qu'ils appellent leurs esprits, c'est-à-dire de petites racines de différentes espèces, des têtes de hiboux,
de petits paquets de poil de bêtes fauves, quelques dents d'animal, de petites pierres ou cailloux et d'autres
semblables fariboles.
Il paraît que, pour rendre la santé à leurs malades, ils invoquent sans cesse ce qui est dans leur panier. On en
voit qui ont une certaine racine, laquelle par son odeur endort et étourdit les serpents. Après s'être
frotté les mains et le corps de cette racine, ils tiennent ces animaux sans craindre leur piqûre, qui est mortelle."
Lettre du P. Le Petit, missionnaire, au P. d'Avaugour, Procureur des missions de l'Amérique Septentrionale,
p. 211.
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- Pieds nus sur la terre sacrée, textes rassemblés par T.C. McLUHAN, photos de Edward CURTIS,
Denoël, 1974, 187 p.
Beau livre sans être volumineux. Sont exposés ici tous les passages importants sur la culture et la vision
du monde des Amérindiens pour ne pas employer un terme plus conventionnel, "philosophie". C'est donc
un condensé nous permettant d'approcher les Amérindiens à travers leur univers culturels, émotionnels et
idéels. L'ouvrage est richement illustré de photos, entre autres de grands chefs, prises par Edward S. Curtis.
Nous avons beaucoup emprunté à cet ouvrage pour présenter le chapitre
"La pensée amérindienne" de notre site.
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-
Terre indienne. Un peuple écrasé, une culture retrouvée, Ouvrage collectif dirigé par Philippe JACQUIN,
Paris, Autrement, 1991, 228 p.
Cet ouvrage a fait l'objet d'un compte rendu détaillé sur RFI à la Section vietnamienne. L'émission a été diffusée
le 26 décembre 1997. Les lecteurs/internautes vietnamiens et vietnamisants sont invités à se rendre à la page
suivante de notre site :
compte rendu
Sinon, en deux mots, cet ouvrage donne un aperçu sur le destin des Amérindiens depuis leur rencontre avec
l'Homme Blanc jusqu'à la fin du vingtième siècle. Un travail synthétique qui donne envie d'en connaître plus.
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- BANCROFT-HUNT Norman, L'atlas les Indiens d'Amérique,
traduit de l'anglais par Anne Sladovic, Éditions Atlas, 2006, 214 p.
C'est un beau livre sans être volumineux dont l'original a été publié en Grande Bretagne en 1995. On
remarque aussi une très riche iconographie d'une beauté exceptionnelle dont beaucoup de tableaux
de George Catlin. L'ouvrage traite uiniquement de l'Amérique septentrionale, de l'Arctique à la Floride.
Ajoutons que l'approche est plutôt ethnographique que historique.
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- BROWN Dee, Enterre mon coeur à Wounded Knee,
Stock, 1973, 1997, 1992, 556 p.
Quatrième de couverture :
Tuez tous les Indiens que vous rencontrerez. Du massacre des Navajos en 1861 à l'extermination des Sioux
trente ans plus tard, telle fut la consigne que les officiers supérieurs de l'armée américaine suivirent avec un
zèle et une haine féroces...
C'est le catalogue effrayant d'un génocide organisé, où disparurent des centaines de tribus ayant pour seul
tort d'habiter leur pays, que dresse Dee Brown dans ce récit - le premier du genre lors de sa publication voici
vingt ans - de la conquête de l'Ouest américain vue du côté indien.
Après tant de distorsions des faits par les Blancs habiles à transformer usurpations et rapines en exploits,
justice est enfin rendue à Ieurs victimes dont nous entendons pour la première fois la voix grâce à ce
magnifique ouvrage fondé sur des documents d'époque, et singulièrement une énorme masse de rapports
dactylographiés reproduisant mot pour mot les entretiens des chefs indiens avec les hauts fonctionnaires et
les généraux américains. Justice ? Pas vraiment, affirme Dee Brown. Le crime est trop grand pour être
pardonné, trop irréversible pour être racheté.
Certes, il y eut des deux côtés des bons et des méchants. Mais ainsi que le dit Grand-Aigle, le chef Sioux,
avec une touchante candeur: "Bon nombre d'hommes blancs abusaient les Indiens et les traitaient
cruellement. Peut-être avaient-ils raison mais ce n'était pas l'avis des Indiens..." Gageons que ce ne sera
pas non plus l'avis du lecteur.
Né en 1908, apprenti-imprimeur avant de devenir journaliste et universitaire, Dee Brown s'est rendu
mondialement célèbre avec plus de vingt ouvrages, romans et documents sur l'histoire de la conquête de
l'Ouest. Il vit dans sa ville natale de Little Rock (Arkansas).
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- CARLSON Paul H., Les Indiens des plaines.
Histoire, culture et société, traduit de l'américain par Alain Deschamps, Albin Michel,
Coll. Terre indienne, 2004, 309 p.
Quatrième de couverture:
"Sioux, Cheyenne, Comanche, Kiowa, Pieds-Noirs ou encore Arapahos: les Indiens des Plaines incarnent
toujours, aux yeux du grand public, l'archétype de l'Indien d'Amérique du Nord.
Rarement culture aura autant frappé les esprits et les imaginations. De Buffalo Bill à Danse avec les Loups,
ces cavaliers nomades, chasseurs de bisons, ont été immortalisés dans la littérature et la bande dessinée,
au cinéma et à la télévision.
Par-delà l'imagerie populaire et les clichés, c'est le portrait d'une culture fascinante que dresse Paul Carlson
à travers un récit vivant et érudit, où il est autant question d'organisation sociale, politique, militaire,
économique que religieuse. De la préhistoire à nos jours, où les Indiens des Plaines redonnent vie à leur
spiritualité et à leurs traditions, l'historien américain retrace les grands moments d'une aventure où le choc
des cultures, notamment lors de la conquête de l'Ouest, tient une large part.
Salué par la presse américaine comme l'un des meilleurs ouvrages sur le sujet, le livre de Paul Carlson
s'impose déjà comme un classique."
L'ouvrage est augmenté d'une annexe ce qui est très appréciable pour la recherche.
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- CLASTRES Pierre, Chronique des Indiens Guayaki :
ce que savent les Aché, chasseurs nomades du Paraguay , Plon, Coll. Terre humaine,1972, 351 p.
Pierre Clastres a passé un an chez les Guayaki ("Rats féroces") qui se dénomment Aché (les Personnes)
et qui vivaient aux confins du Paraguay vers la frontière brésilienne. Ce sont des nomades qui vivent de chasse
et de cueillette sans villages fixes. L'auteur nous retrace la vie quotidienne de ce peuple dont les enfants
comme ceux des autres Amérindiens sont particulièrement choyés et libres. "Le mariage est un acte social
où sont impliqués deux groupes de femmes : celui des preneurs de femmes et celui des donneurs de
femmes. L'inégalité provient de ce que celui-ci prend quelque chose à celui-là (même si, maintenant ou plus
tard, une autre femme vient remplacer la première) : à l'un le manque, à l'autre l'excès. Un mariage ce n'est
pas neutre, il introduit de la différence, et celle-ci peut fort bien conduire au différend : à la violence, à la guerre.
Naguère, les tribus guayaki luttaient entre elles parfois pour conquérir un territoire de chasse que les premiers
occupants défendaient ; plus souvent, pour capturer des femmes, comme l'avait déjà remarqué Lazaro. C'était
nécessaire, car il y avait presque toujours plus d'hommes que de femmes."
Quoi qu'il en soit, on est loin du paradis terrestre. La lutte pour la vie... n'avantage pas les plus faibles.
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- CLASTRES Pierre, La société contre l'État,
Recherches d'anthropologie politique, Éditions de Minuit, 1974, 186 p.
Un grand classique de l'anthropologie politique, Pierre Clastres qui nous a quittés trop tôt, analyse dans cet essai
les différentes composantes du pouvoir politique chez les peuples sans États, en l'occurrence des Amérindiens
de la partie sud du continent. La fonction du chef, les qualités requises pour assumer cette fonction, et les
rapports de ce personnage avec le reste de la tribu sont analysés à la loupe. Ces sociétés ont trouvé un modèle
digne de sagesse car la richesse est complètment séparée du pouvoir contrairement à la nôtre: le chef est entre
autres qualités une personne généreuse qui doit donner à tous ceux qui viennent lui demander de l'aide,
impossible donc d'accumuler de la richesse, le chef est le plus mal loti du groupe. Comparé à notre société
qui repose sur les biens matériels, et dans lequel le pouvoir est synonyme de privilèges, et où la richesse permet
de parvenir plus facilement au pouvoir, un abîme les sépare.
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- COURY Charles, La médecine de l'Amérique précolombienne,
Paris, Les Éditions Roger Dacosta, 1982, 350 p.
Thème rare dans les publications sur l'Amérique indienne. L'auteur qui est professeur d'Histoire de la Médecine et
de la Chirurgie à la Faculté de Médecine de Paris, n'a pas hésité à écrire que "dans ce domaine, dont il nous a
semblé opportun de donner un tableau d'ensemble, ils [les Amérindiens] avaient peu à envier à leurs semblables, encore
inconnus, de l'Ancien Monde, quand ils ne les ont pas dépassés." Rappelons que les Péruviens soignaient la malaria
et autres fièvres avec l'écorce du quinquina, - ce qui a donné la quinine par la suite - bien avant l'arrivée des Espagnols.
Puis ce sont les Jésuites de Lima qui ont popularisé l'emploi de cette drogue en Europe par l'intermédiaire de
leur Compagnie, "ce qui lui valut de substantiels profits".
L'ouvrage est richement illustré d'une belle iconographie et augmenté d'une bibliographie contenant plus de
250 titres.
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- CURTIS Edward, Les Indiens d'Amérique du Nord. Les portfolios complets, Taschen, 1997, 768 p.
Edward Curtis (1868-1952) a passé 20 ans de sa vie à l'étude des tribus indiennes d'Amérique du Nord. Est
rassemblé dans ce volumineux album l'intégralité de ses oeuvres en images. Un document exceptionnel
accessible au grand public.
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- A. KINNEY GRIFFITH & NIŇO COCHISE, Les cent premières années de Niňo Cochise, traduit de l'anglais (USA) par Annick Baudoin, Ilustrations de photos, Éditions du Seuil, 1973, 386 p.
C’est une autobiographie de Niňo Cochise, petit fils du grand chef Cochise, devenu à son tour chef à seize ans d'une partie de sa tribu qui a échappé aux réserves prévues pour eux les Apaches. Une trentaine d’individus dont des femmes et des enfants ont réussi à passer entre les mailles, puis s’installer sur un sommet de la Sierra Madre en reconstituant la vie d’une communauté à partir de rien à Pa-Gotzin-Kay. Ils ont même réussi à accueillir trois cents Tamahumara spoliés par le gouvernement et chefs de provinces mexicaines. Imaginons cinq minutes ce que représente « une communauté de quelques dizaines de personnes qui accueille une autre communauté de 300 personnes », soit 6 fois la population du peuple accueillant ! Un récit à dévorer.
Extraits :
Un peu plus tard, Kersus, un des gardes, arriva au galop m'annoncer qu'un homme approchait par le sud. Il avait l'air d'un Tarahumara, était à pied et portait un drapeau blanc. La venue d'étrangers à Pa—Gotzin—Kay était devenue chose courante, et je dis à Kersus de le faire entrer. Tandis qu'il repartait au galop, Buck s'assit sous un arbre, le chapeau sur les yeux, pour faire un petit somme. J'avais bien envie d'en faire autant, mais un autre garde arriva, conduisant l'homme au drapeau blanc.
J'observai l'étranger; il était d'âge moyen, maigre, sale, nu au-dessus de la ceinture; il avait l'air nerveux ou apeuré. Sa peau était d'une couleur intermédiaire entre l'or et le cuivre. Un Indien typique, mais plus clair que nous, Apaches, qui étions brûlés par le soleil. J'attendis qu'il parle.
« Je m'appelle Jemez, Benito Jemez, dit-il, parlant un mélange de mexicain et de tarahumara. Je suis le cacique des Tarahumaras, qui furent autrefois un grand peuple. Nous ne sommes plus maintenant que trois cents et nous avons dû quitter nos terres du Temosachic. Après notre dernière défaite, j'ai fui dans les montagnes avec mon peuple, sans armes. Il y avait deux mille soldats en campagne contre nous. L'homme à qui je succède a été soumis à la ley-fuga 1 (loi de fuite) quand il s'est rendu
l'année dernière. Il s'appelait Imochic. Maintenant, je viens à toi. Nous mourons de faim.
- Où êtes-vous maintenant? demandai-je.
- A trois montagnes à l'est, du côté chihuahua. Nous cherchons un endroit où nous arrêter pour soigner nos blessures. Personne n'est plus à l'abri de ces Nakavdi dévoreurs de taxes — non, pas même les colonizadors (les mormons) dont ils sont parvenus, à force de mensonges, à nous faire haïr. Ils leur ont dit que les Tarahumaras étaient des voleurs de bétail, et les Américains tirent sur nous dès qu'ils nous aperçoivent.
— Ils ne le feront plus, répondis-je. Vous êtes maintenant du côté des Blancs. J'y veillerai.
— No comprendo.
— Nous, les Apaches, nous te donnerons de la nourriture et des armes; tu pourras alors retourner vers ton peuple. Avez-vous des chevaux?
— Pas un. Nous les avons tous mangés. »
Je fis un signe à Dee-O-Det qui alla dans la kiva communale chercher un fusil et quelques cartouches. Ma mère donna un morceau de venaison au chef Jemez. Affamé comme il l'était, il l'engouffra. Comme presque tous ces Indiens du Nord du Mexique, il était devenu pauvre, famélique, abattu et craintif. Je lui dis d'amener son peuple chez nous, où il y avait de la place pour eux. Plus tard, je lui expliquerais comment il se retrouvait du côté des ranchers américains. On lui apporta un cheval, [avec une selle faite à la main. Il se mit en selle. Je lui recommandai de ne pas manger ce cheval-là. Je tenais à le voir revenir. Et ajoutai, en manso apache emphatique : « Ata-B’n-ata-yeyn huf’tan ! (je te souhaite de réussir). »
Il acquiesça de la tête et partit au galop. Je pensais : "Humm. Trois cents personnes de plus à nourrir. Comment vais-je faire? Je peux leur donner à manger quelque temps, mais pas longtemps, ou nous mourrons tous de faim... »
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- LAME DEER Archie Fire, Le cercle sacré. Mémoires d'un homme-médecine sioux (Gift of power),
traduit de l'anglais (USA) par Michel Valmary, Paris, Albin Michel, 1995, format poche 2000, 425 p.
Sans être la suite de "
De mémoire indienne", cet ouvrage a pour auteur le fils de John Fire Lame Deer,
autrement dit Tahca Ushte ou Cerf Boiteux pour les intimes, avec la collaboration du même Richard Erdoes,
qui a rédigé les mémoires du père. On a ainsi des témoignages sur plusieurs décennies d'une même lignée.
Si le père était un conteur né, les talents de conteur du fils étonnaient encore plus Richard Erdoes.
Un petit extrait :
"Je me rappelai alors un événement qui s'était produit il y avait bien longtemps, en 1947. Mon père m'avait
emmené voir un vieil ami à lui, Washu Maza, dit Iron Hail (Grêle-de-fer), connu également; sous le nom de
Dewey Beard; c'était un très vieil homme,qui avait combattu Custer à la bataille de Little Big Horn. Il devait
avoir plus de quatre-vingt-dix ans, mais il se tenait bien droit, et il avait l'esprit tout à fait lucide. C'était un ami
de Tashunke Witko (Crazy horse), et mon père souhaitait l'entendre parler de notre plus grand guerrier; il
voulait surtout savoir s'il connaissait encore le chant de Crazy Horse, car il désirait l'apprendre.
Dewey Beard me parla de Crazy Horse. Ce grand homme lakota, qui ne se donna jamais le titre de chef,
avait attaché une pierre yuwipi dans la crinière de son cheval, afin que l'animal ne puisse être blessé ou tué.
Quant à lui, il portait toujours, derrière l'oreille, une petite pierre médicinale qui le protégeait des balles de
fusil. Dewey Beard raconta aussi qu'il avait vu Crazy Horse se préparer pour une quête de vision: il évoqua
cette silhouette mince, vêtue d'un morceau de tissu autour des reins et de mocassins, avec deux longues
tresses d'un brun légèrement cuivré. En y repensant, je fus frappé par la correspondance exacte entre les
descriptions du vieil homme et la vision que nous avions eue sur Bear Butte." (p. 309)
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- DEBO Angie, Histoire des Indiens des États-Unis, Albin Michel, Coll. Terre indienne, 1994, 536 p.
Difficile de faire une synthèse de l'histoire des centaines de tribus amérindiennes des États-Unis en un
seul ouvrage. C'est le défi d'Angie Debo (1890-1988) qui est l'une des meilleurs historiens états-uniens sur
les Amérindiens. Elle a publié une douzaine de titres sur ce thème, ses idées dérangeaient l'Establishment.
Ses recherches sont basées à la fois sur les archives, des témoignages, et du vécu, étant elle-même témoin
du déclin des cultures amérindiennes, de la déchéance de ces peuples.
Quelques dates :
1608 : Le Français Samuel Champlain fonde Québec.
1680 : Grande révolte des Indiens Pueblos : plus de 400 missionnaires, soldats et colons massacrés.
Depuis cette date ils ont retrouvé la paix.
1689-1815 : Longue succession de conflits franco-britanniques qui ne prit fin qu'avec Waterloo.
1763 (10 février) : Signature de la Paix de Paris : la France est dépossédée de toutes ses colonies
d'Amérique du Nord, à l'exception des îles Saint-Pierre-et-Miquelon. L'Espagne cède la Floride à
l'Angleterre et reçoit, en compensation, la Nouvelle Orléans, le delta du Mississipi et la moitié occidentale
de la Louisiane.
1776 : Les Espagnols s'installent à San Francisco après avoir établi une mission et une garnison à San Diego.
1803 : Acquisition de la Louisiane par les États-Unis.
1808 : Tecumseh et son frère Tenskwatawa bâtissent "Prophet's Town" dans l'Indiana.
1812 (18 juin) : Les États-Unis déclarent la guerre à l'Angleterre.
1824 : Création du Bureau des Affaires indiennes (Indian Office) au Ministère de la Guerre.
1828 : La Géorgie et l'Alabama ont voté des lois interdisant à tout Indien de témoigner en justice contre un Blanc,
porte ouverte au pillage légalisé.
1830 (28 mai) : le Congrès américain adoptait l'
Indian Removal Bill, qui prévoyait l'échange des terres
indiennes de tout État ou territoire des États-Unis, mais plus particulièrement du Sud-Est, contre des terres
situées à l'ouest du Mississipi et le transfert des Indiens sur ces dernières. Le Président Andrew Jackson se
servit de cette loi pour chasser les tribus du Sud de leurs terres ancestrales et les faire émigrer dans l'Ouest,
bref, la déportation sous bonne conduite de la loi peut commencer.
1838 : La "Piste des Larmes" : déportation des Cherokee en Oklahoma.
1848 : Les Américains ont annexé la province mexicaine du Nouveau-Mexique qui est devenue, en 1850,
le territoire du Nouveau-Mexique (Nouveau-Mexique actuel, Arizona et sud du Colorado).
1850 : Création du territoire de l'Utah, la Californie devient un État de l'Union.
1861-1865 : Guerre de Sécession qui concerne toutes les tribus indiennes.
1864 : Création du territoire du Montana.
1868 : Création du Territoire de Wyoming.
1871 : - Mort du Chef Joseph qui après la mascarade du traité de 1863 a déchiré la Bible et abandonné
les façons de faire des Blancs. Il était un chrétien convaincu, partisan de la paix, du "progrès" et ami des Blancs.
- Le Congrès vote 70.000 dollars de crédit "pour regrouper les Apaches des territoires de l'Arizona et du
Nouveau-Mexique sur des réserves [...] et leur apporter la paix et la civilisation". Les réserves indiennes datent
de cette époque.
- Abandon de la politique des traités avec les tribus indiennes.
1873 : Environ 5 millions de bisons sont massacrés : le bison étant la principale ressource alimentaire et la base de la vie
matérielle des Indiens des Plaines.
1876 (25 juin) : Custer et son régiment de quelque 600 cavaliers sont anéantis à la bataille de Little Big Horn par des Sioux,
Cheyennes et Arapahoes.
1886 : Les derniers bisons ont été abattus.
1890 :
15 décembre : Mort de Sitting Bull dans une tentative d'arrestation dégénérée en mêlée générale ;
30 décembre : Massacre de Wounded Knee mettant un terme à quatre siècles de guerres indiennes ;
la jeune Angie venait de fêter son premier Noël dans le nord-est du Kansas à deux pas de la fameuse piste
d'Orégon (principale voie d'accès vers le nord-ouest des États-Unis empruntée par les colons du XIXe siècle,
d'une longueur de plus de 3200 km partant du Missouri pour atteindre Oregon City.)
Tournant du XX siècle : La population indienne atteint son niveau démographique le plus bas (250.000)
1907 : Oklahoma devient le 46e État des États-Unis.
1909 : Mort de Geronimo en prison.
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- CROW-DOG Mary, Lakota woman. Ma vie de femme sioux, traduit de l'anglais (USA) par Dominque Péju,
préface de Joëlle Rostkowski, Paris, Albin Michel, 1992, 290 p.
Mary Crow Dog relate dans cette autobiographie la difficulté pour une femme indienne (Sioux) d'être dans
la société états-unienne. C'est aussi un récit d'une femme engagée - puisque l'auteure était membre de l'AIM
(American Indian Movement) - dans les luttes des années 1970 sous l'influence du Black Power. Mary Crow Dog
a organisé le sit-in dans le Bureau des Affaires Indiennes, et plus tard, elle faisait partie de ceux et celles qui
participèrent au siège de Wounded Knee en 1973 qui dura 71 jours. Son premier fils est né sous le sifflement
des balles.
Le récit bénéficie de la complicité de Richard Erdoes qui a fait connaître John Lame Deer dans les décennies
précédentes.