pour ceux qui
souhaitent découvrir et connaître les Amérindiens plus en profondeur :
- ERDOES Richard & ROTIZ Alfonso, L'oiseau-tonnerre
et autres histoires. Mythes et légendes des Indiens d'Amérique du Nord, traduit de l'anglais (USA) par
Simone Pellerin, Paris, Albin Michel, Coll. Terre indienne, 488 p.
Quatrième de couverture :
"Un inestimable ensemble d'histoires placées sous le signe de la vie, du mystère et du merveilleux."
Peter Mahiessen
Avant l'arrivée des Blancs, la tradition orale constituait l'unique mode de transmission des contes, légendes et
récits des Indiens d'Amérique du Nord. Richard Erdoes, écrivain, et Alfonso Ortiz, anthropologue, ont
rassemblé un grand nombre de ces histoires léguées de génération en génération.
Puisées aux meilleures sources ethnologiques du XIXe siècle ou exprimées par des voix contemporaines,
ces légendes, émanant de nombreuses tribus, proviennent de tout le continent nord-américain. Les mythes
de la création du monde et des êtres vivants, les récits guerriers et les figures héroïques, les fables
animalières, les contes surnaturels ou les visions prémonitoires ici regroupés n'ont pas seulement pour but le
divertissement ; ils donnent une forme concrète à un ensemble de croyances et de traditions, véritable miroir
d'une philosophie et d'une spiritualité. Provenant du coeur et de l'âme de ces peuples longtemps méconnus,
ces textes témoignent de la richesse des cultures indiennes qui n'ont pas attendu la découverte du Nouveau
Monde pour exister.
"Nous ne possédons rien de plus universel que nos mythes. Ce recueil de légendes indiennes rassemblées
par Richard Erdoes et Alfonso Ortiz, probablement le plus important qu'on ait jamais réalisé, constitue un
précieux apport au patrimoine culturel de l'humanité."
Dee Brown
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- GALEANO Eduardo, Les veines ouvertes de l'Amérique latine. Une
contre-histoire, traduit de l'espagnol par Claude Couffon, Plon, Coll. Terre humaine, 1981, 467 p.
Un ouvrage à ne pas manquer. L'auteur nous brosse l'histoire de l'Amérique latine exploitée et soumise par les
grandes puissances depuis la conquête du nouveau monde : l'Espagne, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne
puis les États-Unis. C'est un cri de colère qu'on comprend tout à fait. L'ouvrage
a sonné tellement juste qu'il est devenu une référence dans l'enseignement supérieur de toute l'Amérique latine.
Quand les dernières pages sont tournées, on comprend pourquoi tant de misère, tant de
corruption, tant de coups d'État, sur la moitié d'un continent qui détient tant de richesses.
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- HYDE George E., Histoire des Sioux. Le peuple de Red cloud, (Red Cloud's Folk, a History of the Oglala
Sioux Indians) traduit de l'anglais (USA) par Philippe Sabathe, Éditions du Rocher, Coll. Nuage Rouge, 1994, 474 p.
Cet ouvrage est présenté, dans l'Avant-propos d'Olivier Delavault, comme l'un des quelques centaines parmi
des milliers sur les Amérindiens "dignes d'intérêt et méritant d'être signalés". George HYDE a mis dix ans à
le rédiger dans la solitude et la souffrance.
"L'auteur s'efface" pour laisser parler uniquement les faits présentés.
À la lecture, cette rigueur est loin d'être observée car à bien des passages, le lecteur se demande s'il a bien
compris l'interprétation donnée par l'auteur.
Quoi qu'il en soit l'ouvrage couvre une longue période (1650-1878) et la lecture est enrichissante.
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- JOHNSON Sandy, Le livre des anciens,
Albin Michel, Coll. Terre indienne, 1996, 347 p.
C'est la voix des anciens à travers la plume de Sandy Johnson qui n'était pas destinée à écrire un ouvrage sur
les Amérindiens du nord. Encore une rencontre voulue par le pouvoir d'homme-médecine. Une nuit de
Manhattan, un ciel étoilé : une lumière blanche déchire l'obscurité et pénétre dans la chambre de Sandy Johnson,
un visage apparaît, le même qu'elle découvrira avec stupéfaction quelque temps plus tard en se rendant chez
les Oglala dans la réserve de Pine Ridge, Dakota du Sud. Cela ne relève pas de la magie.
D'autres témoignages d'anciens se succèdent. Parfois on frôle la frontière du temps. Un ouvrage réconfortant et
envoûtant au-delà des larmes.
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- JONES David M. & MOLYNEAUX Brian L., Mythologies des Amériques.
Encyclopédie illustrée des dieux, des esprits et des lieux sacrés d'Amérique du Nord, de Méso-Amérique
et d'Amérique du Sud, traduit de l'anglais (USA) par Olivier et Isabelle Fleuraud, EDDL, 2002, 256 p.
Un beau livre qu'on aimerait avoir en cadeau. C'est aussi un outil de travail. Les grands thèmes tels que
"Les esprits de la Terre", "La Mort et l'Au-delà", "La création de l'Univers", "l'Ordre du Monde", "Les Mythes de
Création", "Les Sacrifices humains et le Cannibalisme"... sont abordés dans ce volume richement illustré.
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- LAS CASAS Bartolome de, Histoire des Indes, 3 Tomes,
Seuil, 2002, 1077 p, 363 p, 885 p.
Si l'auteur était contemporain de Christophe Colomb, son oeuvre a dû attendre trois siècles avant d'être publiée
pour la première édition à Madrid en 1875-1876, ceci pour des raisons politiques. Il était sans doute le seul
qui défendait les Indiens :
La Controverse de Valladolid en est une illustration.
Un grand classique monumental. L'
Histoire de Las Casas "se distingue par l'abondance et la précision
des informations, cautionnées par une énorme documentation de première main, quand ce n'est pas par la
propre expérience de l'historien, plus que quiconque connaisseur des réalités du monde indigène et du
comportement des Espagnols." (p. 11). Le projet de Las Casas était de faire une oeuvre composée de
six volumes dont chacun couvre une décennie sauf le premier qui commence en 1492 et s'achève en
1500, en définitive l'
Histoire ne couvre que trois décennies. Quoi qu'il en soit, L'
Histoire de Las
Casas constitue depuis cette première édition la pièce maîtresse de l'historiographie amérindienne.
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- LE ROY BACQUEVILLE DE LA POTHERIE,
Histoire de l'Amérique septentrionale. Relation d'un séjour en Nouvelle France. 2 Tomes, Paris, Éditions du Rocher, 1997, 710 p.
Le Roy Bacqueville de la Potherie (1663-1736) était officier français au Canada puis à la Guadeloupe.
Cette
Histoire a été publiée la première fois en 1722 à Paris, de son vivant donc et ne fut rééditée
qu'une seule fois en 1753.
L'ouvrage est composé de
Lettres adressées à des destinataires qu'on ne connaît pas. Est-ce une
simple recherche de style ? On pourrait penser que le récit d'un officier n'aborde que les choses militaires...
mais non cet officier accordait une attention particulière à l'observation des Indiens jsuqu'à décrire leurs
moeurs, leur mode de vie, etc.
Un témoignage rare venant des sources françaises inexploitées.
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- LEVI-STRAUSS Claude, Tristes tropiques,
Plon, Coll. Terre humaine,1975, 490 p.
Un ouvrage bien trop connu pour ajouter quoi que ce soit, mais demeure un classique.
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- LIZOT Jacques, Le cercle des feux. Faits et dits des Indiens yanomami, Seuil, 1976, 248 p.
Quand Jacques Lizot a fait publier cet ouvrage il avait déjà séjourné six ans avec les Yanomami au fin fond de
la forêt vénézuélienne. L'ouvrage était rédigé sur place. Une sorte de chronique de la vie quotidienne avec son
lot de dureté et de cruauté, mais aussi avec la richesse de leur vie sociale et la liberté de leur morale.
Un extrait :
La nuit, le nourrisson dort contre sa mère; le jour, il la chevauche sur la courroie de portage ou trône dans ses
bras; son urine et ses déjections font sur elle des traînées qu'elle essuie avec patience. Toujours, leurs peaux
sont plaquées l'une contre l'autre, contact vivant qui perpétue le refuge utérin. Ce n'est que tardivement, après
le sevrage complet, aux environs de la quatrième année, que les petits Yanomami cessent de dormir avec
leur mère et reçoivent un hamac personnel. La chaleur du feu remplace alors pour eux la tiédeur du corps
maternel à laquelle elle se substitue; il y a de l'une à l'autre, une sorte de continuité, un rapport indéfinissable
qui rend mieux concevable la séparation ou, plutôt, la transition. Car le feu est un élément domestique vivant;
sa présence est constante, quasi humaine. Dans l'esprit des Indiens, tiédeur des corps et tiédeur du feu sont
dans un rapport d'équivalence, sont interchangeables. La chaleur délicate et vivifiante d'un feu qui brûle toute
la nuit leur est indispensable; c'est pour eux beaucoup plus qu'une protection contre le froid ou les éléments
hostiles: c'est une nécessité profonde, fondamentale. Même après qu'ils ont été séparés de leur mère, les
petits Indiens se souviennent toujours que le contact des peaux chaudes est quelque chose d'infiniment
agréable; d'où le plaisir sensuel qu'ils ont à coucher à plusieurs dans un même hamac: ils y trouvent
assurance, sécurité, certitude d'amitié et jouissance.
Les enfants yanomami sont de petits rois tyranniques qui bénéficient de la mansuétude la plus absolue de la
part des adultes. Sauf dans les communautés méridionales, ils sont très rarement punis ou battus. Le seul
apprentissage qu'ils fassent est celui des qualités exigées d 'un peuple de guerriers: ils doivent acquérir de
l'endurance physique, s'accoutumer à la douleur, se pénétrer de l'idée que la vengeance doit toujours
s'exercer et que toute violence subie doit être rendue. Le code moral s'ordonne autour de deux vertus
complémentaires: d'une part, il faut échanger des biens et de la nourriture avec les amis; d'autre part, il faut
se venger des agressions. L'état de guerre endémique dans lequel vivent les Yanomami n'est qu'une
conséquence de la mise en application de ces principes. La société tout entière, la communauté locale,
et pas seulement les parents, offrent de cela un exemple vivant aux enfants et les contraignent à s'y
soumettre.
Cependant, le précepte impératif est la règle du 'rendre coup pour coup'. Qu'un petit garçon en renverse un
autre par mégarde, et la mère de ce dernier met son rejeton en demeure de frapper le maladroit !
Elle lui crie de loin:
- Venge-toi, mais venge-toi donc !
Qu'un enfant en morde un autre, la mère de celui-ci accourt et lui enjoint de cesser ses sanglots, Elle l'adjure
aussitôt de se venger. S'il hésite ou s 'il a peur, elle place elle-même la main du coupable entre les dents
de la victime et lui commande:
- Mords-le à ton tour ! Il faut te venger !
S'il s'agit d'un coup de bâton, elle place le bâton dans la main de son fils et, s'il le faut, actionne elle-même le
bras. A ce jeu, les conflits anodins entre enfants dégénèrent parfois en combats sanglants entre adultes,
lorsque chacun des parents prend le parti de son enfant et que la querelle s'envenime. (p. 101-102.)
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- MARCOS (Sous-commandant), Ya basta ! Tome 1 :
Les insurgés zapatistes racontent un an de révolte au Chiapas; Tome 2: Vers l'Internationale zapatiste,
Paris, Éditions Dagorno, 1996, 483 p. & 666 p
.
Livre-Programme, Livre-Projet, Livre-Manuel....
Sont rassemblées ici en deux volumes les idées des insurgés
zapatistes sous forme de
Lettres de leur leader, le sous-commandant Marcos, ou des autorités de l'EZLN
(l'Armée zapatiste de libération nationale), adressées aux différentes destinataires selon leur contenu.
Rappelons que les Zapatistes ne cherchent pas à se séparer du Mexique pour couler leur revendication
dans un modèle de sécession. Leurs revendications concernent tous les Mexicains délaissés par le pouvoir
central, la population d'origine indienne.
Un extrait :
Liste de revendication de l'EZLN
1er mars [1994]
[1]
Au peuple du Mexique.
Aux peuples et gouvernements du monde,
A la presse nationale et internationale.
Frères:
Le Comité clandestin révolutionnaire indigène - Commandement général de l'EZLN a l'honneur de s'adresser
avec respect à vous tous pour porter à votre connaissance la liste des revendications présentées à la table
du dialogue lors des journées pour la paix et la réconciliation au Chiapas.
« Nous ne demandons pas l'aumône et ne voulons pas de cadeaux, nous voulons le droit de vivre dans la
dignité humaine, l'égalité et la justice, comme nos ancêtres et nos grands-pères. »
Au peuple du Mexique:
Les communautés indigènes de l'État du Chiapas, soulevées et en armes au sein de l'Armée zapatiste de
Libération nationale contre la misère et le mauvais gouvernement,
présentent les raisons de leur lutte et leurs principales revendications:
Les causes et les motivations de notre mouvement tiennent au fait que le gouvernement n'a jamais apporté
de solution réelle aux problèmes suivants :
1 - La faim, la misère et la marginalisation dont nous souffrons depuis toujours.
2 - Le manque absolu de terres à cultiver pour notre survie
3 - La répression, les expulsions, l'incarcération, la torture et l'assassinat qui sont les réponses du
gouvernement aux légitimes demandes de nos communautés.
4 - Les injustices insupportables et les violations répétées des Droits de l'homme commises envers nous,
Indigènes et paysans démunis.
5 - L'exploitation brutale dont nous souffrons dans la vente de nos produits, dans nos journées de travail et
à l'achat de produits de première nécessité.
6 - L'absence de tous les services indispensables pour la grande majorité de la population indigène.
7 - Les mensonges, tromperies, promesses et arbitrarités des gouvernements depuis plus de soixante ans.
L'absence de liberté et de démocratie pour décider de notre destin.
8 - Les lois constitutionnelles n'ont pas été respectées par ceux qui gouvernent le pays en revanche, on nous
fait payer, à nous, Indigènes et paysans, jusqu'à la plus petite erreur et
on fait peser contre nous tout le poids d'une loi que nous n'avons pas faite et que ses auteurs sont les
premiers à violer.
L'EZLN est venu dialoguer avec des paroles de vérité. L'EZLN est venu dire son mot sur les conditions qui
ont engendré sa juste guerre et demander, à tout le peuple du Mexique, la résolution de toutes ces conditions
politiques, économiques et sociales qui nous ont amenés à prendre les armes en défense de notre existence
et de nos droits. ( tome1. p. 194-195)
Nous demandons par conséquent :
...
Liberté - Justice - Démocratie
Respectueusement
Depuis le Sud-Est mexicain
CCRI (Comité clandestin révolutionnaire indigène) - CG (Commandement général) de l'EZLN
Notes :
[1].
Coup de tonnerre sur le Mexique : le samedi 1er janvier 1994, vers 4h30 du matin, sortant de la
clandestinité, des centaines de rebelles de l'EZLN occupent 4 villes chiapanèques de la région de Los Altos,
Las Margaritas, Ocosingo, Altamirano, et San Cristóbal de Las Casas (80.000 habitants). Toutes les routes
menant à San Cristóbal sont contrôlées par les insurgés. Les journalistes, soigneusement fouillés, peuvent
passer après un minutieux interrogatoire. Le dimanche matin, 2 janvier, après des combats, qui font 11 morts
(en majorité des policiers) et une vingtaine de blessés, l'EZLN se retire de San Cristóbal de Las Casas, et
l'on signale les premiers accrochages avec l'Armée fédérale, dans la localité de Rancho Nuevo – où se
trouve le commandement militaire de la région.
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- MIZÓN Luis, L'Indien. Témoignages d'une fascination, Éditions La Différence, 1992, 292 p.
L'écrivain chilien rassemble dans ce volume des lettres ou des extraits de correspondances des témoins
ou acteurs de la conquête du Nouveau Monde : prêtres, militaires, agent commercial, etc. Parmi ces témoignages
des récits d'Indiens, c'est le cas des
Annales des Cakchiquels, Indiens du Guatemala ou celui de Don
Fernando d'Alva Ixtlilxoxhitl qui était l'interprète du Vice-Roi de la Nouvelle Espagne et qui représentait les
Indiens ayant pris parti pour Hernan Cortés.
Un extrait :
"L'empereur Muteczuma vint me recevoir, suivi d'environ deux cents seigneurs, tous pieds nus et vêtus d'une
espèce de livrée très riche à leur usage, et plus riche que celle des autres ; ils venaient en file indienne,
rasant les murs de la rue qui est fort large, très belle, et toute droite, si bien qu'on la voit d'un bout à l'autre,
avec ses grandes maisons et ses temples. Muteczuma marchait au milieu de la rue, accompagné de deux
seigneurs, l'un à sa gauche, l'autre à sa droite ; l'un d'eux était le personnage qui était venu au-devant de moi
dans la montagne et l'autre était le frère de Muteczuma, seigneur de cette ville d'Iztapalapa d'où j 'étais parti la
veille ; tous trois étaient vêtus de la même manière sauf que l'empereur portait des brodequins tandis que les
deux autres avaient les pieds nus; chacun le soutenait par le bras. Lorsque nous fûmes près l'un de l'autre,
je descendis de cheval, et j'allais l'embrasser lorsque les deux seigneurs intervinrent pour m'empêcher de le
toucher. Tous trois baisèrent la terre selon la coutume et, cette politesse accomplie, Muteczuma donna l'ordre
à son frère de m'accompagner en me tenant le bras, tandis qu'il prenait l'avance accompagné de l'autre
seigneur. Lorsqu'il m'eut adressé quelques paroles, tous les seigneurs qui formaient la procession vinrent
à tour de rôle m'entretenir pour reprendre ensuite leur rang de marche. Au moment où j'abordais le prince,
je quittai mon collier de perles et de diamants de verre que je lui passai autour du cou, et peu après vint un de
ses serviteurs avec deux colliers de camarones enveloppés dans une étoffe; ces camarones sont faits avec
la conque de coquillages marins de couleur rouge et qu'ils tiennent en haute valeur. De chaque collier
pendaient huit perles d'or d'une grande perfection et grosses comme une noix et, lorsque cet homme les
apporta, le prince se tourna vers moi et me les passa au cou; puis il continua sa marche dans le même ordre
qu'avant, et nous suivîmes jusqu'à notre arrivée dans un beau et grand palais qu'on avait tenu prêt à nous
recevoir. Là, il me prit par la main et me mena dans une grande salle qui donnait sur la cour par laquelle nous
étions entrés. Là, il me fit asseoir sur une très belle estrade qui avait été faite pour lui, me dit de l'attendre et
partit. Peu après lorsque mes gens furent installés il revint avec des joyaux de toutes sortes en or, en argent,
en plumes éclatantes et nous apportait cinq à six mille pièces d'étoffes de coton très riches, tissées et
brodées de différentes manières. Après m'avoir fait ce présent il s'assit sur un siège qu'on venait de lui
dresser près du mien et m'adressa les paroles suivantes :
"
Il y a bien longtemps que, par tradition nous avons
appris de nos ancêtres, que ni moi ni aucun de ceux qui habitent cette contrée n'en sommes les naturels ;
nous sommes étrangers et nous sommes venus de pays lointains. Nous savons aussi que ce fut un grand
chef qui nous amena dans ce pays où nous étions tous ses vassaux ; il retourna dans sa patrie d'où il ne revint
que longtemps après, et si longtemps qu'il retrouva ceux qu'il avait laissés derrière lui mariés avec les femmes
de la contrée et vivant en famille dans les nombreux villages qu'i ls avaient fondés. Il voulut les emmener avec
lui, mais ils s'y refusèrent et ne voulurent même pas le reconnaître pour leur seigneur.
Alors il repartit. Nous avons toujours cru depuis, que ses descendants reviendraient un jour pour conquérir
notre pays et faire de nous ses sujets ; et d'après la partie du monde d'où vous me dites venir, qui est celle
d'où le soleil se lève, et les choses que vous me contez du grand roi qui vous a envoyé, nous sommes
persuadés que c'est lui notre véritable seigneur ; d'autant plus que, depuis longtemps, il est, dites-vous,
au courant de nos affaires. Soyez donc certain que nous vous obéirons et que nous vous reconnaissons
pour maître au lieu et place du grand roi dont vous parlez et qu'il ne doit pas y avoir le moindre doute à cet
égard." Il ajouta : "
Vous pouvez commander à toute cette contrée, au moins dans les parties qui dépendent
de mon royaume ; vous serez obéi et vous pourrez disposer de mes biens, comme des vôtres. Vous êtes ici
chez vous, dans votre palais ; reposez-vous donc des fatigues du chemin et des combats que vous avez
livrés. Je sais tout ce qui vous est arrivé, de Potunchan ici ; je sais que les gens de Cempoal et de Tlascala
vous ont dit beaucoup de mal de moi ; ne croyez rien de plus que ce que vous verrez vous-même et surtout
de gens qui sont mes ennemis, dont plusieurs étaient des vassaux, qui ont profité de votre arrivée pour se
révolter et me calomnier pour se faire bien voir de vous." (p. 106-108) [...]"
Cet accueil plus que chaleureux fait à un étranger venu du bout du monde a-t-il mis l'hôte à l'abri des appétits de
conquête et freiné la cupidité de l'étranger ? Nullement ! Muteczuma a été par la suite pris en otage, son successeur
torturé afin d'obtenir encore plus d'or.
Le sort de l'empereur inca Atahualpa capturé par Francisco Pizzaro est encore plus dramatique. Atahualpa
a fait apporter la rançon d'or exigée, jamais connue dans les annales, une grande salle remplie d'or, mais cela
n'a pas empêché Pizzaro de l'assassiner après avoir pris cette rançon.
Qui sont les vrais barbares ?
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- PELTIER Léonard, Écrits de prison. Le combat d'un Indien,
préface de Danielle Mitterrand, Albin Michel, 2000, 265 p.
Ouvrage à chercher : non disponible dans notre documentation.
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- RIEUPEYROUT Jean-Louis, Histoire des Navajos. Une saga indienne 1540-1990, Paris, Albin
Michel, 1991, 369 p.
Les touristes investissent le Grand Canyon du Colorado et la Monument Valley quand ils arrivent aux États-Unis
et veulent "découvrir" les grands espaces vus au cinéma. Mais non loin de là, la réserve des Navajos qui s'étend
sur 64 750 km², la plus grande réserve indienne, dont le Monument Valley Navajo Tribal Park avec le canyon de
Chelly et son admirable complexe géologique, qui occupe 3900 km² mérite aussi le détour. Cette réserve qui
se trouve dans la zone méridionale du plateau de Colorado empiète sur trois États du Sud-Ouest : Arizona, Utah
et Nouveau-Mexique. C'est la situation actuelle mais avant d'en arriver là, les Navajos comme d'autres peuples
du territoire ont connu des misères et des humiliations de la part des autorités nouvellement installées.
Ils ont connu successivement plusieurs vagues de conquête, d'abord les Espagnols puis les Mexicains et
enfin les plus redoutables, les États-Uniens.
Un extrait :
Mais l'enfer est loin. Le 4 mars 1864, sous l'oeil des soldats en armes, s'ordonne le premier convoi à
destination de Bosque Redondo. 2 400 Indiens le composent, suivis de 30 chariots de ravitaillement et de
matériel, d'un troupeau de 473 chevaux et d'un autre de 300 chèvres et moutons. Des vieillards, des femmes,
des enfants sont juchés sur les chariots qui dominent de leur bâche la longue colonne trébuchant et peinant
dans la neige. Passé Wingate l'on traverse les champs de lave figée, au nord desquels se profile la silhouette
du mont Taylor, la plus vénérée des quatre montagnes sacrées du mythe navajo. Les morsures du froid,
la faim, la fatigue, la maladie assaillent de concert la horde misérable étendue sur plusieurs kilomètres et qui
progresse à raison de 15 à 20 km quotidiens. La "Longue Marche", ainsi que plus tard les Navajos rescapés
nommeront ce calvaire, suit une direction inverse à celle, voici vingt-cinq ans, du "Chemin des Larmes"
(1838) qui conduisit les Cherokee déportés de leur Géorgie natale vers le Territoire indien (le futur Oklahoma).
Étrange symétrie de la douleur dans le destin de l'homme rouge. La piste continue par le plat pays qui conduit
à la vallée du rio Grande que l'on franchit au gué d'Isleta, au sud d'Albuquerque. Un village de Pueblo, les
"Ennemis de la Rivière" pour les Navajo et qui se réjouissent au spectacle de leurs adversaires enfin
domptés... Puis, l'on se traîne vers le nord, où à mi-chemin de Santa Fe, l'on oblique vers l'est. Un jour, sur
la plaine basse, marquée des constructions de Fort Sumner, la réserve est en vue. Une vue désolante,
épargnée à 197 de ceux partis de Defiance voici un mois. Malades, exténués, ils ont été ou abandonnés
au bord du chemin ou abattus au fusil par les soldats de l'escorte afin d'alléger leurs souffrances. (p. 170)
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- ROSTKOWSKI Joëlle, La conversion inachevée.
Les Indiens et le christianisme, préface de Jean Malaurie, Albin Michel, Coll. Terre indienne,1998, 430 p.
Extrait de la préface de Jean Malaurie
Que pensent les Indiens Pueblo et les Sioux du christianisme que les conquérants leur ont enseigné comme
une parole salvatrice ? Le livre de Joëlle Rostkowski fera date. Il s'inscrit dans cette pléiade d'études qui,
depuis les travaux pionniers de R. Ricard en 1930, se sont interrogées sur "La conquête spirituelle du
Mexique" et l'évangélisation de la Nouvelle Espagne. L'université française, dans sa volonté de laïcisation,
a trop longtemps négligé l'étude de l'évangélisation auprès des peuples premiers, et particulièrement l'analyse
de leurs mentalités hostiles, passives, puis inventives d'une nouvelle Église. Joëlle Rostkowski, dans
La
Conversion inachevée, s'attache aux rapports complexes et souvent conflictuels qu'entretiennent les Pueblo,
convertis depuis quatre siècles, et les Sioux, depuis un siècle. Assurément, le christianisme d'importation
espagnole a été d'abord d'esprit colonial, mais il s'est, en Amérique centrale, nourri au fil des siècles de la
pensée holistique autochtone. Par-delà les résistances, il a été des adhésions passionnées qui ont abouti à
un syncrétisme graduel entre la religion eschatologique du Salut, et des philosophies panthéistes millénaires
de dimension cosmique.
C'est ce que
La Conversion inachevée s'attache à analyser dans le détail, en s'interrogeant constamment,
avec des récits vécus, sur la reconstruction d'un christianisme populaire au travers des prismes d'un
panthéisme indien, et sa déconstruction, dans le long terme, avec une empreinte toujours plus affirmée du
sacré chamanique. C'est le récit vivant et très informé sur le flux et le reflux, au cours des siècles, entre une
pensée dogmatique, la "Vérité de l'Évangile" d'une Église qui se dit inspirée par le Saint-Esprit, et une
philosophie panthéiste affamée d'expériences du sacré, tolérante et ouverte à toute croyance. (p. 12-13)
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- ROSTKOWSKI Joëlle, Le renouveau indien aux États-Unis.
Un siècle de reconquête, Albin Michel, Coll. Terre indienne, 2001, 363p.
Ce livre manquait. Bien des gens se demandaient ce que sont devenus les Indiens d'Amérique tant les
informations à leur sujet étaient parcellaires ? Avec l'ouvrage de Joëlle Rostkowski, les lecteurs trouveront
des réponses à leurs questions. Non, les "Indiens" ne sont pas tous morts, et au-delà de l'espérance, leur
démographie a pris un tournant croissant (1.382.000 d'âmes en 1980, et environ 2.500.000 vers la fin du
XXe siècle), leur culture connaît un renouveau. Certes beaucoup d'Indiens se
sont intégrés dans la société états-unienne, mais l'acculturation forcée des décennies 1950-1970 a laissé
la place à une soif de connaître ses racines chez la jeune génération.
On y apprend que le président Clinton a été accueilli en 1999 par les Sioux dans la réserve de Pine Ridge,
un événement exceptionnel mais qui se révélerait porteur de peu de changements. Cette rencontre entre le
Grand Chef de Washington et un chef lakota a été immortalisée par une photo de leur poignée de main qui
sert de couverture de l'ouvrage.
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- SUN BEAR & WABUN, La roue de la médecine.
Pour une astrologie de la Terre (The medicine wheel : earth Astrology), traduit de l'anglais (USA)
par Nelly Lhermillier, Albin Michel, 1989, 358 p.
C'est l'invitation à l'astrologie de la Terre.
Un extrait :
"La connaissance de la Roue de la Médecine est particulièrement nécessaire de nos jours. Nous avons le
sentiment que si l'humanité doit grandir, alors nous devons tous acquérir une plus grande compréhension de
notre environnement. C'est sa désaffection des choses naturelles qui est la cause de bien des maladies
de l'homme. Aujourd'hui nombreux sont ceux qui essaient de rétablir l'équilibre avec la nature. Les gens se
tournent vers les aliments et les soins naturels et on assiste à un grand mouvement de retour à la terre.
Même dans notre société industrialisée nous éprouvons le besoin de renouer l'équilibre avec la nature.
C'est précisément ce moment que nous avons choisi pour offrir les enseignements de la Roue de la Médecine.
Nous vous invitons, en lisant ce livre, à mettre de côté vos préjugés et à entrer avec nous dans le monde
magique où toute chose est reliée à vous et où vous êtes relié à toute chose. Ce monde magique n'est rien
d'autre que la terre dans sa réalité, dans sa beauté qui est toujours autour de vous, et tous les parents que
vous y avez.
Nous vous invitons à ouvrir vos yeux, vos oreilles, votre esprit et votre coeur, et à voir la magie qui ne cesse
d'être présente. Nous avons tendance aujourd'hui à regarder la terre comme le décor immuable des affaires
de l'humanité. Nous voyons les minéraux, les plantes et les animaux comme les serviteurs de l'homme; nous
avons oublié qu'ils peuvent être aussi nos maîtres, qu'ils peuvent nous ouvrir à des idées et à des émotions
auxquelles nous avons fermé nos coeurs depuis bien trop longtemps.
Nous avons oublié que nous sommes liés à tous nos parents sur la terre, pas seulement à notre famille
humaine. Nous avons oublié que nous sommes responsables vis-à-vis de ces parents, de la même manière
que nous le sommes vis-à-vis de nos familles humaines. Nous nous sommes enfermés dans les petits
mondes étanches des créations inventées par l'homme.
Nous avons oublié comment écouter les histoires et les chants que les vents peuvent nous raconter. Nous
avons oublié la sagesse des rochers qui sont là depuis le commencement du monde. Nous avons oublié
comment l'eau nous rafraîchit et nous renouvelle.
Nous avons perdu le pouvoir d'écouter les plantes lorsqu'elles nous disent lesquelles d'entre elles nous
devrions manger pour vivre bien. Nous avons perdu le pouvoir d'écouter les animaux lorsqu'ils nous font don
de savoir, de rire, d'amour et de nourriture. Nous nous sommes coupés de toutes ces parentés et nous nous
étonnons de ce que si souvent nous nous ennuyions et nous sentions seuls.
La Roue de la Médecine est un cercle magique qui englobe tout ce qui existe en ce monde. En voyageant
autour d'elle, vous trouverez des merveilles aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Avec de la ténacité, vous
découvrirez même l'émerveillement de vous connaître, de savoir qui vous êtes, ce que vous connaissez et
ce que vous pouvez faire pendant le temps de votre vie sur terre." (p. 26-27)
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- TALAYESA Don C. , Soleil hopi, Plon, Coll. Terre humaine,1959, 460p.
Un pavé de 460 pages préfacé par Claude Lévi-Strauss. Ce sont les mémoires d'un chef hopi ou les chroniques
d'une société échappée à la conquête espagnole. Il faut dire aussi que les premiers missionnaires qui voulaient
s'installer chez les Hopi ont dû payer cher : en 1680, les Hopi se révoltèrent et massacrèrent tous les prêtres
espagnols, aucun missionnaire ne voulait s'aventurer par la suite sur leur terre. Les Hopi ont ainsi pu garder leurs
coutumes, leur mode de vie, leurs rituels religieux. C'est sans doute le seul peuple amérindien qui a su et a pu
le faire. La situation géographique de leur territoire explique en partie cette exception. Leurs villages se situent
dans le sud-est de l'Arizona à 2000 mètres d'altitude, très difficile d'accès.
Un extrait :
"
Vers 1920, il y a eu un autre changement pour moi. Depuis vingt ans, J'avais eu peu de rapports avec d'autres
Blancs que des commerçants, des fonctionnaires du gouvernement, trois putains, quelques touristes et
l'infirmière de campagne. Je consommais peu de nourritures de Blanc autres que la farine, le sucre et le café;
je me passais des autres marchandises, à part un peu de calicot, de pantalons, des chemises et des souliers,
un chariot et un harnais, quelques outils de ferme et des pièces d'acier un fusil, une lampe à huile et un fourneau
de fonte me rendaient aussi de grands services. Avec l'aide du principal, j'ai fini par commander des arbres
fruitiers améliorés à Utah.
J'avais évité les missionnaires, sauf si je pouvais en tirer quelque chose et je ne faisais pas attention à
leur Sabbat ni à leurs sermons, je leur en voulais de se mêler de nos affaires privées, de nous encourager à
nous disputer, de détruire la manière hopi de vivre et de nous apporter la sécheresse et la maladie. Alors
qu'ils faisaient semblant de se préoccuper de notre bien, ils nous faisaient sentir que nos dieux étaient des
idoles ou des diables et qu'on ne valait pas plus que de la merde. D'habitude, je prenais tout ce qu'ils
m'offraient et je travaillais un peu pour eux, pour avoir du fric, mais je les méprisais parce qu'ils insultaient nos
Katcina, parce qu'ils intervenaient dans nos cérémonies, parce qu'ils se servaient de leurs cadeaux de
pacotille à quatre sous comme appât pour détourner les Hopi faibles de la Voie du Soleil. Ils gardaient pour
eux tout ce qu'il y avait de meilleur et ils étaient hypocrites en réalité, car ils agissaient rarement selon leurs
principes. Chaque fois qu'ils célébraient un Office sur la plaza je n'y prêtais absolument aucune attention et
quelquefois même je cassais du bois pour les empêcher de prêcher.
Quand ma Bible a été entièrement utilisée, je me suis procuré un catalogue de Sears Roebuck
[1] dont les
pages me servaient de papier hygiénique et à protéger mes jeunes plants: par-dessus le marché, c'était plus
intéressant à lire. J'employais de moins en moins la langue anglaise, sauf quand je parlais aux Blancs ou
que je voulais jurer et j'avais même honte qu'on me voie parler aux Blancs trop souvent et surtout aux danses.
Quand la maladie et la sécheresse venaient et quand nos récoltes étaient mauvaises, on accusait les Blancs,
surtout les missionnaires, et on les maudissait derrière leur dos". (p. 328-329)
Notes :
[1]. Magasin de New York qui se vante de détenir le record
mondial de vente par correspondance. Sept millions de catalogues pesant 7 livres sont envoyés deux fois par
an dans les moindres villages des États-Unis. (N. du T.)
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- THORNTON Russell, Les Cherokees,
traduit de l'américain par Judith Gross et Odile Rincklin, Éditions du Rocher, Coll. Nuage rouge, 1997, 314 p.
L'histoire des Cherokee reste mal connue et l'origine de leur nation demeure un mystère car on ne sait pas
comment ce peuple est arrivé sur les terres du sud-est des États-Unis. Quoi qu'il en soit "La piste des Larmes"
par laquelle les autorités états-uniennes les ont fait déporter reste encore gravée dans toutes les mémoires.
Un extrait :
A peu près à la même époque, en 1815, de l'or a été découvert sur les terres de la Nation cherokee, au nord du
secteur de la Géorgie, ironiquement par un Jeune Cherokee. On en découvrit de nouveau en 1828, cette fois
près de l'actuelle Dahlonega, toujours dans le secteur géorgien, et comme l'écrivit Dahlonega Mooney
« le destin de la nation cherokee fut désormais scellé ». Avant la fin de l'année, l'État de Géorgie promulgua
une loi d'annexion des terres cherokee situées à l'intérieur de ses frontières, qui devait prendre effet le 1er
Juin 1830. Par la suite, ces terres furent "réorganisées en comtés, puis divisées par des géomètres de
l'État en ''lots agricoles'' de cent soixante acres chacun et en ''lots aurifères'' de quarante acres, qui furent
distribués aux citoyens blancs de Géorgie par tirage au sort en public après que chacun d'eux eut reçu un
billet". La loi de 1828 étendit également la compétence juridique de la Géorgie à tout le secteur cherokee:
"Toutes les lois et les coutumes observées jusqu'alors par les Cherokee furent déclarées nulles et non
avenues, et aucune personne d'ascendance ou de sang indien résidant en pays indien ne put plus être
témoin ou partie dans un procès impliquant un homme blanc." Bientôt, "des bandes d'hommes armés
envahissent le territoire cherokee, s'emparant des chevaux et du bétail, s'installant dans les maisons après
en avoir chassé les occupants, molestant ceux-ci lorsqu'ils osaient leur résister".
Pendant ce temps, le 28 mai 1830, le Congrès américain adoptait l'
Indian Removal Bill, qui prévoyait l'échange
des terres indiennes de tout État ou territoire des États-Unis, mais plus particulièrement du Sud-Est, contre
des terres situées à l'ouest du Mississipi et le transfert des Indiens sur ces dernières. Le Président Andrew
Jackson se servit de cette loi pour chasser les tribus du Sud de leurs terres ancestrales et les faire émigrer
dans l'ouest, ouvrant ainsi les terres indiennes de l'est du Mississipi à la colonisation par la population
d'origine européenne, en nombre sans cesse croissant des États-Unis. (À cette époque, la population totale
des États-Unis atteignait 12.870.000 habitants ; sur une superficie totale de 4.541.000 km2, seuls 1.637.427
km2 pouvaient être considérés comme "colonisés", c'est-à-dire occupés par au moins deux personnes
par mile carré).
Harcelée par la Géorgie et les Géorgiens, pressée par le gouvernement américain de céder ses dernières
terres et d'aller se réinstaller à l'ouest du Mississipi, la nation cherokee du Sud-Est résista aussi longtemps
et aussi fermement qu'elle le put. Elle fit appel à plusieurs reprises à la Cour suprême des États-Unis, et
remporta même une victoire juridique importante dans l'affaire qui opposa en 1832 l'État de Géorgie au
missionnaire Samuel A. Worcester, qui vivait sur les terres cherokee avec l'accord de la tribu. Lorsqu'il fut
arrêté par la milice de Géorgie pour avoir refusé de s'engager à respecter les lois de l'État, Worcester,
soutenu par ses amis indiens, argua que la Géorgie n'avait aucun droit d'intervenir, puisque les Cherokee
étaient une nation souveraine, disposant légitimement d'un territoire propre. La cour suprême donna raison
à Worcester et aux Cherokees puis ordonna que le missionnaire soit remis en liberté, mais la Géorgie refusa
d'obtempérer. On raconte que le président Jackson, parlant du président de la Cour, répondit alors :
"John Marshall a pris sa décision, à lui de la faire appliquer." (p.101-103)
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- USHTE Tahca & ERDOES Richard, De mémoire indienne, Plon, Coll. Terre humaine,1972, 335p.
Témoignage décoiffant, direct et sans concession. C'est l'oeuvre commune d'un journaliste new-yorkais et
d'un "homme-médecine" sioux, ou plutôt oglala il fallait dire (car "Sioux" est le nom que les Français ont donné
aux gens de ces tribus) : l'un couche sur le papier les expériences et les visions de l'autre. Une des premières
voix amériendiennes parvenues au grand public, car avant c'était plutôt des Blancs qui parlaient d'eux et à leur place.
Une lecture stimulante et vivifiante.
Les
Éditions "Présence Image & Son" viennent de sortir une nouvelle traduction de cet ouvrage.
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- WEATHERFORD Jack,
Ce que nous devons aux Amérindiens.
Et comment ils ont transformé le monde, Paris, Albin Michel, Coll. Terre indienne, 1993, 301 p.
Le compte rendu complet de cet ouvrage se trouve sur la page suivante de notre site :
compte rendu
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- WHEELER Romayne, Vingt ans avec les Indiens Raramuris. "Ils m'ont ouvert les yeux" Avec le film
Le pianiste de la Sierra Madre en DVD, Bénaix (09300),
Éditions Présence Image & Son, 2007, 255 p.