Échos d'un autre monde

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Échec collectif plutôt que réussite individuelle chez les élèves navajo

Échec collectif plutôt que réussite individuelle chez les élèves navajo






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Dans leur milieu familial, où l’école est souvent considérée avec méfiance, les enfants indiens ne sont pas toujours encouragés à poursuivre leur scolarité. Le ressentiment qui entoure les problèmes d’éducation est à l’origine de l’antagonisme qui oppose les enseignants et les familles et, souvent, parce que les valeurs familiales et les valeurs enseignées à l'école sont si différentes, l'enfant doit choisir entre « devenir un bon Indien ou un bon élève 1»

Le comportement que le professeur attend des écoliers est dans bien des cas contraire aux valeurs qui prévalent dans le milieu familial. Alors que le Système scolaire encourage l'esprit de compétition, l'individualisme, le succès, le milieu tribal met l'accent sur la coopération, la qualité des rapports humains, la solidarité, la discrétion. L’enfant indien, appelé au tableau, peut craindre de briller devant ses camarades : « le succès en soi est mal vu dans certaines réserves [...], les élèves navajo ont organisé des échecs en masse [...]. Des élèves d'une classe entière rataient un examen parce qu’ils savaient que quelques étudiants ne pouvaient pas être reçus et qu’ils voulaient éviter que quiconque soit humiliés 2 ».

Pour beaucoup d’Indiens le succès individuel n’est pas une motivation suffisante : « l’étudiant blanc va au lycée et à l’université pour gagner plus d’argent après avoir obtenu son diplôme et pour se faire une meilleure place dans la société [...]. Pratiquement la seule raison que l’Indien peut invoquer pour poursuivre ses études à l'Université est « pour aider les miens ». Invoquer des « intérêts personnels » serait très mal vu. »

Ce texte est extrait de : Le renouveau indien aux États-Unis, de Joëlle Rostkowski, préfacé par André Kaspi, Albin Michel, collection Terre indienne, 2001, pp. 113.

Cette anecdote illustre bien le sens du collectif qui n'a pas encore complètement disparu chez les Amérindiens. Un échec collectif organisé - avec le consentement des membres de la commaunauté qui pourraient briller individuellement - pour éviter à certains de subir l'humiliation, quelle beauté que le genre humain a inventé ! On aimerait bien voir cela plus souvent. Cette beauté-là existe-elle chez d'autres peuples ? Toujours est-il que ce sont les Amérindiens - et les jeunes - qui ont mis en application le sens du collectif contre les autres valeurs véhiculées par les Blancs.




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