Le livre qui n'a pas trouvé d'éditeurs en France, pays de la liberté, pays démocratique dit-on en toute
occasion ! Et quand l'ouvrage est paru en Belgique grâce à un éditeur qui n'a pas froid aux
yeux, aucune enseigne n'a osé le distribuer en France. Finalement le Réseau Voltaire a décidé
de le faire, mais compte tenu de ses moyens limités en infrastructures, on ne peut le commander
qu'en ligne. À notre connaisance l'ouvrage n'est distribué que par deux adresses :
Voici un extrait de l'entretien de l'auteur avec la journaliste suisse Silvia Cattori :
Silvia Cattori : Votre livre « Sarkozy, Israël et les juifs » permet de comprendre en quoi
les liens tissés entre Nicolas Sarkozy et les différents réseaux sionistes en France, et dans le
monde, sont dangereux pour la souveraineté nationale. Liens qui ramènent évidemment à l’État
juif d’Israël : le cœur du problème. Quel évènement précis vous a-t-il conduit à écrire ce livre
en toute hâte ?
Paul-Éric Blanrue : Ce qui m’a fait réagir c’est quand, après le carnage de l’armée
israélienne à Gaza, la France de Sarkozy a envoyé la frégate Germinal [1] pour empêcher le
transfert d’armes aux Palestiniens assiégés. Cette nouvelle m’a fait bondir parce que c’était un
acte politique très clair de la part de la France en faveur d’Israël. C’était un acte d’autant plus
grave, à mon sens, que les États-Unis n’y avaient pas pris part.
[...]
Silvia Cattori : Vous dites « les juifs » comme s’il s’agissait d’une ethnie, comme s’il
s’agissait d’un peuple, alors qu’il s’agit d’une religion. Alors, pourquoi ne pas dire « les gens de
confession juive » ?
Paul-Éric Blanrue : Je suis entièrement d’accord avec vous. « Juif », c’est d’abord et avant tout
une religion. Par le fait du sionisme certains, comme Moses Hess ou Theodor Herzl ont
commencé à parler de peuple, d’ethnie ou de race juive. Evidemment c’est une aberration
totale. Shlomo Sand l’a très bien montré [8] ; il y a eu une fabrication qui est totalement
désastreuse parce qu’elle confond deux choses : une religion millénaire et une idéologie
politique destinée à la doubler, voire à la remplacer, ce qu’ont fort bien compris certains rabbins
qui se sont opposés au sionisme dès l’origine.
Silvia Cattori : Cette confusion ne sert-elle pas un objectif idéologique bien précis ?
Paul-Éric Blanrue : Oui, l’objectif est très clair. D’abord je dirais que l’objectif
principal du CRIF, aujourd’hui, c’est de jouer sur ce terme « juif », sur l’assimilation entre
peuple et religion. Je pense ici en particulier à la campagne qu’ils mènent en ce moment
pour faire passer la loi appelée « Loi Martin Luther King ». Cette loi, qui est en gestation, vise
à assimiler légalement l’antisionisme à l’antisémitisme. Si cette loi passe, cela veut dire qu’en
France, l’antisionisme sera considéré comme un délit. Critiquer Israël pourra vous conduire
en prison. C’est très grave. C’est l’Union des patrons juifs de France (UPJF), qui soutient ce
projet de loi transmis à tous les députés français. C’est le plus fort syndicat sioniste de
France - je dis fort dans tous les sens du terme. L’UPJF a élu Sarkozy l’« homme politique
de l’année » en 2006, un an avant la présidentielle.
[...]
Silvia Cattori : Ce n’est donc pas la tendance gauche ou droite qui prime, mais le fait
que tel politicien est clairement identifié comme sioniste ?
Paul-Éric Blanrue : Exactement. Les réseaux pro-israéliens ont misé sur Sarkozy
depuis très longtemps mais ils n’ont pas mis tous les œufs dans le même panier. Ils ont leurs
poissons pilotes dans tous les partis : Strauss-Kahn et Sarkozy, c’est bonnet blanc et blanc
bonnet. C’est la raison pour laquelle Sarkozy, aujourd’hui « roi des sionistes », arrive à
débaucher des socialistes ou des centristes. La grille de lecture du gouvernement, c’est
qu’il est sioniste et que la plupart les gens qu’il nomme, y compris dernièrement Frédéric
Mitterrand, sont des amis décomplexés d’Israël.
Silvia Cattori : L’accord militaire signé entre la France et l’Émirat d’Abu Dhabi, lors de
l’inauguration par Sarkozy d’une base militaire, n’a-t-il pas placé la France aux avant-postes d’un
éventuel conflit avec l’Iran ?
Paul-Éric Blanrue : C’est exactement le sujet de mon livre. Sarkozy met la pression sur
l’Iran, parce que c’est un pays qui, sur le plan géostratégique, n’est pas contrôlé par les
États-Unis. Jointe à ces raisons il y a la question métaphysico-politique d’Israël qui, lui, a ses
propres intérêts. Je crois que Sarkozy est devenu plus pro-israélien que pro-américain. Il veut
devenir le nouveau Bush.
Sarkozy nous entraîne dans une course effrénée vers la guerre.
J’aimerais maintenant que les questions graves que je soulève dans « Sarkozy, Israël et les Juifs »
soient mises sur la table, que l’on puisse en discuter avec les responsables politiques. Et que
l’on nous explique où nous allons maintenant que la France soutient Israël ! Rappelez-vous
Kouchner qui avait proclamé en 2007 que l’alternative « c’est la guerre ».
Israël et ses amis sont persuadés que la guerre leur permet d’exister. Ils ne peuvent pas
exister sans cela. S’ils ne bougent pas, ils se dégradent, ils se liquéfient. Ils sont obligés
d’être toujours à l’attaque. S’ils sont dans la moindre position défensive pour Israël, ils
sont perdants. Ils doivent attaquer en permanence. C’est pour cela qu’ils perdront.