Le titre en lui-même est une véritable bombe ! Mais elle n'est pas posée par ceux qu'on accuse machinalement
d'être antisémites tels que Dieudonné, Admadinejad, Chavez, ou autres bêtes noires du sionisme : mais c'est
l'oeuvre d'un historien israélien qui vit et travaille à Tel-Aviv, d'un professeur d'université. Nous saluons bien
entendu cet acte courageux qui va en entraîner d'autres en faveur de la vérité, qui sauve l'honneur des juifs non
sionistes étouffés par la propagande à tout va.
Faut-il souligner qu'en Occident personne d'autres qu'un juif ne peut se permettre de s'aventurer dans ce domaine tabou
sous peine d'être accusé d'antisémitisme puis livré à la meute médiatique pour le mettre socialement en pièces ?
Quand on connaît les misères faites à un autre juif non sioniste, dont la mère est rescapée de camp nazi, qui
a eu le courage de dénoncer l'exploitation de l'holocauste, l'historien newjorkais
Norman G. Finkelstein, on apprécie d'autant plus ces actes de révolte contre le mensonge ambiant et étouffant,
contre l'accaparement de l'histoire par des gens qui ont autres choses en tête que la vérité.
Dès l'avant-propos l'auteur pose sans ambiguïté et sans concession, des questions fondamentales telles que :
"Un peuple juif a t-il vraiment existé pendant plusieurs millénaires là où plusieurs "peuples" se sont fondus et
ont disparu ?", "Les habitants de Judée ont-ils vraiment été exilés après la destruction, ou bien s'agit-il en
l'occurrence d'un mythe chrétien dont l'écho s'est répercuté, certainement pas par hasard, dans la tradition juive ?"
(p. 34). Shlomo Sand mène ici une enquête détaillée dans plusieurs directions pour cerner la question. Les notions
fondamentales en rapport avec le sujet telles que "nation", "ethnie", "peuple" sont étudiées à la loupe.
C'est sur ces fondations que va reposer la suite de son investigation à travers le temps et l'espace.
Shlomo Sand questionne la Bible tenue pour être détentrice des vérités insoupçonnables, l'histoire,
l'archéologie sur les mythes fondateurs du peuple juif : la sortie de l'Égypte du peuple juif, l'exil après la
destruction du Second Temple par les Romains en 70 de notre ère. L'auteur n'a trouvé aucune trace dans l'histoire
d'Égypte de l'exil mentionné dans la Bible, aucun texte, aucune inscription n'y a fait la moindre allusion tandis que
l'Égypte des Pharaons qui contrôle cette région inscrivait, notait méticuleusement tout événement survenu; aucune
trace non plus de déplacement d'une masse de population estimée à "
six cent mille combattants, soit près de
trois millions d'âmes, pendant quarante ans" (p. 167), aucune indice non plus de l'emplacement du fameux
mont "Sinaï" dans le désert du même nom; aucune trace non plus de l'exil après la destruction du Second
Temple par les Romains en 70 dans la monumentale documentation laissée par les Romains. À propos de
Jéricho, Aï et Hésebon, les récentes fouilles archéologiques qui confirment les anciennes, révèlent qu'à la fin
du XIIIe siècle av. J.-C. Jéricho n'était pas une puissante ville fortifiée comme la Bible le relate, mais simplement une
petite ville et certainement pas entourée de remparts; qu'à la même époque Hésebon et Aï n'étaient pas
habitées. Il en va de même pour la plupart des villes citées dans la Bible concernant la conquête des fils
d'Israël.
À ce sujet, l'auteur n'a bien sûr pas oublié d'essayer de situer chronologiquement la rédaction de la Bible,
de donner l'ébauche de l'histoire du peuple juif et de son enracinement dans le temps. De proche en proche,
l'auteur nous amène au fait historique déboussolant et renversant, mais qui certes n'est pas une véritable
découverte, car celui-ci a déjà été évoqué par d'autres auteurs dans le passé : ceux qu'on appelle juifs en
Europe ne sont pas les descendants des fils d'Israël originaires de l'actuelle Palestine comme on pouvait le
croire, mais ceux de l'Al-Khazar, autrement dit l'empire de Khazarie qui s'est constitué au IVe siècle puis été
démantelé lors du passage des Mongols au XIIIe siècle. Les Khazars étaient des nomades descendants des
lignées turques et huno-bulgares "
qui accompagnèrent les Huns dans leur puissante
ruée vers l'ouest". Leur empire s'étendait des rives de la Volga, du Nord-Caucase aux rives de la mer Noire
et de la mer Caspienne, appelée aussi la "
mer des Khazars". Ils se sont convertis à la religion juive au contact
des juifs prosélytes cherchant à échapper au christianisme puis par la suite à l'islam. Cette conversion a débuté
au IIe siècle av. J.-C. et atteignit son apogée au VIIIe siècle. L'émigration de juifs dans
ces contrées caucasiennes se recoupe bien avec les sources littéraires arabes : "
Le roi des Khazars était devenu
juif sous le califat d'Hârûn ar-Rachid et il fut rejoint par des juifs de toutes les villes d'Islam et de Byzance."
Parallèlement à ces enquêtes historiques, l'auteur étudie également les aspects anthropologiques et linguistiques
touchant à l'identité juive. À titre d'exemple, il existe de nombreuses superstitions et coutumes "
qui étaient
communes aux adeptes du judaïsme et aux Berbères musulmans (arroser d'eau les passants durant la Pentecôte,
par exemple, est une coutume berbère; le statut relativement libre de la femme juive a plus en commun avec la
tradition berbère qu'avec la tradition arabe, etc.); "
des tribus berbères converties à l'islam conservèrent
des pratiques d'origine juive, comme l'interdit d'allumer le feu le soir du shabbat et celui de manger des aliments
à base de levain pendant la fête du Printemps" (p. 290). Au Maghreb,
"
les juifs sont les descendants de Berbères convertis et d'Arabes judaïsants qui accompagnèrent les armées
de l'Islam. Cet argument nous est fourni par la linguistique". (p. 292) Si l'influence de la langue arabe y
[dans la langue et la culture judéo-ibérique] était dominante au niveau syntaxique, l'influence berbère y était
encore plus grande du point de vue du bagage culturel-religieux (p. 293). Et enfin, le terme "prier" - le mot clé
de l'imaginaire culturel - se maintient en yiddish dans sa version empruntée à un dialecte turc :
devenen.
Ce travail est d'autant plus percutant et pertinent qu'en face, le régime sioniste fait feu de tout bois pour prouver le
contraire sans y parvenir. Nous ne sommes pas dans ce contexte étonnés que Shlomo Sand est accusé d'être
antisémite ou d'être un juif qui a la haine de soi, selon la rhétorique habituelle
réservée aux juifs qui ne partagent pas leurs visions du monde. Beaucoup d'autres ont déjà fait les frais de cette
accusation gratuite quand les sionistes ne savent plus quoi dire : Edgar Morin, Norman G. Finkelstein, et dans une moindre
mesure Noam Chomsky, pour ne citer qu'eux.
Un petit extrait nous donne l'ampleur du sujet :
La journaliste de Haaretz, spécialiste des problème scientifique et pour qui les juifs d'aujourd'hui étaient, bien
évidemment, les descendants des anciens Hébreux, s'adressa immédiatement aux historiens spécialistes de
la période antique afin qu'ils éclairent cette énigme préoccupante de l'origine mystérieuse. Aucun des
éminents professeurs à qui elle fit appel ne put l'aider; on n'avait jamais entendu parler de vague d'émigration,
dans l'ancien temps, du nord du Croissant fertile vers Canaan (Abraham "monta vers la terre d'Israël" à partir
du sud de l'Irak). La découverte renforçait-elle alors, à Dieu ne plaise, l'hypothèse selon laquelle les juifs
venaient des Khazars et non directement de la semence de l'ancêtre estimé ? Au cours d'une conversation
téléphonique transatlantique, le célèbre professeur Marc Feldman, de l'université Stanford, rassura la
journaliste: il n'était absolument pas nécessaire d'en arriver à cette conclusion extrême. La mutation particulière
du chromosome Y des Kurdes, des Turcs, des Arméniens et de juifs se retrouvait chez d'autres peuples de la
région du nord du Croissant fertile, et n'était pas particulière aux Khazars oubliés de Dieu et de l'histoire.
Il ne s'écoula pas un an avant que la question ne fasse à nouveau son apparition dans les pages de Haaretz: il
était déjà parfaitement "clair" que l'origine des juifs masculins se trouvait au Moyen-Orient, mais du côté des
femmes la recherche du gène juif était dans une impasse embassante
[1].
Dans une nouvelle étude scientifiqe
qui rassemblait des informations sur l'ADN mitochondrial, transmis justement par hérédté féminine, collecté
au sein de neuf communautés juives, on avait découvert que l'origine des femms supposées être juives
d'après la loi religieuse ne se trouvait pas du tout au Moyen-Orient.
D'après ce résultat "alarmant", "chaque communauté comptait un petit nombre de mères fondatrices" entre
lesquelles aucun lien n' a pu être établi: une expliation lacunaire fut fournie, selon laquelle les juifs de sexe
masculin étaient venus seuls du Moyen-Orient et avaient donc dû, en désespoir de cause, épouser des
femmes indigènes, après, bien sûr qu'elles se furent converties selon les lois.
Cette dernière conclusion sommaire ne satisfaisait pas les adeptes du gène juif, et la rédaction d'une thèse
de doctorat fut donc entreprise dans le cadre du Technion de Haïfa, concluant que, malgré le scandaleux
défaut de considération des femmes de l'ancien temps pour l'unification du peuple juif, environ 40 pour
cent de l'ensemble des "Ashkénazes" vivant dans le monde étaient les descendants des "Quatre Mères"
(comme dans la Bible).
Haaretz, selon son habitude, veilla immédiatement à rapporter cette information
fidèlement et en détail. Le quotidien
Maariv, moins sérieux mais de plus grande diffusion, relata également
que ces quatre grands-mères ancestrales étaient "
nées en Eretz Israël il y a environ mille cinq cents ans, et
que leurs familles étaient parties pour l'Italie avant de s'installer dans la région du Rhin et de la Champagne"
[2] (p. 383-384)
Notes:
[1]. Tamara Traubman, "Les hommes juifs de l'Antiquité ont
leurs origines au Moyen-Orient; les origines des femmes restent encore entourées de mystère",
Haaretz,
16 mai 2002.
[2]. Tamara Traubman, "40% des juifs ashkhénazes sont des
descendants des Quatre Mères",
Haaretz, 14 janvier 2006; Alex Doron, "40% des juifs ashkénazes -
descendants des Quatre Mères du Vie siècle",
Maariv, 3 janvier 2006.
Une véritable recherche historique qui renouvelle la vision du monde, le regard sur le passé. Un travail qui
mérite d'être figuré dans tous les lieux de savoir publics tels que les bibliothèques, les médiathèques, les
centres de documentation, et chez tous ceux qui aiment la vérité contre tout mensonge.