K r i s h n a m u r t i
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Extraits de causeries et d'échanges avec Krishnamurti
Extraits de causeries et d'échanges avec Krishnamurti
Un petit panorama des thèmes abordés par Krishnamurti lors de ses causeries ou des
échanges avec ses interlocuteurs.
Ce choix qui est tout à fait arbitraire pour ne pas dire personnel ne repose sur aucun critère.
Il ne s'agit bien sûr que des extraits d'ouvrages dont les références sont indiquées en fin de chaque extrait.
QUESTION — Dans la Bhagavad Gîta, Krishna presse Arjuna d'entrer dans la bataille. Vous dites :
des moyens justes pour de justes fins. Êtes-vous opposé aux enseignements de Krishna?
KRISHNAMURTI — Certains d'entre vous ne connaissent peut-être pas ce livre : c'est le livre
sacré des Hindous, dans lequel Krishna, qui est supposé être la manifestation de Dieu, presse Arjuna, le
guerrier, d'entrer dans la bataille. Or, celui qui a posé cette question désire savoir si je suis opposé à cet
enseignement qui pousse Arjuna à combattre. Cet enseignement peut être interprété de plusieurs façons,
et chaque interprétation peut être l'objet d'un débat. Nous pouvons penser à diverses interprétations, mais je
ne veux pas me livrer à des spéculations futiles. Tâchons de penser-sentir sans le paralysant fardeau d'une
autorité spirituelle. C'est d'une importance primordiale pour comprendre le réel.
Accepter une autorité, surtout dans les questions qui concernent le penser est une absurdité totale.
L'acceptation de l'autorité est une entrave, un obstacle; l'adoration de l'autorité est l'adoration de soi. C'est
une forme de paresse, d'irréflexion, qui conduit à l'ignorance et à la douleur.
La plupart d'entre nous souhaitent un monde de paix et de fraternité, dans lequel il n'y aurait pas de place
pour la cruauté et la guerre, mais pour la bonté et la tolérance. Comment y arriverons-nous? Pour atteindre
des fins justes, il faut, certes, employer de justes moyens. Si vous voulez qu'il y ait de la tolérance, c'est vous
qui devez être tolérants, c'est vous qui devez écarter, en vous-mêmes, l'intolérance. Si vous voulez qu'il y ait
la paix, c'est vous qui devez employer des moyens justes pour cela, non de fausse méthodes de brutalité
et de violence. Cela n'est-il pas évident? Si vous voulez être l'ami de quelqu'un, vous devez lui témoigner
de la courtoisie et de la douceur; il ne faut pas de colère, pas de cause d'inimitié entre vous. Vous devez
donc employer des moyens justes pour créer des fins justes, car la fin est dans les moyens mêmes, elle
n'est pas séparée d'eux, elle n'est pas éloignée d'eux. Si vous voulez la paix en ce monde, vous devez
employer des méthodes pacifiques. Vous pouvez souhaiter des fins justes, mais elles ne seront pas
atteintes par de faux moyens. C'est un fait évident. Malheureusement, nous sommes emportés par l'autorité
de tout ce qu'on nous répète, par la propagande et l'ignorance. En elle-même la chose est simple et claire.
Si vous voulez un monde fraternel, unifié, il vous faut écarter les causes de ruptures : l'inimitié, la jalousie,
l'esprit d'acquisition, la nationalité, les différences raciales, l'orgueil et le reste. Mais très peu d'entre nous
sont désireux de se débarrasser de leur soif de puissance, de leur religion particulière, de leur mauvais
vouloir, que sais-je? Nous ne voulons pas abandonner tout cela et pourtant nous souhaitons la paix, un monde
sain et sans rivalités!
Vous ne pouvez établir la paix dans le monde, sinon par des moyens pacifiques. Il vous faut déraciner en
vous-mêmes les causes d'inimitié par des moyens justes et intelligents, en pensant juste. Ce penser est
cultivé par la connaissance de soi. Mais comme, pour la plupart, nous nous ignorons-nous-mêmes, et
comme notre penser-sentir n'est que contradiction intérieure, notre pensée n'a pas d'existence. Ainsi nous
sommes amenés, poussés et contraints à accepter. Les voies du moi se révèlent par la perception
constante de chaque pensée-sentiment et, en cette connaissance, naît le penser. Le penser juste créera
les moyens justes qui instaureront un monde sain et pacifique.
Notes :
[1].Conférences données à Ojai, 1944,
Extrait de 9e causerie, 9 juillet, pp. 98-100.
Crédits photos :
- Vignette 1 (coquelicot) : Collection personnelle.
- Vignette 2 (pirogue) : © Copyright Ba Han.
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