K r i s h n a m u r t i
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Extraits de causeries et d'échanges avec Krishnamurti
Extraits de causeries et d'échanges avec Krishnamurti
Un petit panorama des thèmes abordés par Krishnamurti lors de ses causeries ou des
échanges avec ses interlocuteurs.
Ce choix qui est tout à fait arbitraire pour ne pas dire personnel ne repose sur aucun critère.
Il ne s'agit bien sûr que des extraits d'ouvrages dont les références sont indiquées en fin de chaque extrait.
QUESTION — Pensez-vous un jour
revenir aux Maîtres occultes de la Société Théosophique?
KRISHNAMURTI — Comme celui qui me
pose cette question croit aux Maîtres et espère en eux, il désire me ramener dans sa bergerie; peut-être
pense-t-il que je reviendrai à sa croyance parce qu'il m'est arrivé une fois de la partager.
Examinons intelligemment cette croyance en des Maîtres, sans nous identifier à elle. Ce sera difficile pour
certains d'entre nous, car ils s'y sont bien laissés prendre, mais tâchons de penser-sentir ce problème aussi
largement et librement que nous le pourrons. Pourquoi avez-vous besoin de Maîtres, de ces êtres dont on
vous dit qu'ils sont vivants et avec lesquels vous n'avez pas de contact direct? Vous répondrez
probablement qu'ils agissent comme poteaux indicateurs de la réalité. Si ce sont des poteaux, pourquoi
vous arrêtez-vous pour les adorer? Pourquoi acceptez-vous des indicateurs, des médiateurs, des
messagers, des autorités intermédiaires? Pourquoi instituez-vous des organisations, des groupements
autour d'eux? Si vous cherchez la vérité, pourquoi tant vous inquiéter des Maîtres, pourquoi ces
organisations exclusives et ces secrets conclaves? N'est-ce pas parce qu'il est plus facile et plus
agréable de traînailler, d'adorer un autel sur le bord de la route, d'y trouver du réconfort, que de partir
pour le long voyage de recherche et de découverte? Personne ne peut vous conduire à la Vérité, ni les
Maîtres, ni les dieux, ni leurs messagers. Vous seuls devez peiner, chercher et découvrir.
Être directement en contact avec un instructeur, c'est déjà différent, bien que cela aussi comporte ses
dangers; mais avoir un soi-disant contact avec ceux qu'on ne connaît pas directement ou que l'on ne
connaît que par des représentants ou des messagers présumés, c'est favoriser la superstition, l'oppression
et créer de graves obstacles. L'adoration d'une autorité est la dénégation de la vérité. L'autorité nous
aveugle et détruit la floraison de l'intelligence; avec elle, l'arrogance et la stupidité augmentent, l'intolérance
et l'antagonisme croissent et multiplient.
Que peuvent dire les Maîtres de fondamental? Qu'il faut se connaître, cesser de haïr, être compatissant
et chercher la réalité. Tout autre enseignement n'aurait que peu d'importance. Personne ne peut vous
fournir une technique, une formule pour vous connaître. Si vous en aviez une et que vous l'employiez,
vous ne vous connaîtriez quand même pas; vous connaîtriez le résultat d'une formule, mais non
vous-mêmes. Pour cela, vous devez chercher et découvrir en vous-mêmes. Le résultat d'une technique,
d'une pratique, d'une habitude est stérile et mécanique. Personne ne vous aidera à comprendre, et sans
cette compréhension, il n'y a pas non plus celle de la réalité. Cette recherche de Maîtres vous est inspirée
par les désirs de ce monde, car une valeur supra-sensuelle est encore de ce monde. Elle est donc une
cause d'ignorance et de douleur.
Vous pourriez alors me demander : «Que faites-vous vous-même? N'êtes-vous pas un poteau indicateur? »
Si j'en suis un et si vous l'entourez et le couvrez de fleurs et construisez un sanctuaire avec les stupidités
qui accompagnent ce genre de chose, ce sera absurde et indigne d'adultes. Ce que nous essayons
de faire, c'est apprendre à cultiver le penser qui est la connaissance de soi. Le penser est le fondement
même du Suprême. Cette connaissance, personne ne peut vous la donner, mais c'est vous-mêmes
qui devez prendre conscience de vos pensées-sentiments. Car en vous sont le commencement et
la fin, la vie tout entière. Le Suprême doit être découvert, non formulé.
Pour lire les pages du passé, vous devez vous connaître tel que vous êtes dans le présent, car, par le
présent, le passé se révèle. Vous portez en vous la clé qui ouvre la porte de la réalité; personne ne peut
vous l'offrir, car elle est à vous. C'est par votre lucidité que vous pouvez ouvrir la porte; ce n'est que par
la lucidité envers vous-même que vous pouvez lire le riche volume de la connaissance de soi, car en lui
se trouvent les indices et le perspectives, les obstacles et les blocages qui retiennent et qui pourtant
conduisent à ce qui est sans durée, à l'Éternel.
Notes :
[2].Extrait de
Conférences données à Ojai, 1944. 4e causerie, 4 juin, pp. 45-47
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