K r i s h n a m u r t i
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Extraits de causeries et d'échanges avec Krishnamurti
Extraits de causeries et d'échanges avec Krishnamurti
Un petit panorama des thèmes abordés par Krishnamurti lors de ses causeries ou des
échanges avec ses interlocuteurs.
Ce choix qui est tout à fait arbitraire pour ne pas dire personnel ne repose sur aucun critère.
Il ne s'agit bien sûr que des extraits d'ouvrages dont les références sont indiquées en fin de chaque extrait.
QUESTION — Comme beaucoup d'Orientaux, vous paraissez ennemi de l'industrialisation,
pourquoi?
KRISHNAMURTI — Je ne sais pas si beaucoup d'Orientaux sont opposés à l'industrialisation et, s'ils
le sont, j'ignore leurs raisons; mais je crois avoir expliqué pourquoi je considère que le développement de
l'industrie n'est pas la solution de notre problème humain, qui comporte tant de peine et de souffrance.
L'industrialisme établit des valeurs concrètes, sur la base desquelles chacun veut posséder une salle de
bain plus grande et meilleure, une auto plus grande et meilleure, veut se distraire, veut s'amuser, etc. Les
valeurs extérieures et temporelles prennent le pas sur les valeurs éternelles. Le bonheur, la paix, sont
recherchés dans la possession de biens fabriqués manuellement ou cérébralement, dans l'attachement à
des objets ou à des connaissances encyclopédiques. Parcourez n'importe quelle grande rue et vous verrez
un magasin après l'autre vendre le même objet, mais avec des couleurs et des formes différentes;
d'innombrables revues, des milliers de livres. Nous voulons qu'on nous divertisse, qu'on nous amuse,
qu'on nous sorte de nous-mêmes, car nous sommes si misérables, si pauvres, si vides, si tristes. Et là
où il y a demande, il y a production, donc tyrannie de la machine. Nous nous imaginons que la seule
industrialisation peut résoudre notre problème économique et social. Le fait-elle? Pour un temps peut-être,
mais elle entraîne à sa suite des guerres, des révolutions, l'oppression, l'exploitation et apporte la soi-disant
civilisation — qui est tout ce qu'implique l'industrialisme — aux peuples arriérés.
L'industrialisation et la machine sont là, vous ne pouvez les ignorer; ils ne prennent leur juste place que
pour celui dont le bonheur ne dépend pas d'objets, mais qui développe ses richesses intérieures, les trésors
impérissables de la réalité. Sans ces trésors, l'industrialisation n'apporte que d'indicibles horreurs, mais si
elle les accompagne, elle a un sens. Ce problème ne concerne pas un pays seulement ou une race ;
sa solution est sur le plan humain. Si l'on ne fait pas contre-poids à la machine avec la compassion et le
détachement du monde, on n'obtiendra, par l'accroissement de la production d'objets, de connaissances
et de techniques, que des guerres plus vastes et mieux faites, des oppressions économiques, des zones
d'influence, des moyens plus subtils de décevoir, de désunir, de tyranniser.
Notes :
[1].Conférences données à Ojai, 1944,
Extrait de 6e causerie, 18 juin, pp. 64-65
Crédits photos :
- Vignette et panorama : Collection personnelle.
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